Cet article est une ébauche concernant la linguistique.
Bien que cet article traite de la grammaire du malais-indonésien, il décrit plutôt celle de l'indonésien.
En effet, les affixes par exemple ne sont pas toujours utilisés de la même façon. Ainsi, sur la base verbale cari, "chercher", l'indonésien utilise le circonfixe pen- ... -an pour former pencarian, "action de rechercher", alors que pour donner le même sens le malaisien forme carian, avec simplement le suffixe -an, alors qu'en indonésien, ce suffixe seul a le sens de "résultat de l'action", en l'occurrence "chose que l'on a cherchée".
Le système des consonnes de l'indonésien est résumé dans le tableau ci-dessous :
Bilabiale | Labio-dentale | Dentale / alvéolaire | Palatale | Vélaire | Glottale | ||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Occlusives | Sourde | p | t | k | - [ʔ] | ||
Voisée | b | d | g | ||||
Affriquées | Sourde | c [tʃ] | |||||
Voisée | j [dʒ] | ||||||
Fricatives | Sourde | f | s | sy [ʃ] | kh [x] | h | |
Voisée | v | z | |||||
Nasales | m | n | ny [nj] | ng [ŋ] | |||
Latérales | l | ||||||
Roulées | r | ||||||
Semi-voyelles | w | y [j] |
La dentale s /s/ se prononce comme dans le mot tasse et n'est jamais voisée en /z/ : nasi = riz se prononce "nassi".
La dentale r /r/ se prononce roulé (bout de la langue sur le palais).
La palatale c /tʃ/ se prononce quelque part entre "tch" et "ti". De même, le /j/ se prononce quelque part entre "dj" et "di".
La vélaire ng /ŋ/ est un phonème difficile pour les francophones. Il se prononce comme le "ng" dans l'allemand singen ("chanter").
La glottale aspirée /h/ est toujours prononcée, au début comme à la fin d'un mot. Darah, "sang", se prononce avec un /h/ final marqué, qui le distingue de dara, "jeune fille".
Les consonnes finales, au lieu d'être relâchées comme en français, sont prononcées en gardant les articulations en place. Par exemple, minum ("boire") se prononce en gardant les lèvres fermées sur le /m/ finale. Le /k/ final se prononce donc en gardant la glotte bloquée en position fermée, ce qui le rend inaudible pour une oreille française.
Les consonnes fricatives suivantes sont des emprunts étrangers :
Le /v/ est d'ailleurs prononcé comme un /f/. Les deux sont même parfois prononcés /p/. Le /z/ est parfois prononcé comme un j /ʒ/.
Les voyelles de l'indonésien sont :
Les diphtongues sont :
Toutefois, il convient de noter que ces suites 'ai', 'au' et 'oi' sont prononcées comme des voyelles distinctes, et non comme des diphtongues, dans deux cas :
Autrement dit, il est impossible d'avoir une diphtongue dans le cas où celle-ci constituerait la seule syllabe d'un mot ou bien le début d'une syllabe fermée.
Il faut également distinguer la diphtongue /ai/ dans gulai (plat de viande en sauce) de la succession de voyelles "ai" dans gulai ("sucrer"), qui se prononce "gula-i" et est formé sur gula ("sucre") auquel on a ajouté le suffixe -i.
Le malais-indonésien possède des catégories qui ne correspondent pas toujours à celles du français.
Les verbes sont invariables. On distingue :
Bien que le terme d’"adjectifs" soit souvent utilisé pour désigner les verbes d’état, ceux-ci ont un comportement grammatical similaire à celui des autres verbes (voir "Négation"), alors que dans la plupart des langues indo-européennes, la catégorie des adjectifs est proche de celle des noms. Cependant, comparables en cela aux verbes d'état malais-indonésiens, quelques verbes français permettent d'exprimer une qualité d'un sujet sans l'intermédiaire du verbe être : rougeoyer (= "être rouge", mais ≠ "rougir") ; souffrir employé intransitivement (= "être souffrant") ; verdoyer (= "être vert", mais ≠ "verdir").
Les noms sont également invariables. Certains noms peuvent fonctionner comme un verbe : Hujan = "la pluie" ou "il pleut"
En indonésien, une base est un mot dans sa forme la plus simple, susceptible de recevoir des affixes ou d'être redupliquée (voir la section "Morphologie").
La phrase indonésienne simple a la structure suivante :
Le prédicat peut être :
Le "thème" d'une phrase est ce dont on parle. Dans la phrase simple, il s'agit du sujet, qui se confond en général avec l'agent de l'action.
