Pour les articles homonymes, voir Siège de Paris.
Date | – (4 mois et 9 jours) |
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Lieu | Paris, France |
Issue | Capitulation française |
Royaume de Prusse Grand-duché de Bade Royaume de Bavière Royaume de Wurtemberg, puis Empire allemand | République française |
Guillaume Ier d'Allemagne Helmuth von Moltke | Louis Jules Trochu Joseph Vinoy |
240 000 soldats | 200 000 soldats 200 000 miliciens et marins |
12 000 morts ou blessés | 24 000 morts ou blessés 146 000 capturés 47 000 civils |
Batailles
Coordonnées | ||
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Le siège de Paris est un épisode de la guerre franco-allemande de 1870. À partir du , la ville est rapidement encerclée par les troupes allemandes, que la résistance parisienne n'empêche pas de progresser au nord de la Loire durant l'automne 1870.
Avec la capitulation de Sedan, les armées prussiennes et leurs alliés déferlent sur le nord de la France et vont mettre le siège devant Paris. Dans la capitale, la nouvelle parvient dans l'après-midi du . Lors d'une séance de nuit de l'Assemblée, Jules Favre présente une motion prononçant la déchéance de Napoléon III. La décision est remise au lendemain. Le , la foule et la Garde nationale envahissent le palais Bourbon et réclament la déchéance de la dynastie. Alors que l'impératrice Eugénie et le comte de Palikao prennent le chemin de l'exil, Jules Favre entraîne les députés de tendance républicaine à l'hôtel de ville et instaure un gouvernement de la Défense nationale. Le général Trochu, gouverneur de Paris, en est porté à la présidence et donne la caution de l'armée au mouvement par lequel les républicains bourgeois prennent de court les révolutionnaires (les rouges).
Les proclamations officielles de Trochu et Favre vont dans le sens d'une résistance à outrance contre l'envahisseur. Le général Trochu a choisi de faire rentrer dans la capitale l'armée de 40 000 hommes de Vinoy sur des considérations peut-être plus politiques que militaires. Pendant les semaines qui suivent la proclamation de la République, les troupes prussiennes et leurs alliés continuent donc leur avancée sur le territoire sans grande opposition. Le gouvernement ayant choisi de rester dans Paris, une délégation est envoyée à Tours pour coordonner l'action en province sous les ordres d'Adolphe Crémieux, ministre de la Justice, accompagné par Glais-Bizoin et l'amiral Fourichon. Le , Adolphe Thiers est mandaté et envoyé en mission auprès des capitales européennes pour rechercher des appuis dans l'espoir, qui s’avérera vain, de peser sur les exigences prussiennes.
Depuis 1840, à l'initiative du gouvernement Thiers, Paris est une ville fortifiée, entourée de lignes de forts et de fortifications. Cet ensemble de fortifications est constitué d'un mur d'enceinte continu, percé de portes, et renforcé de 94 bastions, et d'un fossé. L'espace entre les anciens murs des Fermiers généraux et l'enceinte est peu peuplé, laissant encore des exploitations agricoles entre les villages inclus dans l'enceinte.
À l'extérieur, pour couvrir les approches, 15 forts sont construits :
Des ouvrages complémentaires (redoutes et fortins) avaient été construits pour assurer une ligne de défense externe continue, mais certains de ces ouvrages complémentaires n'étaient pas terminés. Parmi ceux-ci six redoutes avaient été armées rapidement dont celles de Gennevilliers au nord, et au sud celles de Créteil, du Moulin de Saquet et des Hautes-Bruyères.
L'enceinte même des fortifications de Paris, d'un périmètre de 34 km, est divisée en neuf secteurs commandés chacun par un officier supérieur ou général de la marine. Ces fortifications sont sans armement ni entretien en 1870, elles ne servent plus que de ligne d'octroi. Dès la déclaration de la guerre, mais surtout à partir de la mi-août, on répare et prépare les fortifications en urgence, plus de 3 000 canons lourds sont rapatriés (des arsenaux et des côtes atlantiques essentiellement). Après le , le gouvernement de la Défense nationale arme les fortifications avec tous les moyens disponibles. Dans Paris, des ateliers d'armements sont installés, comme dans le palais du Louvre par exemple. Il y avait six secteurs sur la rive droite et trois sur la rive gauche. Dans la zone militaire les maisons avaient été rasées, des barricades avaient été élevées, des casemates blindées avaient été creusées. L'armée assemblait dans ses ateliers de Meudon un canon moderne, le Modèle 67. Avec l'encerclement de la capitale, la production se poursuivit dans Paris intra muros, et l'on estime qu'environ 200 de ces pièces ont été finalement fabriquées. C'étaient des armes composites, faites de bronze, mais aussi de l'acier qu'on avait pu récupérer en refondant les essieux de locomotives. On les surnomma « canons Trochu. » Après la capitulation, les Allemands confisquèrent 33 de ces pièces, mais l'Armée de la Loire put en récupérer quelques-unes.
