Un produit rodenticide (du latin rodere, « ronger ») ou raticide est une substance active ou une préparation ayant la propriété de tuer des rongeurs.
Les rodenticides sont des biocides classés parmi les méthodes chimiques et létales par rapport au piégeage (non létal) de lutte contre les rongeurs.
Autrefois à base de trioxyde d'arsenic ou de thallium, ils sont aujourd’hui le plus souvent composés d’anticoagulants. Au sein de la catégorie des rodenticides chimiques, les anticoagulants sont les plus pratiques et les plus utilisés, car ne présentant pas d'aversion alimentaire, et semble-t-il peu d'« aversion gustative conditionnée » de la part des rongeurs (mais de telles aversions sont possibles, et démontrées en laboratoires pour certains anticoagulants absorbés à dose non létale par le rat brun), et parce qu'il existe un antidote en cas d'empoisonnement humain ou d'animaux domestiques (chiens, chats) à la suite de la consommation accidentelle de grains, d'appâts, ou d'animaux empoisonnés. Mais des souches résistantes de rats et de souris semblent de plus en plus nombreuses.
Les rodenticides sont utilisés dans l'environnement domestique, agricole (élevages, granges, etc.), en milieu rural et dans l'industrie agroalimentaire ; Ils servent à contrôler ou éliminer des populations de souris, surmulots, ragondins, campagnols et par extension taupes (qui ne sont pas des rongeurs mais des insectivores).
Pour le grand public, ils sont ou ont été commercialisés sous plusieurs formes :
Dans la plupart des pays dont France, Belgique, Canada, Suisse, les raticides fumigants (pour fumigations des galeries creusées par les rongeurs) ne peuvent être achetés et utilisés que par des entreprises agréées.
Parfois de l'eau empoisonnée remplace les appâts (il convient alors de l'exposer aux rongeurs sans que d'autres petits animaux, les animaux domestiques, le bétail, les volailles ou les enfants puissent y avoir accès).
Les molécules actives rodenticides sont issues de familles chimiques très diverses, dont :
Autrefois utilisé, il est aujourd'hui interdit (non biodégradable, non dégradable et toxique pour tous les animaux). Il l'a notamment été sous forme de vert de Paris ou vert de Schweinfurt (ancienne dénomination commerciale de l'acéto-arsénite de cuivre, ou "Pigment vert CI 21", très toxique).
La chloropicrine a autrefois été très utilisée contre le rat, mais avec un danger pour l'applicateur lui-même. C'est un gaz de combat utilisé lors de la Première Guerre mondiale qui induit une mort par œdème pulmonaire aigu. Ces produits sont aujourd'hui interdits.
Ce sont les molécules qui sont et qui ont été les plus utilisées comme raticides et souricides (depuis les années 1950-1960). Avant cela, elles commençaient déjà à être utilisées comme médicament à usage humain pour empêcher le sang des blessures de coaguler, après certaines opérations chirurgicales ou dans le traitement de quelques maladies. Cet usage comme médicament les a fait mieux connaitre et maîtriser, préparant leur utilisation comme rodenticide.
Les anticoagulants utilisés pour tuer les rongeurs sont des dérivés de la 4-hydroxycoumarine (warfarine, appelée coumaphène en France, coumachlore, coumatétralyle, bromadiolone, difénacoum (de)…) et de l'indane-1,3-dione (chlorophacinone, diphacinone, pindone (de)…) qui sont des « antivitamines K » auxquels les rongeurs sont particulièrement sensibles en raison d'un faible volume sanguin et d'un rythme cardiaque élevé. La mort survient par anémie aiguë, provoquée par les hémorragies accidentelles survenant quelques jours à deux semaines après l'ingestion. L'antidote est la vitamine K1 (ou K3, mais qui agit moins vite et nécessite une dose un peu plus élevée). Ce type de rodenticide est un poison d'accumulation présenté en mélange avec un appât et il est nécessaire que le rongeur consomme plusieurs doses durant plusieurs jours. La mort survient habituellement 3 à 10 jours après la première prise. Ces produits sont notamment utilisés dans le cadre de campagnes de dératisation.
Les anticoagulants dits « de seconde génération » (difénacoum, bromadiolone, brodifacoum et flocoumafen) ont eux un effet plus persistant (plusieurs mois, même après une seule prise alimentaire) ; ainsi un enfant ayant accidentellement ingéré un anticoagulant de seconde génération a dû être traité durant sept mois. Et un adulte ayant fait une tentative de suicide avec un anticoagulant de seconde génération a eu besoin de huit mois de traitement à la vitamine K.
Ce sont des neurotoxiques (alpha-chloralose, crimidine, strychnine) qui entraînent rapidement la mort après un coma ou des spasmes musculaires.
