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Le scepticisme est une position épistémologique d'un point de vue philosophique, une déontologie circonspecte en terme d'éthique et en pratique une attitude de doute cartésien sur certaines allégations non étayées par manque de preuves empiriques ou de reproductibilité. Cette démarche s'appuie sur la science et la pensée critique, et vise à soumettre à la méthode expérimentale les affirmations d'existence de phénomènes paranormaux (notamment ceux étudiés par l'ufologie, la parapsychologie et la cryptozoologie) ou surnaturels (réincarnation, résurrection). Les sceptiques soumettent ainsi au doute tant les théories du complot, les médecines non conventionnelles et, de manière plus générale, ce que la majeure partie de la communauté scientifique considère comme des pseudo-sciences, que les dérives idéologiques et méthodologiques consistant à transformer le doute cartésien en méthode hypercritique à des fins polémiques.
De nombreuses croyances populaires et mythologies anciennes, de la littérature inspirée du folklore et des contes peuvent être expliqués par des observations de phénomènes naturels, mais sans démarche scientifique, l'interprétation et l'imagination produisant leurs propres explications, comme dans le cas des paréidolies. Ainsi les formes de vie pétrifiées, en fait des fossiles, ont pu donner naissance aux mythes mettant en scène des géants, des titans, Goliath, des dragons et autres orques. Elfes, fées et spectres se sont peut-être nourris de l'observation de phénomènes naturels tels que les brumes se déplaçant rapidement selon la turbidité atmosphérique ou multipliant les faibles luminosités naturelles, les feux follets ou la bioluminescence.
Il ne faut pas sous-estimer, parmi les conditions d'émergence des mythes, le rôle des conteurs et celui des boissons alcoolisées partagées dans l'assistance : ainsi l'« hydre de Lerne », monstre mythologique à plusieurs têtes, symbolise probablement le marais de Lerne, le mot Hydre signifiant « aquatique », « humide », « mouillé » ; les « têtes renaissantes » seraient une métaphore de la résurgence des sources, très difficiles à drainer avec les moyens de l'époque, qui ont inspiré les mythes d'Amymone et de l'un des travaux d'Héraclès, catalogue de travaux agricoles diffusé dans l'Argolide préclassique avant d'être magnifié et intégré dans la mythologie grecque comme en témoignent dès l'Antiquité Palaiphatos, Histoires incroyables [détail des éditions] (lire en ligne), livre 36 et plus près de nous Paul Veyne dans Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? Essai sur l'imagination constituante Éd. Points 2014, (ISBN 978-2757841143).
Beaucoup de phénomènes dits « paranormaux » relèvent de la prestidigitation, mais sans l'honnêteté de l'afficher comme telle, et que les illusionnistes professionnels peuvent démasquer, comme dans le cas de l'animateur de télévision Uri Geller démasqué par James Randi, Gérard Majax et le cercle zététique.
Même si les scientifiques ne savent pas encore expliquer tous les détails des expériences de mort imminente, cela ne prouve pas l'existence d'une après-vie . Les effets de la conscience peuvent disparaître ou être gravement altérées avant même la mort clinique, et un retour de la conscience après un (bref) épisode d'électro-encéphalogramme plat, ne prouve pas que celle-ci survive éternellement; ce désir de survie de la conscience traduit surtout l'inachèvement du processus de construction et de développement de la personnalité, familièrement appelé « être en paix avec soi-même ».
La création des cercles de culture a été revendiquée par deux retraités de l'armée britannique, Douglas Bower et David Chorley qui ont commencé leur œuvre dans la région d'Avebury dans le district de Marlborough. Ils expliquèrent plus tard leur intention de faire une plaisanterie, inspirée par les « saucer's nests » d'Australie en 1966.
La parapsychologie est une para-science qui suppose des phénomènes, appelés phénomènes « psi » (concept qui regroupe les perceptions extra-sensorielles et la psychokinèse), qui mettraient en jeu le psychisme et son interaction avec l'environnement. Les éléments de preuve de l’existence de ces phénomènes apportés par les parapsychologues ont jusqu'à ce jour été rejeté par le reste de la communauté scientifique , que ce soit concernant la télépathie, la télékinésie ou similaire.
La pseudo-histoire est une discipline non enseignée dans le monde académique, fourmillant d'erreurs méthodologiques ou de manipulation de résultats, ne vérifiant pas les hypothèses qu'elle propose, souvent non-réfutable au sens de Popper, et concluant de manière hâtive ou erronée.