En , la défense de Paris est composée de 94 bastions, six forts sur la rive gauche, huit forts sur la rive droite ainsi que trois forts à Saint-Denis.
Côté français, la défense de Paris dispose de 220 000 hommes immédiatement disponibles[réf. nécessaire], mais de valeurs combatives très différentes.
D'un côté de vieux régiments d'une fermeté inébranlable ; 80 000 soldats[réf. nécessaire] (34e et 35e régiments d'infanterie de ligne du XIIIe corps commandé par le général Vinoy), de 14 000 marins canonniers[réf. nécessaire] sous les ordres du l'amiral La Roncière-Le Noury et 20 000 hommes[réf. nécessaire] des corps spéciaux (train, gendarmerie,, douaniers…).
Il y a également quelques corps francs ou groupes de francs-tireurs, recrutés dans des professions où l'usage des armes à feu était habituel, qui interviennent en avant de la ligne de forts comme les éclaireurs de la Seine et les éclaireurs de la Presse. C'est l'occasion pour de nombreux étrangers vivant à Paris de démontrer leur francophilie et de défendre leur ville de résidence : la Légion des Amis de la France est ainsi composée de plus de 300 étrangers, Belges, Suisses, Polonais, Anglais ou encore Tchèques.
D'un autre côté, la Garde nationale mobile, essentiellement levée dans les départements, comprend 100 000 hommes mal encadrés et peu exercés. Les effectifs des 266 bataillons de Garde nationale sédentaire atteindront jusqu'à 300 000 hommes hâtivement armés, parisiens (bourgeois et ouvriers) sans discipline, et élisant leurs propres officiers. Parmi ces unités, certaines sont incapables de supporter le feu, comme la division Caussade ou certains bataillons de la Garde nationale. D'autre part, un grand nombre de Gardes nationaux, par leur âge, par leurs habitudes professionnelles, leurs aptitudes physiques, étaient incapables de se plier rapidement aux exercices nécessaires à des troupes qui doivent tenir campagne.
Il y a au total en permanence plus de 400 000 hommes disponibles pour défendre Paris, mais moins d'un quart d'entre eux ont une formation militaire.
À partir du , les deux armées allemandes s'étaient installées solidement dans leurs cantonnements fortifiant plusieurs villages dont ils barricadaient les rues et crénelaient les maisons. Ces redoutes improvisées offraient toutefois des obstacles très sérieux car elles permirent aux troupes allemandes, à chaque attaque des assiégés, d'attendre les renforts grâce à des communications bien établies avec la pose instantanée du télégraphe militaire.
Le blocus fut établi par trois cordons de troupes, qui s'épaississait par une rapide concentration en cas de bataille. De cette façon, avec 160 000 à 180 000 soldats au maximum, le général Moltke, certain que le commandement français de Paris n'oserait pas risquer des attaques persistantes au même endroit, dans la crainte d'une capitulation en rase campagne, put encercler une ville de 2 000 000 d'habitants défendue par 400 000 hommes, dont 150 000 pouvaient agir au même endroit. Il poussa même l'audace, plusieurs fois, jusqu'à détacher au nord et à l'ouest des forces relativement considérables.
Au début du siège, les Allemands disposent de 150 000 hommes, mais ce chiffre progressera au fur et à mesure de la libération des troupes de siège (Metz, Toul, Strasbourg), pour atteindre 400 000 hommes. L'acheminement de l'artillerie lourde ne commence que fin novembre, une fois contrôlés les axes ferroviaires.
Bismarck et Moltke ont décidé d'éviter d'exposer leurs troupes dans un combat de rues. Ils comptent sur la lassitude et la faim pour obtenir la capitulation de Paris, et se contenteront donc de repousser toute tentative de percée. Dans un rayon de dix kilomètres autour de la capitale, les Allemands installent leurs cantonnements mais, prudemment, ne lancent pas l’attaque attendue par les Parisiens. Manipulés par les Prussiens et démoralisés par l’inaction, les Parisiens ne tentent que quelques sorties contre les Prussiens, qui se solderont par des échecs et de lourdes pertes humaines. Le commandement allemand s'est installé à Versailles.
À aucun moment la défaite des armées françaises n'avait été imaginée. C'est donc dans la précipitation que la ville de Paris est mise en défense.