Pas d'antidote ; traitement symptomatique : anti-convulsivants et ventilation. Ces produits sont aujourd'hui interdits.
La strychnine ayant un effet stimulant, de la mort-aux-rats a pu être utilisée comme produit dopant, par exemple lors du marathon aux Jeux olympiques de 1904.
Les glucosides cardiaques (scilliroside) provoquent la mort par arrêt cardiaque.
Pas d'antidote ; traitement classique de l'intoxication digitalique.
Par exemple calciférol, cholécalciférol ; souvent associés au coumaphène.
La dératisation durable est une combinaison entre des technologies innovantes et la connaissance de la vie et du comportement du rongeur en surface et dans les canalisations. La lutte se fait sans effets négatifs sur l’environnement mais aussi avec les plus hautes préoccupations éthiques possibles envers les animaux. Cette méthode s'appuie sur des solutions à long terme et durables respectueuse de l'environnement telles que les méthodes mécaniques et électroniques sans usage de produits biocides.
Généralement plusieurs techniques de luttes doivent être combinées au sein d'une stratégie réfléchie de lutte,,,, en s'appuyant sur des bases écologiques et notamment sur une bonne connaissance de l'écologie des populations des espèces « nuisibles » qu'on cherche à contrôler.
L'association de deux molécules ayant un mécanisme de toxicité différent peut être source de synergies toxiques.
De même, une molécule biocide raticide peut être potentialisée par une autre molécule (non toxique seule). Par exemple la warfarine est potentialisée (c'est-à-dire que son effet sera multiplié) par le triméthoprime-sulfaméthoxazole (fait découvert par hasard chez l'homme, à l'occasion de problèmes induits par une association médicamenteuse).
Chez l'humain adulte, la prise accidentelle de produits rodenticides à base d'anticoagulants n'entraîne généralement pas - à moins d'absorption massive - de troubles de la coagulation, ni d'hémorragie. Chez l'enfant, des hémorragies graves peuvent survenir.
Ces produits agissent en abaissant le taux de prothrombine dans le sang, nécessaire à la formation du caillot sanguin, entraînant ainsi des hémorragies internes. Les symptômes apparaissent après quelques jours pour une dose élevée, après quelques semaines pour des prises répétées : sang dans les urines, saignement de nez, hémorragie gingivale, sang dans les selles, anémie, faiblesse. La mort peut survenir dans les 5 à 7 jours qui suivent.
Les anticoagulants sont toxiques à faible dose (ils sont dosés 0,005 % à 0,0025 % de l'appât raticide en général, selon les molécules utilisées), comme les autres rodenticides, ils doivent être utilisés avec précaution, et les appâts non consommés doivent être éliminés avec précaution conformément aux notices et à la réglementation, de même que les cadavres d'animaux empoisonnés quand ils sont retrouvés. D'autres espèces que des rongeurs peuvent accidentellement être empoisonnées, dont des ruminants (les jeunes y étant plus sensibles).
En France, des agents d'amertume sont obligatoires (y compris pour les blocs paraffinés), à des doses réglementées pour les produits destinés à être utilisés dans les jardins, afin que les enfants ne les mangent pas.
Ils sont surtout liés aux risques suivants :
À titre d'exemple, le difénacoum est considéré (2012) par l'Europe comme « un rodenticide anticoagulant qui présente des risques notoires d’accident pour les enfants, ainsi que des risques pour les animaux et l’environnement. Il a été répertorié en tant que substance potentiellement persistante, susceptible de bioaccumulation et toxique (PBT), ou très persistante et très bioaccumulable (vPvB) ». De plus, une « résistance au difénacoum a été constatée chez les rats et semble se développer dans le pays » (Allemagne).
Apparue dès les années 1960, cette résistance peut combiner deux aspects, héréditaire (génétique) liée à une pression de sélection face à un usage très ou trop général de raticides, et/ou une résistance acquise comportementale (l'animal évite l’appât) et/ou physiologique. Cette résistance est à rapprocher des phénomènes d'antibiorésistance et de maladies nosocomiales observées dans les contextes où des microbes sont constamment exposés aux antibiotiques (de même pour certaines résistances d'insectes aux insecticides).
Une résistance généralisée serait catastrophique pour la sécurité agroalimentaire (5 à 15 % des récoltes céréalières mondiales sont encore pillées ou souillées par des rongeurs, par les rats surtout, à raison de 20 millions de t/an) et une résistance génétiquement acquise risque de conduire les dératiseurs à l'utilisation de poisons encore plus dangereux, sans garanties que de nouvelles résistances ne puissent apparaitre.
Par ordre alphabétique (certains de ces produits peuvent être interdits pour certains usages ou dans certains pays) :
On trouve aussi dans certains pays des poisons violents (dose unique) :
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