Les constitutions françaises sont les différents textes écrits qui ont organisé les institutions de la France à un moment donné de son histoire (sous des noms divers — charte, lois constitutionnelles) et primé sur les autres textes législatifs (en vertu de la théorie de la hiérarchie des normes).
Il ne sera pas ici traité des constitutions dites « coutumières », ou « matérielles », c'est-à-dire des différentes pratiques institutionnelles qui ont existé en France et qui ont parfois primé sur les textes constitutionnels écrits — par exemple les lois constitutionnelles de 1875 donnaient d'importants pouvoirs au président de la République mais la pratique de ces lois en fit un poste vide de tout pouvoir.
Le texte constitutionnel actuellement en vigueur en France est la constitution de 1958, qui fonde la Ve République. Elle fut approuvée par le peuple lors du référendum du , et promulguée officiellement le 4 octobre de la même année. La constitution de 1958, en vigueur depuis plus de 65 ans, est la deuxième constitution la plus longuement en vigueur, après les Lois constitutionnelles de 1875 qui instauraient la IIIe République, ayant elles duré soixante-cinq ans.
L'histoire constitutionnelle de la France est faite de nombreux changements qui ont conduit ce pays à expérimenter un grand nombre de régimes politiques depuis la Révolution française, allant du régime d'assemblée (la Convention nationale) à la dictature réactionnaire (Second Empire ou régime de Vichy), qui sont probablement les deux régimes les plus opposés possibles.
L'histoire constitutionnelle de la France depuis 1789 peut être divisée, dans ses grandes lignes, en quatre grandes parties : 1789-1848, 1848-1879, 1879-1958 et depuis 1958. C'est un perpétuel tâtonnement, empirique au début, plus raisonné à la fin, entre différentes traditions, et entre différents héritages.
La formation des traditions constitutionnelles du pays se fait entre la Révolution française et le renversement de Louis-Philippe Ier. Durant ces cinquante-neuf années les grands modèles sont expérimentés : régime d'assemblée, autoritarisme, monarchie constitutionnelle, régime parlementaire.
La tradition révolutionnaire du pouvoir législatif fort (en vertu du principe que c'est aux représentants de la nation de gouverner parce qu'ils sont l'expression de sa volonté) engendre par ses défauts l'émergence d'un régime strictement opposé, celui de Napoléon Bonaparte qui crée un pouvoir exécutif fort mais ayant reçu l'onction du peuple par le biais des plébiscites, se passant des chambres qui n'ont plus aucun pouvoir réel.
Les excès autoritaires du régime impérial engendrent à nouveau une réaction, mais qui cette fois va trouver un milieu : c'est la Seconde Restauration, où l'on voit l'émergence d'un contrôle du gouvernement par les chambres, et c'est la monarchie de Juillet qui est le premier régime parlementaire français.
De la IIe République à la IIIe République, les différents modèles évoqués sont mélangés pour aboutir à une synthèse. La Deuxième République tente de concilier exécutif viable et législatif fort contrôlant le premier. Mais en élisant le président de la République au suffrage universel, ce dernier reçoit la même légitimité que l'Assemblée nationale, ce qui ouvre la voie à un nouveau césarisme, où le chef de l'État est en lien direct avec le peuple, et où ainsi tout autre organe institutionnel n'est que superflu.
Toutefois l'évolution du Second Empire va l'amener progressivement à la démocratie. La constitution de 1870 instaure ainsi un régime parlementaire original tentant de concilier deux légitimités : celle du Parlement procédant du suffrage universel, et celle de l'empereur dont l'autorité émane du peuple par les plébiscites ; on peut poser le problème autrement en disant que la constitution de 1870 tente de concilier tradition orléaniste et césarienne, ou encore, autorité et parlementarisme.
La synthèse est finalement obtenue avec les débuts de la IIIe République où sont conjugués pour la première fois en France parlementarisme, république, suffrage universel.
La pratique institutionnelle de la IIIe République à partir de 1879 dévoile toutefois cette synthèse : le régime parlementaire va avoir des tendances de régime d'assemblée (où le pouvoir est entièrement aux mains du Parlement). Le président est cantonné à un rôle de figurant pendant que le gouvernement, incapable de gérer le pays efficacement en période de crise, recourt à la pratique du décret-loi.
La troisième grande partie de l'histoire constitutionnelle française dure donc de 1879 à 1958 : il s'agit de concilier cette fois démocratie, suffrage universel et stabilité de l'Exécutif, c'est-à-dire de réformer l'État afin de lui donner la force dont il a besoin pour gouverner, force qui réside dans l'Exécutif.
Cette période voit apparaître des projets de révision des lois constitutionnelles de 1875 : des projets de réformes constitutionnelles sont proposés pour tenter de redonner du pouvoir à l'Exécutif — peu aboutissent ; parmi eux, la création d'une administration attachée à la présidence du Conseil est le plus important (voir Décret du 31 janvier 1935).
Puis le régime de Vichy, utilisant l'antiparlementarisme qui s'est développé dans les décennies précédentes en réponse à l'impuissance du Parlement, redonne la primauté à un exécutif en contact direct par le peuple (un nouveau césarisme utilisant le mythe tant fasciste que césarien de « l'homme providentiel »).
En réaction à Vichy, la IVe République où l'on tente de rationaliser le parlementarisme de manière à conserver la primauté du législatif tout en confiant à l'Exécutif des garanties de stabilité, et de force. C'est un nouvel échec, qui aboutit lui à la Ve République, nouvelle synthèse entre les différents héritages constitutionnels français.
En effet la constitution de 1958 donne au pouvoir exécutif une force qu'il n'avait jamais eu auparavant, pouvoir personnifié dans le président de la République française dont les compétences sont étendues tant en politique étrangère qu'intérieure — il nomme ainsi le Premier ministre. Utilisant l'héritage de la pratique plébiscitaire, le général de Gaulle instaura par le biais du référendum un lien direct entre le peuple et le chef de l'État, lien renforcé par l'élection du président au suffrage universel direct à partir de 1962. Par cette élection il renforça également l'Exécutif en élargissant considérablement sa légitimité qui devient nationale.
La pratique institutionnelle a toutefois entraîné un déséquilibre croissant au profit du président de la République dont, en temps normal, le gouvernement et le Parlement semblent être des appendices plus ou moins obéissants — déséquilibre encore accentué par le quinquennat mis en place à la suite de la révision constitutionnelle de 2000, qui réduit la durée du mandat présidentiel à celui d'une législature. Les périodes de cohabitation, paradoxalement, respectent mieux la lettre du texte constitutionnel, avec un Exécutif divisé : le président a ce que l'on a appelé un « domaine réservé » (défense, politique étrangère) sur lequel n'empiète pas le gouvernement — la théorie du « domaine réservé » est contestée par certains comme étant inconstitutionnelle.
Il existe plusieurs textes de nature constitutionnelle depuis la constitution de 1791 jusqu'à l'actuelle constitution de la Ve République. Chacun de ces textes est attaché à un régime particulier qui est mentionné. Les textes préparés mais jamais appliqués sont réunis plus bas.
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