Au moment où le siège de Paris semble inéluctable, le gouvernement engage un immense effort de travaux de défense qui doit faire, en quelques semaines, d'une ville jugée hors d'état de se défendre, une place véritablement imprenable. Le génie militaire, l'artillerie, et le ministère des Travaux publics, auxiliaire du génie et de l'artillerie, y ont concouru.
L'enceinte continue est divisée en neuf secteurs, avec un certain nombre de fortifications qui ne sont pas terminées, comme sur les hauteurs de Montretout et de Châtillon, puis abandonnées par les troupes en place. Ces abandons allaient coûter cher aux Français. En effet, c'est sur le plateau de Châtillon que les Prussiens installeront leur artillerie lourde qui foudroiera les forts et la capitale.
Afin de contrarier autant que possible la marche des Prussiens sur Paris, huit régiments de cavalerie, commandés par les généraux Gustave Coste de Champéron et Jean-Henry Reyau, sont dirigés sur Meaux avec ordre de harceler l'ennemi.
Alors que Jules Favre a demandé une entrevue avec Otto von Bismarck, entrevue qui se déroule les 19 et à Ferrières, Ducrot convainc un Trochu sceptique de reprendre la redoute de Châtillon aux Prussiens. Les moyens engagés sont insuffisants, et Ducrot doit se replier dans l'après-midi du 19 sur l'ordre formel de Trochu. Ce double événement montre déjà un probable double-jeu de la part du gouvernement.
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Coupée du reste du pays, la capitale subit rapidement la rigueur exceptionnelle d’un hiver (pointes à −12 °C en décembre) tandis que les bombardements allemands aggravent la situation à partir de .
Le rationnement des denrées est organisé avec retard, les queues s’allongent devant les commerces de bouche littéralement pris d’assaut. Celui de la viande, consommée presque quotidiennement à cette époque par les Parisiens, est organisé à partir du début du mois d’octobre. Les prix de la viande, des conserves, du pain et des denrées alimentaires flambent. Les boulangers vendent un pain noir de composition inconnue. La bourgeoisie commence à abattre des chevaux, que les pauvres avaient été jusque-là les seuls à consommer. On mange même du chat, du chien, des rats. Dans la frange aisée de la population (particuliers ou restaurants de luxe), on servira de l’antilope, du chameau, du loup, de la girafe, du kangourou, de l’éléphant quand les animaux du Jardin des plantes seront sacrifiés,. Un interne des Hôpitaux de Paris écrit le : « J'ai mangé de tout, cheval, mulet, chat, chien, rat et j'ai trouvé le tout très bon. Je me promets (…) de vous faire manger des salmis de rats d'eau excellents… ». Le c'est le tour de Castor et Pollux, les deux éléphants du Jardin des Plantes connus de la plupart des Parisiens, d'être abattus, et les bouchers vendent de la trompe d'éléphant de premier choix à 40 francs la livre,. Il en ira de même avec les animaux du Jardin d'acclimatation.
Dans Choses vues, le , Victor Hugo note : « Ce n’est même plus du cheval que nous mangeons. C’est peut-être du chien ? C’est peut-être du rat ? Je commence à avoir des maux d’estomac. Nous mangeons de l’inconnu. » Le suivant, il constate : « J’émiette aux poules notre pain noir. Elles n’en veulent pas ».
Les habitants sont privés de bois et charbon, et sans gaz, les rues sont plongées dans l'obscurité dès la tombée de la nuit.
Ces privations affectent surtout les classes populaires, déjà réduites à la misère par l’arrêt des activités économiques. Le taux de mortalité double en quelques mois (notamment à la suite des affections pulmonaires dues au froid et à la malnutrition), mais il n'y aura pas de véritables épidémies ; les cas de choléra resteront rares.
Les clubs révolutionnaires se multiplient où l’on débat de la patrie en danger et où l’on fait revivre le souvenir de 1789-1793. Le et le de grandes manifestations éclatent demandant la Commune et la sortie en masse. Ces manifestations sont réprimées.
Pour les communications entre Paris et la province, on a eu recours à divers systèmes :
Après la signature et le cessez-le-feu qui interviennent le à 20 h 40, les préliminaires de paix se poursuivent en février. Les armées allemandes obtiendront de Thiers une occupation symbolique des Champs-Élysées du au . L'Assemblée nationale s'installe à Versailles pour éviter la pression de la Garde mobile parisienne en état de quasi-insurrection. Enfin, la journée du entraîne l'instauration de la Commune de Paris et le second siège mené par les armées régulières contre les insurgés.
En , Victor Hugo aura ce mot : « Paris a été victime de la défense autant que de l'attaque ».
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