Douglas Allchin propose six critères pour déterminer si une étude relève de la pseudohistoire :
Le protochronisme est la réécriture de l'histoire selon des hypothèses contredites ou non-confirmées par les documents et/ou les fouilles, souvent nationalistes, parfois racistes, toujours hostiles à admettre la cohabitation et/ou le mélange des cultures. Le postulat peut être simplement réducteur et anachronique (« rétroprojection nationaliste », expression de l'historien Jean Ravenstein de l'université de Marseille), en tentant de donner aux états du passé une coloration mono-ethnique afin d'y enraciner de manière exclusive l'identité nationale des états modernes qui en sont issus.
Dans cette vision, chaque état moderne aurait une population « de souche » qui serait l'unique héritière d'une unique culture du passé ou qui descendrait en « droite ligne » d'ancêtres les plus anciens possible, ou établis le plus anciennement possible dans l'actuel territoire du pays étudié. Les formes plus virulentes de protochronisme tentent de démontrer que les ancêtres de chaque peuple étaient beaucoup plus « civilisés » que ceux des autres peuples, et qu'ils ont développé seuls leurs cultures, sans influences extérieures. Dans cette vision, si des traditions, une langue ou des croyances sont partagés par les peuples voisins, c'est que ces derniers ont subi l'« influence civilisatrice » du peuple que l'on veut magnifier.
Dans la théorie des anciens astronautes, le postulat est inverse : nos ancêtres étaient trop « primitifs » pour développer eux-mêmes leurs civilisations, et ce sont des extraterrestres qui les leur ont apportées, mais ce postulat rejoint le protochronisme dans l'idée qu'elles atteignirent ensuite un niveau technologique et spirituel très supérieur à ce qu'affirment les archéologues et les historiens, qui, membres d'un complot international, essaient de nous cacher la « fantastique vérité ».
Une pseudo-science est une discipline non enseignée dans le monde académique, fourmillant d'erreurs méthodologiques ou de manipulation de résultats, ne vérifiant pas les hypothèses qu'elle propose, souvent non-réfutable au sens de Karl Popper, et concluant de manière hâtive ou erronément.
Toutes les études scientifiques montrent que l'astrologie n'a aucun caractère prédictif. Par contre la dimension symbolique intéresse psychologues et psychiatres.
La « méthode hypercritique » est, pour le philosophe André Jacob, une « subversion du doute cartésien » consistant à « profiter, sous l'égide de quelque pulsion inavouée, de l'éloignement temporel des événements pour manipuler et en faire douter ». Elle est surtout utilisée dans un contexte polémique pour jeter le discrédit sur les études que l'on veut contester, et c'est une méthode volontiers employée par les créationnistes, les nationalistes et les négationnistes, mais aussi par les partisans et adversaires des technologies ou des idéologies en débat. Pierre-André Taguieff, analysant le complotisme contemporain, relève pour sa part la « tentation du relativisme radical, impliquant le règne du doute sans limites ».
Les mythes scientifiques sont bien des mythes, mais liés à la science ou s'en inspirant. Ils sont particulièrement présents dans les présentations archéologiques, historiques ou d'histoire des sciences. L'historien des sciences Douglas Allchin explique que les mythes scientifiques présentent les résultats comme provenant de figures d'autorité, sous-estimant la part des erreurs et de leur résolution par la démarche scientifique. Ils sont trompeurs par leurs simplifications réductrices, par exemple qui mettent en scène les faits historiques ou les découvertes scientifiques comme dus au génie d'individus héroïques (en grande majorité des hommes, les femmes étant occultées) plutôt qu'à un travail d'équipe fait d'échanges de savoirs, de raisonnements logiques et de rigoureuses démarches d'investigation et d'expérimentation.
Ainsi, par exemple, la découverte de la loi universelle de la gravitation par Isaac Newton est souvent présentée comme le résultat de la chute d'une pomme sur sa tête. Bien que cette dernière ait probablement joué un rôle dans ses travaux, il a fallu à peu près 20 ans à Newton pour développer entièrement sa théorie. Dans le même ordre d'idées, l'évolution est un phénomène universel observable en physique, chimie, astronomie, géologie, climatologie, biologie, anthropologie, ethnologie, linguistique, sociologie, économie, dans la différence entre générations et la croissance des jeunes, et non une « théorie » due au seul Charles Darwin ; par ailleurs celui-ci ne l'a pas formulée en observant la ressemblance et les différences entre les diverses espèces de pinsons des Galapagos, mais plus de vingt ans plus tard, en Angleterre au terme de longues études et d'échanges avec les éleveurs d'animaux domestiques qui modifient par des méthodes de sélection et de croisement les caractéristiques des espèces.