En malais-indonésien, on peut thématiser un autre élément de la phrase que l'agent : soit le patient de l'action, soit l'action.
On thématise la patient en recourant au passif. Celui-ci a deux formes :
Gedung ini akan dibongkar = (immeuble ceci [auxiliaire de mode de l'intention] être démoli] cet immeuble-ci, on va le démolir.
Buku itu sudah saya baca = (livre cela [auxiliaire de l'accompli] je lire) Ce livre-là, je l'ai déjà lu
Le champ d'utilisation de la copule "être" est beaucoup plus réduit en malais-indonésien qu'en français du fait que l'équivalent des adjectifs français sont en indonésien des verbes d'état. Il existe cependant deux verbes qui peuvent avoir le sens d'"être" :
Exemples:
Le malais-indonésien possède deux formes de négation de base :
La différence fondamentale est que tidak constitue une négation "absolue", au sens où elle ne propose pas d'alternative, alors que bukan est une négation "relative", au sens où elle suggère une autre possibilité :
On voit que la distinction tidak/bukan est liée à la question du thème ou focus. Si le focus est le verbe (d'action comme makan, ou d'état comme tolol), la négation sera bukan.
Par ailleurs, cette distinction explique que les substantifs ne puissent être précédés de tidak mais seulement de bukan :
En effet, du point de vue de la langue malaise, si on n'est pas une chose, on en est nécessairement une autre.
Il existe d'autres mots ayant un sens négatif, notamment :
Les négations correspondant aux mots français comme « personne », « rien », « nulle part », s'expriment par la négation (tidak ou bukan selon le cas), suivie de la forme redoublée de l'interrogatif correspondant :
Il existe un mot pour l'affirmation : ya, qui signifie « oui ».
Toutefois, lorsqu'il s'agit de répondre affirmativement à une question, on reprendra le mot central de la question :
Exemples :
Ce qui, dans les langues indo-européennes par exemple, s'exprime par des flexions verbales, s'exprime en malais-indonésien par des auxiliaires.
L'indonésien exprime l'aspect, c'est-à-dire l'état d'un processus. L'aspect se caractérise par l'opposition de base accompli/inaccompli. Il est marqué par des auxiliaires qui n'ont pas de sens par eux-mêmes :
Sudah indique que le procès a eu lieu :
Belum indique que le procès n'a pas encore eu lieu :
Baru indique que l'action vient d'avoir lieu :
Sedang exprime que le procès est en cours :
Masih indique que le procès est encore en train d'avoir lieu mais aura une fin :
Pernah indique qu'une action ou une situation est arrivée au moins une fois mais ne va pas nécessairement se répéter :
L'aspect est une caractéristique fondamentale du système verbal indonésien. Ne pas le marquer équivaut à ne pas marquer le temps quand on parle par exemple le français ou une langue indo-européenne en général.
En principe, le verbe malais-indonésien ne marque pas le temps grammatical, c'est-à-dire qu'il n'indique pas si l'action se déroule dans le présent, le passé ou le futur. Pour le préciser, on utilise des adverbes, par exemple :
Il existe toutefois deux auxiliaires utilisés pour exprimer le temps :
Les langues du sous-groupe malayo-polynésien occidental se caractérisent par deux procédés de dérivation qui, à partir d'une base, permet de produire de nouveaux mots :
En le comparant au système du tagalog des Philippines, on remarquera que le système du malais-indonésien a perdu de nombreuses formes. C'est l'une des raisons pour lesquelles les linguistes considèrent que le tagalog représente un état de l'austronésien plus ancien que le malais-indonésien. Les Austronésiens ont d'abord migré de Taïwan vers les Philippines il y a 2 000 ans, avant de se répandre dans l'archipel indonésien et vers le Pacifique.
Une base est un mot auquel on peut appliquer des affixes pour former de nouveaux mots. En malais-indonésien, la base est généralement dissyllabique, c'est-à-dire constitué de deux syllabes. Voici des exemples :
Indonésien et malais | Français |
---|---|
air | eau |
api | feu |
besar | grand |
bini | femme |
hari | jour |
kecil | petit |
laki | mari |
langit | ciel |
makan | manger |
minum | boire |
malam | nuit |
tanah | terre |
Il semble que la 2e syllabe de la base constitue la racine du mot. On constate en effet des familles sémantiques de mots, par exemple :
Sur une base, on peut produire d'autres mots en appliquant une série d'affixes, redoubler la base ou combiner affixation et redoublement.
