Pour les articles homonymes, voir Juif errant (homonymie).
Le Juif errant est un personnage légendaire dont les origines remontent à l'Europe médiévale et qui ne peut pas perdre la vie, car il a perdu la mort : il erre donc dans le monde entier et apparaît de temps en temps.
Au début du XIIIe siècle, les moines bénédictins anglais Roger de Wendover et Matthieu Pâris relatent l'histoire d'une visite au monastère de Saint-Alban, où un personnage est assimilé au juif Cartaphilus. La légende devient populaire en Europe à partir du XVIe siècle et le Juif errant reçoit le prénom de Ahasvérus. Il inspire bon nombre d'écrivains.
Le mythe du Juif errant est absent des évangiles synoptiques. Il trouve une de ses origines dans un passage de l'évangile selon Jean (Jean 21, 22-23) où Jésus dit à son sujet : « Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe ? », et où Jean, tel le prophète Élie, semble épargné par la mort.
De cette idée qu'un témoin de la Passion survivrait jusqu'au retour du Christ naquirent de nombreux contes populaires.
Les premières traces écrites de ce mythe datent du début du XIIIe siècle : deux récits similaires figurent dans une chronique latine de Bologne et dans les Flores Historiarum du moine bénédictin anglais Roger de Wendover.
Au XIIIe siècle, le Juif errant est un ancien portier de Ponce Pilate. C'est un homme pieux, triste et converti au christianisme, qui attend en Arménie le retour du Christ, et qui témoigne de la Passion qu'il a vue.
Au XVIe siècle, le mythe du Juif errant se voit immortalisé dans un opuscule allemand à travers le personnage d'un simple cordonnier juif, nommé Ahasvérus, qui prétend avoir assisté à la crucifixion du Christ.
Ce récit connaît un succès populaire foudroyant.
Au XVIIe siècle, Savinien de Cyrano de Bergerac en fait mention dans la bouche d'un sorcier qui prétend entre autres, être le Juif Errant et le diable Vauvert ('Oeuvres Comiques Galantes et Littéraires').
Au XIXe siècle, le mythe du Juif errant est relayé par les hommes de lettres. De nombreux ouvrages écrits dans de nombreuses langues font ainsi référence à ce personnage. C'est ainsi que la littérature trouve dans ce mythe intemporel une figure récurrente que l'usage populaire a rendu accessible à tous.
Chateaubriand, dans ses Mémoires, cite la Ballade du Juif errant, grande poésie populaire qui nous narre ses aventures. On apprend ainsi que le Juif errant aurait fait une étape à Bruxelles en Brabant.
Le thème du Juif errant est très actif dans la production littéraire et savante (historienne) autour de l’époque de la monarchie de Juillet, comme en témoignent parmi d’autres les études d’Edgar Quinet, depuis son premier écrit publié, les Tablettes du Juif errant (1823), jusqu’à Ahasverus (cf. infra).
Le roman-feuilleton d’Eugène Sue, Le Juif errant, connaît l’un des plus grands succès publics du XIXe siècle. Le titre est cependant trompeur, puisque ce roman n’est pas véritablement axé sur ce personnage. En effet, il raconte les intrigues menées par les jésuites pour s’emparer du fabuleux héritage d’un protestant que la Compagnie avait acculé au suicide. Face à eux, le Juif errant et son homologue féminin, Hérodiade, s’efforcent d’être les anges gardiens des héritiers, qui sont en outre leurs derniers descendants.
Mais Sue exploite surtout l’idée de la malédiction qui accompagne le Juif errant en faisant coïncider son arrivée à Paris avec l’épidémie de choléra d’avril 1832 qui a fait plus de douze mille victimes – on ignorait alors presque tout sur cette maladie et son mode de propagation. La violente dénonciation de la Compagnie de Jésus fait suite à l’ouvrage de Jules Michelet et Edgar Quinet, Des jésuites (1843). Le roman de Sue est — entre autres — un réquisitoire contre le fanatisme et l’intolérance religieuse, et se termine sur la fin des souffrances du Juif errant et d’Hérodiade.
Dans sa nouvelle Le Passant de Prague — tirée du recueil de nouvelles L'Hérésiarque et Cie — Guillaume Apollinaire met en scène le Juif errant que le narrateur rencontre à Prague en et qui se fait appeler Laquedem. Buvant dans les tavernes et jouissant des prostituées, il est satisfait de son sort d'immortel : « Des remords ? Pourquoi ? Gardez la paix de l'âme et soyez méchant. Les bons vous en sauront gré. Le Christ ! je l'ai bafoué. Il m'a fait surhumain. Adieu !… »
Apollinaire cite un grand nombre d'allusions littéraires sur son personnage :
« La complainte que l'on chanta après ma visite à Bruxelles me nomme Isaac Laquedem, d'après Philippe Mouskes, qui, en 1243, mit en rimes flamandes mon histoire. Le chroniqueur anglais Mathieu de Paris, qui la tenait du patriarche arménien, l'avait déjà racontée. Depuis, les poètes et les chroniqueurs ont souvent rapporté mes passages, sous le nom d'Ahasver, Ahasvérus ou Ahasvère, dans telles ou telles villes. Les Italiens me nomment Buttadio – en latin Buttadeus ; – les Bretons, Boudedeo ; les Espagnols, Juan Espéra-en-Dios. Je préfère le nom d'Isaac Laquedem, sous lequel on m'a vu souvent en Hollande. Des auteurs prétendent que j'étais portier chez Ponce-Pilate, et que mon nom était Karthaphilos. D'autres ne voient en moi qu'un savetier, et la ville de Berne s'honore de conserver une paire de bottes qu'on prétend faites par moi et que j'y aurais laissées après mon passage. Mais je ne dirai rien sur mon identité, sinon que Jésus m'ordonna de marcher jusqu'à son retour. Je n'ai pas lu les œuvres que j'ai inspirées, mais j'en connais le nom des auteurs. Ce sont : Goethe, Schubart, Schlegel, Schreiber, von Schenck, Pfizer, W. Müller, Lenau, Zedlitz, Mosens, Kohler, Klingemann, Levin Schüking, Andersen, Heller, Herrig, Hamerling, Robert Giseke, Carmen Sylva, Hellig, Neubaur, Paulus Cassel, Edgar Quinet, Eugène Suë, Gaston Paris, Jean Richepin, Jules Jouy, l'Anglais Conway, les Pragois Max Haushofer et Suchomel. Il est juste d'ajouter que tous ces auteurs se sont aidés du petit livre de colportage qui, paru à Leyde en 1602, fut aussitôt traduit en latin, français et hollandais, et fut rajeuni et augmenté par Simrock dans ses livres populaires allemands. »
This article uses material from the Wikipedia Français article Juif errant, which is released under the Creative Commons Attribution-ShareAlike 3.0 license ("CC BY-SA 3.0"); additional terms may apply (view authors). Le contenu est disponible sous licence CC BY-SA 4.0 sauf mention contraire. Images, videos and audio are available under their respective licenses.
®Wikipedia is a registered trademark of the Wiki Foundation, Inc. Wiki Français (DUHOCTRUNGQUOC.VN) is an independent company and has no affiliation with Wiki Foundation.