Jakow Trachtenberg (en russe : Яков Трахтенберг ; né le 17 juin 1888 à Odessa et mort à Zurich en 1951), ingénieur Juif russo-suisse et inventeur de la méthode de calcul mental Trachtenberg, élaborée lors de son long séjour dans plusieurs camps de concentration nazis mais aussi pacifiste, éditeur, mathématicien et enseignant
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Nationalité | Russe, apatride, Suisse |
Formation | Institut des mines de Saint-Pétersbourg (d) |
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Il est né à Odessa, à l’époque ville faisant partie de l’empire russe et aujourd’hui située en Ukraine, au sein de la communauté juive qui était alors le plus grand groupe religieux de la région mais aussi le deuxième de tout l’empire russe.
Son nom ashkénaze vient du yiddish « trakhtn » qui veut dire penser ou de l’allemand « tracht » qui signifie costume et « berg » qui signifie colline ou montagne.
Il fit de brillantes études d’ingénieurcouronnées par le diplôme avec mention de l’Institut des Mines de Saint Petersbourg. Embauché juste après ses études dans l’usine Obukhov, il progressa rapidement jusqu’à en devenir l’ingénieur en chef en 1912, ayant 11 000 ouvriers sous ses ordres au début de la guerre en 1914, dans le but de créer une marine puissante. Bien qu’à la tête des chantiers navals Obukhov, Trachtenberg était pacifiste. Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, il fut l’un des initiateurs de la création de la Société des Bons Samaritains qui formait les étudiants russes aux soins des blessés de guerre - un travail qui reçut une reconnaissance spéciale du tsar.
Juste après la révolution de 1917, en février 1918, la Direction fut démise de ses fonctions et remplacée par un comité, puis l’usine fut inactive pendant 3 ans. Jakow Trachtenberg se retrouve au chômage. Il fonde alors un mouvement pour aider les personnes en difficulté, les Volontaires de l’Entraide.
Jakow Trachtenberg accusé de complicité avec le régime tsariste fuit ensuite les soviétiques pour gagner Berlin, déguisé en fermier, via les États baltes.
Arrivé à Berlin, en juin 1919, Il travailla un temps à Siemens AG. Rapidement, il fréquenta le milieu des émigrés russes et apprit l’Allemand. Il fonda une société d’édition et il écrit lui-même de nombreux livres dont :
Grâce à sa société d’édition et son carnet d’adresses auprès des exilés russes, il rencontra entre autres Vladimir Nabokov qu’il fit travailler dans une de ses publications ( Lehrbuch der Russischen Sprache in der neuen Orthographie zum Selbstunterricht verfaßt : Manuel de la langue russe dans la nouvelle orthographe écrite pour l'auto-éducation) et Alice von Bredow qui devint son épouse. Dans, la préface de ce livre il écrira : Jakow Trachtenberg exprime également sa gratitude à « la chanteuse de concert » Miss Alice Bredow pour ses « précieux conseils en matière phonétique » mais sans jamais citer Vladimir Nabokov. Alice von Bredow était la fille d’Albert Bredow (en russe Альберт Бредов), (23 avril 1828 - 5 mai 1899 à Moscou) peintre paysagiste, lithographe et scénographe qui officia à la cour du tsar. Alice Bredow, sa fille, parlait donc parfaitement allemand et russe. Elle donnait régulièrement des concerts de piano tant à Berlin que d’autres villes en Allemagne de 1918 à 1924. Elle faisait partie de l’aristocratie et était reconnue comme une très belle femme. Jakow Trachtenberg épousa Alice Bredow qui partageait la même vision de la Russie blanche, le rejet du communisme et la défense de la paix.
Cependant, Trachtenberg réalisa bientôt la nature criminelle du régime nazi et commença à le critiquer.
La réputation de Trachtenberg était telle qu'Hitler d'abord choisit d'ignorer ses attaques. Mais lorsque les accusations de Trachtenberg furent devenues plus acerbes, Hitler l’inscrivit sur la liste pour l’oubli.
En 1934, sachant que s'il restait en Allemagne il serait liquidé, Trachtenberg s'enfuit une fois de plus pour sauver sa vie. Accompagné de sa femme, il gagnât Vienneoù il devint rédacteur en chef d'un périodique scientifique international et créa une nouvelle société d’édition où il publia entre autres :
Mais partout dans le monde la paix se mourait. Les Allemands annexèrent l’Autriche (Anschluss(12 mars 1938)). Le nom de Trachtenberg était en tête de la liste des personnes les plus recherchées par Hitler. Il fut arrêté et jeté en prison.
