Henri Sonier de Lubac, né le 20 février 1896 à Cambrai et mort le 4 septembre 1991 à Paris 7e, est un jésuite, théologien catholique, membre de l'Institut, et cardinal français.
Henri de Lubac | ||
Biographie | ||
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Naissance | Cambrai (France) | |
Ordre religieux | Compagnie de Jésus | |
Ordination sacerdotale | ||
Décès | (à 95 ans) Paris 7e (France) | |
Cardinal de l'Église catholique | ||
Créé cardinal | par le pape Jean-Paul II | |
Titre cardinalice | Cardinal-diacre de Santa Maria in Domnica | |
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Henri de Lubac est issu de la famille Sonier de Lubac, originaire du Vivarais.
Les spécialistes distinguent plusieurs périodes révélatrices de son itinéraire contrasté.
Élève au sein du lycée Saint-Marc, il entre dans la Compagnie de Jésus en 1913, à l'âge de 17 ans, et passe son noviciat sur l'île de Jersey, les congrégations étant bannies de France depuis 1904. Il combat pendant la Première Guerre mondiale, où il est gravement blessé à la tête en 1917. L'expérience des tranchées le hantera toute sa vie. S'il en gardera toute sa vie des séquelles, cette expérience de la guerre constituera malgré tout un moment important : celui de la camaraderie et du dialogue avec des non-croyants. À ce moment, le jeune Henri de Lubac prendra conscience des défis qui attendent la foi catholique et auxquels la plupart des ecclésiastiques de l'époque, formés entre eux, sont peu préparés.
En 1927, il est ordonné prêtre. Après son cursus d'études, il devient en 1929 professeur de théologie fondamentale à la faculté catholique de Lyon. En 1938, il publie son premier livre, Catholicisme, les aspects sociaux du dogme. Un livre au retentissement mondial. Avec Jean Daniélou, il rejoint le père jésuite Victor Fontoynont en 1942, pour travailler à la collection de patrologie, Sources chrétiennes.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'engage à sa manière dans la Résistance spirituelle au nazisme en France. Il participe à la création des Cahiers du Témoignage chrétien et dénonce, dans ses cours comme dans ses écrits de l'époque, l'idéologie nazie. C'est à cette époque qu'il écrit Le Drame de l'humanisme athée.
Début 1945, H. de Lubac aurait rédigé à la demande de Jacques Maritain, nommé Ambassadeur de France près le Saint-Siège par le général de Gaulle, un mémoire confidentiel intitulé La question des évêques sous l'Occupation. Celui-ci sera publié par la Revue des Deux mondes en .
En 1946 paraît Surnaturel. Études historiques, qui fait scandale. Il est alors soupçonné par le Saint Office de modernisme. L'encyclique Humani generis de 1950 semblant le viser directement, il est interdit d'enseignement par le général des Jésuites, et ses livres sont retirés des écoles et instituts de formation. Tout cela, sans qu'il puisse jamais se défendre officiellement. Il est contraint de quitter Lyon pour Paris, où il continuera d'écrire.
Consulteur au Saint-Office, le père Philippe de la Trinité critique également sa défense de la pensée de Teilhard de Chardin, évoquant directement son ouvrage La Pensée religieuse du père Teilhard de Chardin dans un commentaire au Monitum de 1962.
Ce n'est qu'en 1958 qu'il est autorisé à reprendre ses cours. Il s'intéresse à l'exégèse patristique et médiévale, en particulier la théorie des quatre sens. La même année, il est élu à l'Académie des sciences morales et politiques. En 1960, il est nommé par Jean XXIII consultant (peritus) de la commission préparatoire des théologiens au concile de Vatican II,.
La véritable réhabilitation commence avec sa nomination en tant qu'expert du concile. Il devient alors un théologien écouté et respecté, même s'il peine à trouver sa place dans la vaste organisation conciliaire. Son influence sera surtout liée à ses publications des années précédentes : Catholicisme en premier lieu, mais surtout Méditation sur l'Église (1953). Un livre que le futur pape Paul VI distribuait à son clergé et qui influença nombre des Pères conciliaires.
Signe supplémentaire de reconnaissance : en 1983, sa création comme cardinal avec le titre de cardinal-diacre de Santa Maria in Domnica par Jean-Paul II. Le P. de Lubac ayant refusé le cardinalat que lui proposait Paul VI en 1969 au motif de la consécration épiscopale qui y était associée depuis 1962, Jean-Paul II lui permet de rester simple prêtre. Partagé entre la joie et l'inquiétude face à ce qu'il considère comme des « dérives post-conciliaires », il explique sa vision du concile principalement dans Paradoxe et Mystère de l'Église en 1967 et Entretien autour de Vatican II. Souvenirs et réflexions en 1985. Lui-même publia trois commentaires majeurs de constitutions conciliaires : Paradoxe et Mystère de l'Église (sur le document Lumen Gentium) ; Athéisme et sens de l'homme (sur le document Gaudium et Spes) et La Révélation divine (sur le document Dei Verbum).
Il meurt le , à l'âge de 95 ans, après quelques années passées à Paris dans la communauté des jésuites rue de Grenelle. Il était devenu le cardinal le plus âgé du Sacré Collège à la mort du cardinal letton Julijans Vaivods le . C'est l'Italien Ferdinando Giuseppe Antonelli qui lui succède comme cardinal le plus âgé.