D'autres mythes véhiculent, souvent pour des raisons politiques, des notions obsolètes qui proviennent de l'histoire des sciences mais qui ont depuis longtemps été invalidées par les recherches et vérifications plus récentes :
Certains "miracles" ont reçu une explication rationnelle :
Les médecines non conventionnelles sont celles qui ne sont pas enseignées dans les facultés de médecine modernes. Leur inclusion dans ce portail ne signifie pas que la médecine moderne soit la seule valide, mais que les autres utilisent souvent des méthodes liées à la psychosomatique, à l'auto-suggestion et à l'effet placebo, de sorte que leurs résultats thérapeutiques, lorsqu'il y en a, sont très difficilement mesurables, étalonnables et expérimentalement vérifiables. Par conséquent, le scepticisme le plus vigilant doit s'exercer dans ce domaine, encore plus facile à investir par des charlatans que celui de la médecine scientifique actuelle. Beaucoup de médecines non conventionnelles sont pratiquées depuis l'Antiquité. Ce n'est pas leur utilisation qui est controversée mais bien le dogmatisme qui consiste à refuser les produits de la médecine actuelle comme les antibiotiques (issus de moisissures donc de champignons) ou les molécules obtenues par synthèse chimique (bicarbonate de soude, dérivés sulfurés...) au risque de mettre la vie du patient en danger.
Les OOPArt (Out of Place Artefact, en français « objet fabriqué hors de sa place » pour désigner des objets fabriqués qui ne devraient pas être là, qui sont hors contexte ») sont souvent utilisés pour défendre le créationnisme, la théorie des anciens astronautes (les objets en question ne pouvant être que d'origine extraterrestre), l'existence de civilisations oubliées et très avancées techniquement comme celle de l'Atlantide. Beaucoup d'OOPArts s'avèrent être des canulars (pierres d'Ica, figurines d’Acambaro), voire des fraudes organisées (automate turc joueur d'échecs, crânes de cristal d'Eugène Boban). Sont contestées leur authenticité (tablettes de Glozel ou de Tartaria), voire leur existence (pierre de Dashka).
« Une théorie n'est scientifique que si elle est « réfutable », c’est-à-dire qu'elle peut être soumise à des tests expérimentaux afin de vérifier la concordance de ses prédictions théoriques avec les observations. Une hypothèse qui ne peut être vérifiée ni prise en faute par aucune expérience ou observation, n'est pas scientifique. »
Karl Popper, Logique de la découverte scientifique
« Toute proposition qui n’est pas vraie dans les sciences proprement dites, y est confuse et inintelligible : « la racine cubique de 64 est égale à la moitié de 10 » est une proposition fausse que l’on ne peut pas comprendre clairement. En sciences, on ne peut pas prouver l’existence d’une chose par des arguments tirés de ce qu’on estime être sa cause ou son effet ; ces arguments ne peuvent se fonder que sur l’expérience vérifiable, qui peut être contredite. Mais hors du champ scientifique, il en est tout autrement : « César n’a jamais existé » ou « l’ange Gabriel a existé » sont peut-être des propositions fausses, mais on peut parfaitement les comprendre, y croire et rejeter la contradiction. Si nous raisonnons a priori, hors des sciences et hors des expériences, n’importe quoi peut paraître capable de produire n’importe quoi : la chute d’un galet peut, pour autant que nous l'imaginions, éteindre le soleil ; ou le désir d’un homme, gouverner les planètes dans leurs orbites. C’est seulement l’expérience qui nous apprend la nature et les limites de la cause et de l’effet et nous rend capables de déduire scientifiquement l’existence d’un objet plutôt que celle d’un autre »
David Hume, Enquête sur l'entendement humain
« Critiquer les mythes n'est pas en démontrer la fausseté, mais plutôt retrouver leur fond de vérité. »
Paul Veyne, Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? Essai sur l'imagination constituante
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