Il réussit à s'échapper en Yougoslavie où lui et sa femme, la comtesse Alice Bredow, se cachaient se sentant traqués. Mais sa liberté fut brève et il fut arrêté par la Gestapo. Il fut ensuite expédié dans un wagon à bestiaux vers un camp de concentration, réputé pour sa brutalité. Pour garder sa santé mentale, Trachtenberg se réfugiât dans un monde à lui, un monde de logique et d'ordre. Alors que son corps devenait chaque jour plus émacié et que tout autour de lui n'était que mort et destruction, son esprit refusait d'accepter la défaite et suivait les chemins de nombres. Sans livre, ni papier, ni stylo, ni crayon. Son esprit était occupé, arrangeant et réarrangeantes nombres, et trouvant de nouvelles façons de les manipuler.
Il visualisa des séries de nombres à additionner et il se fixa de les totaliser avec une méthode infaillible qui permettrait sans faire d'erreur d’aboutir au résultat en comptant les sommes partielles qui atteignaient onze.
Au cours de ses longues années dans l'enfer des camps de concentration, il consacrait chaque instant libre pour simplifier les calculs mathématiques, concevant des raccourcis pour tout, multiplications, divisions, carrés, racines carrées…
Faute de papier, il griffonnait ses théories sur des bouts de papier d'emballage, de vieilles enveloppes, au verso de feuilles de travail allemandes soigneusement conservées. Parce que même ces bouts de papier étaient rares, il travaillait surtout dans sa tête, n'inscrivant que les théories finies.
Aujourd'hui, ceux qui utilisent la méthode Trachtenberg la trouvent si facile que tous les problèmes peuvent être résolus de tête et que seules les réponses peuvent être écrites.
Peu de temps après Pâques en 1944, Trachtenberg apprit qu'il allait être exécuté. Trachtenberg a fait face au fait, puis s'est perdu dans son propre monde. Calmement, il continua à travailler se sentant obligé de terminer son système.
Madame Trachtenberg, qui ne s'était jamais éloignée du camp de concentration, apprit la condamnation à mort. Se séparant du dernier de ses bijoux et de son argent, elle soudoya ses gardiens et réussit à le faire transférer subrepticement dans un autre camp juste avant que la peine ne soit exécutée.
Il fut envoyé à Leipzig qui avait été lourdement bombardé et tout était dans un état de chaos. Il n'y avait ni nourriture, ni chauffage. Dans sa caserne lugubre, les rangées montantes de couchettes dures étaient si encombrées qu'il était impossible de s'allonger. Souvent, les morts gisaient pendant des jours, les détenus trop faibles pour creuser des tombes et les gardes trop paniqués pour faire respecter les ordres.
Dans la confusion, un homme déterminé, prêt à risquer sa vie, pouvait s'échapper vers la liberté. Trachtenberg saisit l'occasion et rampa à travers les doubles clôtures de fil de fer barbelé en pleine nuit. Il rejoignit sa femme, qui avait consacré tout son temps, sa force et son argent à essayer de l'aider. Mais Trachtenberg n'avait ni passeport, ni papiers d'aucune sorte. C'était un citoyen apatride, susceptible d'être arrêté.
Une fois de plus, il fut arrêté. Un haut fonctionnaire, qui connaissait le travail de Trachtenberg, l'envoya dans un camp de travail de la zone de Trieste, qui était alors sous direction allemande (Operationszone Adriatisches Küstenland - OZAK). Elle avait son siège à Trieste et elle couvrait une zone allant de l’Istrie à Ljubljana Elle fut créée le 10 septembre 1943, par Adolf Hitler, en réponse à la capitulation italienne (8 septembre 1943). Elle était dirigée par un des pires nazis Odilo Globocnik A l’origine de la prison de la Risiera di San Sabba, le seul camp SS jamais installé sur le sol italien qui fut équipée d’une chambre à gaz, Globocnik l’utilisait pour y « traiter » les juifs, les résistants, les déserteurs… Dans toutes ses attributions, Globocnik devait également contribuer aux travaux de fortification de la ligne de défense du « Sonderauftrag Pöll » en garantissant la sécurité et l’approvisionnement de la main-d’œuvre. Globocnik fut chargé de cette activité au cours de la seconde moitié de 1944. Cette zone étant la partie orientale du Vallo Alpino ou mur des Alpes, dernière ligne de défense au nord de l’Italie.