Il fit dans sa vie de très nombreuses rencontres dont notamment avec l'abbé Pierre ou encore Jules Monchanin.
Sa cause en béatification a été ouverte le par l'archidiocèse de Lyon,.
Le cardinal Henri de Lubac, entré dans la Compagnie de Jésus en 1913, fut expert au concile de Vatican II. Il a été un artisan de la redécouverte des Pères de l'Église, et son travail théologique exerce une influence profonde,. Avec l'accord de la province jésuite de France, l'Association internationale Cardinal Henri de Lubac est l'éditeur scientifique des Œuvres complètes du cardinal, qui paraissent aux éditions du Cerf : chaque grand titre est réimprimé dans sa forme définitive, avec des présentations et des index, ainsi qu'une traduction des notes latines ; de plus, des articles ou opuscules se rattachant aux ouvrages principaux sont regroupés et commentés dans les divers volumes. Sur les 50 numéros de l'édition raisonnée, plus de 30 étaient publiés en .
« L'Église, toute l'Église, la seule Église, celle d'aujourd'hui comme d'hier et de demain, est le sacrement de Jésus-Christ. À vrai dire, elle n'est rien d'autre. Ou le reste n'est que surcroît.
L'Église a pour unique mission de rendre Jésus-Christ présent aux hommes. Elle doit l'annoncer, le montrer, le donner à tous. Le reste, encore une fois, n'est que surcroît. À cette mission nous savons tous qu'elle ne peut faillir. Elle est et sera toujours en vérité l'Église du Christ : Je suis avec vous jusqu'à la consommation du siècle (Évangile selon Matthieu 28, 20). Mais ce qu'elle est en elle-même, il faut qu'elle le soit aussi dans ses membres. Ce qu'elle est pour nous, il fait aussi qu'elle le soit par nous. Il faut que par nous Jésus-Christ continue d'être annoncé, qu'à travers nous, il continue de transparaître. C'est plus qu'une obligation, c'est, peut-on dire, une nécessité organique. »
— Méditation sur l'Église, édit. Aubier, 1954, p. 185-190. (ASIN B0017XUNVU).
Considéré comme son œuvre majeure, écrite en 1944 et plusieurs fois rééditée, l'auteur y analyse les fondements philosophiques de l’athéisme contemporain à travers les figures de Ludwig Feuerbach, Karl Marx, Friedrich Nietzsche et Auguste Comte.
« Tout lecteur des épîtres ne peut manquer de l'observer : par cette expression Corps du Christ, l'Apôtre désigne un certain organisme qu'il conçoit comme éminemment réel et dont les membres sont à la fois diversifiés et unis (cf. Épître aux Romains 12, 5-16). Ce corps est une société visible et structurée, où règne une certaine « division du travail », car les fonctions de ses membres sont, par exemple, d'enseigner, de gouverner, ou de faire des miracles, de discerner les esprits : c'est la double différentiation, « hiérarchique » et « charismatique ». Mais il est en même temps une communauté de vie intime et mystérieuse, car toutes les diversité et les oppositions naturelles de ceux qui le composent, si réelles, si irréductibles même qu'elles soient dans leur ordre, s'abolissent en lui. Dans la diversité même de leur fonction, tous abreuvés d'un seul Esprit, ne sont qu'un dans le Christ Jésus (cf. 1 Co 12, 4-30).
Ce Corps qui est l'Église, qui vit et se développe ici-bas, dont on pourrait retracer l'histoire, [Paul] nous le montre en train de se construire et de croître, jusqu'au jour — qui ne luira plus ici-bas et qui nous jettera hors de l'histoire — où il aura atteint la plénitude de sa taille : homme parfait, Corps parfait de tous les saints ensembles, tous un, cette fois en perfection, dans le même Christ (cf. Ep 4, 11-16). »
— Card. Henri de Lubac. Méditation sur l'Église, Paris, Aubier-Montaigne, 1953, p. 102 et 104.
Jésuite, le cardinal Henri de Lubac fut expert au concile Vatican II. Il a été un artisan de la redécouverte des Père de l’Église, et son travail théologique exerce une influence profonde.
Commentaire selon Matthieu 17, 1-9
« À partir d'Abraham, on voit émerger au niveau de l'histoire le peuple que Dieu met à part pour réaliser dans son destin temporel, le dessein de salut (cf. Gn 12, 1-4a). En même temps, ce dessein cesse d'être une réalité virtuelle, présente à l'arrière-plan de l'histoire mais ignorée de ceux qui déjà vivent en elle ; Dieu en révèle positivement l'existence ; il commence même d'en faire connaître les structures fondamentales. Le caractère privilégié d'Israël relève exclusivement de la vocation d'Abraham…
Le peuple d'Israël n'appartient pas au monde de la création, à l'ordre naturel. Il appartient à l'ordre de l'histoire sainte, au dessein du salut. Or ce dessein de salut, qui englobe tous les hommes, doit se réaliser en Jésus-Christ. Aussi toute l'œuvre contenue dans les saints livres annonce par des paroles, révèle par des faits, établit par des exemples l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ. Abraham, Moïse, les prophètes, sont ainsi déjà les « témoins » du Christ. »
— Card. Henri de Lubac. Révélation divine, Paris, Cerf, 2010, p. 107-108.
Études publiées par des Pères de la Compagnie de Jésus et consultables sur la base Gallica.
286 p.
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