Pour les autres membres de la famille, voir Famille Jouvenel des Ursins.
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Nom officiel | Édouard Bertrand de Jouvenel des Ursins |
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Mère | Claire Boas de Jouvenel (d) |
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Conjoints | Marcelle de Jouvenel (à partir de ) Hélène de Jouvenel (d) (à partir de ) Martha Gellhorn |
Enfants | Roland de Jouvenel Hugues de Jouvenel des Ursins (d) |
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Bertrand de Jouvenel est un écrivain et journaliste français, né le à Paris, où il est mort le .
Penseur libéral, il fut, avec Gaston Berger, l'un des pionniers et théoriciens de la prospective en France. Il fonda la revue Futuribles, consacrée à la réflexion sur les futurs possibles au 5 rue des Saints-Pères, et fut romancier à ses heures sous le nom de plume de Guillaume Champlitte. Juriste, politologue et économiste, il fut également un pionnier de l'écologie politique et un fervent défenseur du fascisme français porté par le PPF, durant ses premières heures.
Édouard Bertrand de Jouvenel des Ursins est le fils d'Henry de Jouvenel (1876-1935), homme politique et journaliste français, rédacteur en chef du journal Le Matin, et de sa première femme, Sarah Boas, d'origine juive. Il était fier de sa naissance « parce qu’elle est le fruit d’une campagne pro-Dreyfus de mon père Henry de Jouvenel, campagne qui le fit remarquer par Alfred Boas, industriel, infirme d’une blessure de guerre en 1870. Suivit le mariage avec Sarah Boas, ma mère ».
Après des études scientifiques et juridiques, il devient correspondant diplomatique, puis correspondant pour divers journaux, avant d'entamer une carrière universitaire.
En 1925, il s'inscrit au Parti radical où il milite aux côtés des « Jeunes Turcs ». Son livre L'Économie dirigée, publié en 1928, défend les vertus du dirigisme contre le capitalisme libéral. Homme de gauche, pacifiste et partisan convaincu de la réconciliation franco-allemande, Jouvenel est avec Jean Luchaire à Notre temps à la fin des années 1920. Il est aussi rédacteur en chef de La Voix d'Émile Roche et collabore au quotidien La République, dirigé aussi par Roche ; il est chargé des questions économiques. Il quitte ce journal après le 6 février 1934.
Dans Vers les États-Unis d'Europe, écrit en 1930, Jouvenel prend parti pour la réconciliation franco-allemande.
Impressionné par l’émeute organisée par les ligues antiparlementaires, le 6 février 1934, et convaincu de l'inefficacité des partis politiques traditionnels, il quitte le Parti radical, préférant agir comme un « électron libre ». Il lance alors avec Pierre Andreu l'hebdomadaire La Lutte des jeunes, qui fustige la « corruption du régime », tout en multipliant ses collaborations à d'autres journaux, parmi lesquels l’hebdomadaire Gringoire pour lequel il couvre en 1935 le Congrès du Parti nazi qui adopte les Lois de Nuremberg. Il fréquente alors tous les milieux y compris royalistes et nationalistes et des intellectuels comme le socialiste Henri de Man ou les écrivains André Malraux et Pierre Drieu la Rochelle.
Il continue à militer pour le rapprochement franco-allemand et crée le « Cercle du grand pavois », une association de soutien au Comité France-Allemagne. C'est à cette occasion qu'il se lie d'amitié avec Otto Abetz, futur ambassadeur d'Allemagne à Paris sous l'Occupation. En février 1936, il réalise une interview d'Adolf Hitler, publiée dans le journal Paris-Midi (après que Paris-Soir l'a refusée), dans laquelle il insiste sur la volonté de paix du chancelier allemand. Cette interview lui sera reprochée après la guerre, et contribuera à sa marginalisation,. Il en tire une conférence donnée en mars à Paris, sous le titre « Le vrai visage de Hitler ».
Opposé à la politique du Front populaire et préoccupé par le rôle de la France dans le monde, il rejoint la même année le Parti populaire français (PPF) créé par l'ancien membre du Parti communiste Jacques Doriot. Il devient alors rédacteur en chef du journal de ce mouvement, L'Émancipation nationale, dans lequel il fait l'éloge du fascisme. Visitant l’Allemagne en , il est impressionné par la puissance allemande et le mythe du surhomme repris par le national-socialisme : « on n’a rien vu de semblable depuis Mahomet » écrira-t-il.
Cependant, il rompt avec le PPF en 1938 quand Doriot approuve les accords de Munich qui laisse l'Allemagne s'emparer de la Tchécoslovaquie, à la naissance de laquelle il avait été mêlé à travers le rôle de sa mère Claire Boas, amie de Tomáš Masaryk.
Pendant l'Occupation, Bertrand de Jouvenel travaille pour le SR, le Service de renseignement de l'Armée de l'armistice, qui fournit des renseignements aux Britanniques. Il discute à diverses reprises avec André Malraux et Pierre Drieu la Rochelle sur l'option à prendre, puis menacé d'arrestation par la Gestapo, il s'exile en Suisse en septembre 1943 et décide d'abandonner la politique pour se consacrer à l'économie, à la sociologie politique et aux questions d'environnement. À son retour en France, à la Libération, du fait de sa collaboration avec le SR, il échappe à l'épuration, mais se voit considéré, selon sa propre expression, comme un « pestiféré ».
Il collabore occasionnellement au Courrier français.
Son parcours sera sévèrement critiqué par l'historien Zeev Sternhell qui pour illustrer sa thèse ambiguë et contestée d'un fascisme français né au sein des écrivains « anticonformistes » veut voir en Jouvenel l'un des intellectuels français les plus engagés en faveur du fascisme. Cette opinion conduit Jouvenel à poursuivre en justice Sternhell qui sera condamné pour diffamation. Le témoignage émouvant et fraternel le de Raymond Aron, qui devait mourir d'un arrêt cardiaque quelques heures plus tard, a été sans doute décisif.
Parmi ses trente-sept livres, Du pouvoir reste une référence. Jouvenel est d'ailleurs, avec Friedrich Hayek et Jacques Rueff, le fondateur du club d'intellectuels libéraux, la société du Mont-Pèlerin. Nombre de jeunes économistes ont senti poindre leur vocation en découvrant son analyse des États et en suivant ses cours.
Selon Ivo Rens dans Bertrand de Jouvenel (1903-1987), pionnier méconnu de l'écologie politique, il a compris le premier que la gestion de l'environnement revêtait une importance politique. Enfin, il s'est fait le promoteur de la prospective.
Vers 1920, à dix-sept ans, Bertrand de Jouvenel vit une aventure amoureuse qui durera cinq ans avec la seconde épouse de son père, l'écrivaine Gabrielle Colette, qui s'inspirera de cette relation pour écrire l'un de ses romans : Le Blé en herbe.
Il a été marié trois fois :
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