Appliqués à une base, les affixes consistent en :
Il se place devant une base qui peut être :
L'application de ce préfixe s'accompagne d'une nasalisation de la consonne ou de la voyelle initiale de la base, suivant le tableau ci-dessous :
Bilabiale | Labio-dentale | Dentale / alvéolaire | Palatale | Vélaire | Glottale | ||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Occlusives | Sourde | p > m | t > n | k > ng | - [ʔ] | ||
Voisée | b > mb | d > nd | g > ngg | ||||
Affriquées | Sourde | c > nc | |||||
Voisée | j >j | ||||||
Fricatives | Sourde | f > mf | s > ny | sy > nsy | kh > ngkh | h > ngh | |
Voisée | v > mv | z > nz | |||||
Nasales | m : inchangé | n : inchangé | ny : inchangé | ng : inchangé | |||
Latérales | l : inchangé | ||||||
Roulées | r : inchangé | ||||||
Semi-voyelles | w : inchangé | y : inchangé |
Exemples :
Ce préfixe forme un passif "volontaire", c'est-à-dire que l'agent commet volontairement l'action :
Ter- exprime un passif "involontaire", c'est-à-dire que l'agent n'a pas commis volontairement l'action, ou alors l'action n'a pas d'agent :
Il se place en principe devant un substantif, sans modification de la base. Il exprime la possession :
Une exception est le mot : belajar= étudier, apprendre, formé sur : ajar = enseigner", dans lequel le préfixe a la forme bel-.
Appliqué à un verbe d'action, il indique la concomitance :
Appliqué à un verbe d'état, il indique un comparatif d'égalité :
Ce suffixe donne des verbes dont le sens est, soit de faire quelque chose pour quelqu'un, soit de faire faire quelque chose à quelqu'un :
On peut dire que -kan est un suffixe télique, c'est-à-dire qu'il indique que l'action a un but.
Ce suffixe donne des verbes dont le sens général est d'indiquer le lieu où s'effectue l'action :
Le circonfixe di- -kan est la forme "passive" de me- -kan.
Le circonfixe di- -i est la forme "passive" de me- -i.
Ce préfixe donne l'agent de l'action exprimée par un verbe d'action (transitif). Il suit les mêmes règles de nasalisation que le préfixe verbal me- :
etc.
Il a un sens différent de l'autre préfixe pe-. Ce préfixe donne non pas un agent, mais quelqu'un qui possède une qualité ou pratique une activité :
Ici encore, une exception est le mot pelajar, "étudiant, élève", formé sur ajar, "enseigner", dans lequel le préfixe a la forme pel-.
Le préfixe pe- sans nasalisation correspond donc entre autres au préfixe verbal ber-.
Il présente donc une ambiguïté dans les cas de non-nasalisation de la consonne initiale. Par exemple, pemodal, formé sur modal ("capital"), peut aussi bien signifier "celui qui finance" que "celui qui détient un capital".
Cette forme archaïque n'est plus attestée que dans quelques mots, et on peut donc la considérer comme non productif :
Ce préfixe, également archaïque, n'est plus attesté que dans quelques mots, et on peut donc aussi le considérer comme non productif :
On trouve aussi ce préfixe dans les formes :
obtenues à partir de la base tahu = savoir. On peut supposer qu'il a existé :
sur lequel se seraient construites les formes ci-dessus, mais ce n'est qu'une hypothèse.
Ce suffixe exprime différentes choses :
En malais-indonésien, les infixes ne sont en principe plus productifs, c'est-à-dire qu'on ne les utilise plus comme procédé de production de mots. Ils n'existent plus qu'à l'état figé dans plusieurs mots. En outre, un même infixe peut être aussi bien verbal que nominal.
Voici quelques exemples :
Certaines de formes sont inusitées seules, mais sont employées en redoublement (voir plus loin).
On citera toutefois une tendance récente de faire revivre l'infixe -in, par exemple :
Le redoublement d'un mot n'est pas un procédé particulier aux langues austronésiennes. Il existe dans les autres langues, notamment en Asie de l'Est et du Sud-Est.
C'est toutefois un procédé très productif en austronésien, y compris en malais-indonésien. Sa fonction est de généraliser, ou étendre, ou dériver, ou affaiblir le sens initial du mot :
Il existe quelques formes de redoublement de la syllabe initiale uniquement :
En contexte, le redoublement peut exprimer le collectif ou la pluralité :
Le redoublement peut se combiner avec des affixes :
à comparer à :
qu'il faut distinguer de :
On trouve par ailleurs des formes redoublées avec infixation :
Un autre procédé est le redoublement avec modification de la base :
Enfin, il y a les formes redoublées figées, dont la forme simple n'existe pas. Il s'agit souvent d'animaux, mais pas toujours :
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