En dehors, de la Riviera di San Sabba, il existait de nombreux camps de travail, comme le long de la route entre Trieste et Fiume qui était parsemée de nombreux camps de travail nécessaires à la construction de fortifications et de retranchements. ou bien encore à Görtz ou Monte Santo. (R. Spazzali) Le personnel était guère volontaire, Des arrestations étaient faites dans la rue. Les gens qui passaient étaient chargés sur les camions à moteur et amenés dans ces camps de travail… Même les camps des habitants locaux étaient surveillés.
La période où Jakow Trachtenberg arriva était instable et dangereuse dans une zone contrôlée par les Allemands où les pires exactions étaient commises. Son activité consistait à briser des roches, mais le temps était plus doux et les gardes moins durs. Régulièrement, Madame Trachtenberg soudoyait des gardes pour qu'ils transmettent des messages à son mari et une évasion fut organisée. Par une nuit sans étoiles au début de 1945, Trachtenberg escalada une clôture puis rampa dans les hautes herbes sous le feu des gardes postés dans les miradors. C'était sa dernière évasion. Madame Trachtenberg l'attendait à l'endroit désigné.
Cependant, hors de la zone OAZAK, en Italie, la situation était bien meilleure car les Allemands étaient en déroute sauf la zone de défense au nord, au niveau des Alpes. La circulation vers la Suisse ne présentait alors plus grand risque sauf qu’il fallait franchir les Alpes. Jakow et Alice Trachtenberg purent enfin arriver en Suisse.
Ils firent route ensemble pour gagner la Suisse où ils arrivèrent le 25 avril 1945 et s'installèrent à Zurich Gladbachstrasse 59.
Il récupéra ses forces dans un camp pour réfugiés, ses cheveux étaient devenus blancs. Il améliora sa méthode de calcul et se tourna vers l’apprentissage de sa méthode auprès d’enfants, choisissant ceux qui a priori avaient le moins de chance de réussir. Le succès fut immédiat et les enfants furent surpris de leurs capacités nouvelles. Il fit une demande d'asile (IB SFH-Archiv / 1512) avec son épouse Trachtenberg Alice née le 19 février1895 apatride et anciennement allemande qui fut acceptée le 5 novembre 1947. Dans le dossier, Jakow Trachtenberg se déclarait de religion évangéliste, anciennement russe puis apatride.
En 1950, Trachtenberg fonda l'«institut für ausbildung von rechenphanomenen» ( l’ Institut pour l'enseignement des phénomènes informatiques) pour renforcer le développement de sa méthode de calculs, et il publia un livre dédié (Jakow Trachtenberg, Hochstrasse 36, Zürich).
Il mourut à Zurich, vraisemblablement, en 1951, car Jakow Trachtenberg publia un dernier brevet(date de dépôt de brevet 30 novembre 1950) et qu'Alice Bredow publia un unique brevet le 16 octobre 1952 en tant que veuve. Par ailleurs, Jakow Trachtenberg habitait avec son épouse au 36 Hochstrasse où il fut répertorié en 1950, 1951 mais plus en 1952. Quant à son épouse Alice Trachtenberg elle parut dans les répertoires jusqu’en 1961.
C’est après sa mort que le développement de sa méthode connut un grand succès à partir du livre « The Trachtenberg Speed System of Basic Mathematics » traduit et adapté par Ann Cutler et Rudolph McShane en 1960 dans les pays anglo-saxons dans un premier temps.
La puissance de la méthode Trachtenberg a été exprimée dans le film Mary (2017) où une écolière étonne son institutrice en faisant des calculs de plus en plus complexes.
La Deutsche National Bibliothek conserve de très nombreux documents de Jakow Trachtenberg édités par ses maisons d'édition de Berlin, Wien ou Zürich — (de) Jakow Trachtenberg, « liste des documents de Jakow Trachtenberg accessibles à la Deutsche National Bibliothek » — dont :
L'assassinat de l'ambassadeur d'Allemagne à Moscou)
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