La conservation de la nature consiste en la protection des populations d'espèces animales et végétales, ainsi que la conservation de l'intégrité écologique de leurs habitats naturels ou de substitution (comme les haies, carrières, terrils, mares ou autres habitats façonnés par les humains).
Son objectif est de maintenir les écosystèmes dans un bon état de conservation et de prévenir ou de corriger les dégradations qu'ils pourraient subir.
L'écologisme a des racines anciennes et plutôt anglo-saxonnes, qui ont évolué à la fin du XXe siècle. Il est passé du statut de science de protection patrimoniale, qui le plus souvent enregistrait et tentait de traiter localement des catastrophes écologiques, à une science d'action plus globale cherchant à mieux les anticiper. Le terme a été inventé par le premier ingénieur forestier américain Gifford Pinchot.
Cette discipline a pour origine une bataille politique sur l'utilisation de la vallée d'Hetch Hetchy en 1895 et opposait l'approche « préservationniste » du naturaliste John Muir, promoteur de la protection de grands espaces vierges, et l'approche « conservationniste » (ou « ressourciste ») de Gifford Pinchot, avec une approche managériale des ressources.
L'écologue Robert Michael Pyle (en) a introduit en 1978 le concept de l'« extinction de l'expérience de nature » selon lequel les individus humains des sociétés occidentales perdent progressivement leurs liens à la nature, ce qui peut avoir des effets insidieux et profonds sur la protection de la nature et de la biodiversité.
Le terme de conservation ne bénéficie d'aucune définition dans la Convention de Rio alors que le mot y est très employé. Il n'existe pas de définition officielle et arrêtée de la conservation de la nature, mais les termes employés sont souvent les mêmes que ceux utilisés pour expliquer le développement durable. La stratégie globale pour l'environnement biophysique et la biodiversité parle ainsi de la conservation comme étant « la gestion de l'utilisation par l'homme de la biosphère permettant aux générations présentes de profiter des bénéfices durables, tout en maintenant son potentiel de répondre aux besoins et aspirations des générations futures ».
Pour Carl Jordan, c'est une « philosophie de la gestion de l'environnement qui n'entraîne, ni son gaspillage, ni son épuisement, ni son extinction, ni celle des ressources et valeurs qu'il contient ».
La conservation de la nature est à l'origine de la biologie de la conservation, science nouvelle appliquant les principes de l'écologie, de la biogéographie et de l'écologie du paysage, ainsi que de la dynamique et de la génétique des populations. L'anthropologie, les sciences économiques et la sociologie sont également mises à contribution, dans un triple objectif de restauration, protection et/ou gestion de la biodiversité.
Michael E. Soulé, biologiste américain et l'un des fondateurs de cette science nouvelle, décrit la biologie de la conservation comme la « science de la rareté et de la diversité » (Science of Scarcity and Diversity, titre d'un ouvrage de Michael Soulé).
« Une nouvelle discipline qui s'adresse aux dynamiques et problèmes d'espèces, communautés et écosystèmes perturbés. […] Son objectif est de fournir des principes et outils pour la préservation de la diversité biologique. »
Il décrit également cette discipline comme une « science de la crise » : où les gestionnaires et les biologistes doivent apporter des solutions rapides et efficaces à des problèmes de conservation importants, comme préserver une population d'espèce menacée d'extinction par exemple. Le biologiste de la conservation doit souvent trouver des réponses et des méthodes de gestion à des problèmes de conservation dont il n'a pas toutes les données, puisque les outils et principes théoriques sont encore en cours d'élaboration, et que nous ne disposons pas de toutes les informations sur la biologie des espèces à gérer.
La biologie de la conservation peut être appliquée à de multiples échelles spatio-temporelles, en fonction de l'objet visé par le programme de conservation :
Cette protection peut être appliquée :
Il peut enfin s'agir du patrimoine agricole, avec la conservation génétique et la culture de variétés traditionnelles (ou l'élevage de races traditionnelles).
Un système de suivi et d'évaluation (basé par exemple sur des bioindicateurs) permettent aux gestionnaires ou conservateurs d'espaces naturels de mesurer les progrès faits en fonction des objectifs définis, généralement écrits dans un Plan d'action ou Plan de gestion du milieu, régulièrement mis à jour (par exemple tous les 5 ans dans les réserves naturelles françaises).
Restaurer, protéger et gérer la nature a un coût, qui peut être comparé à l'estimation de ce que coûterait le fait de ne pas le faire. En mai 2008, l'économiste indien Pavan Sukhdev avait conclu que l'érosion de la biodiversité coûtait déjà de 1 350 à 3 100 milliards d'euros par an. En laissant disparaître une grande partie des services écosystémiques rendus par la Nature à la société, l'humanité se priverait encore de nombreuses richesses et d'atouts vitaux pour le futur. Selon Pavan Sukhdev, chaque milliard investi en faveur de la diversité animale et végétale permet à long terme un « retour sur investissement » au moins cent fois supérieur ; Par exemple, avec 45 milliards de dollars/an affectés aujourd'hui à la création d'aires protégées, ce sont 4 à 5 000 milliards de dollars de revenus et d'économies qui seront - selon lui - permis par an dans quelques décennies. Autres exemples : bloquer la déforestation, c'est l'équivalent de 20 % de nos émissions de gaz à effet de serre qui ne serait pas émis, rappelle l'auteur. En 2008, 1 million de dollars a servi à restaurer 12 000 hectares de mangroves au sud Vietnam ; mais cela économisera l'entretien de digues qui coûtent plus de 7 millions de dollars/an. Si on ne sauve pas les récifs coralliens, ce sont 500 millions de personnes qui seront touchées.
Un grand nombre de méthodes, outils et stratégies et outils d'évaluation ont été mobilisés depuis le XXe siècle.
De nombreuses variantes existent qui toutes posent des questions en termes d'éthique environnementale ; les communautés doivent faire des choix difficiles parmi des solutions qui peuvent être classées entre deux grandes tendances :
Après 2010, année internationale de la biodiversité, de nombreux états ou l'Europe ont réviser leurs stratégies pour la biodiversité. Une gouvernance mondiale de la biodiversité semble se dessiner.
La directive habitat vise l'état de conservation favorable pour les sites Natura 2000, afin de contribuer au maintien de la biodiversité.
L'un des objectifs que l'Union européenne s'est donné dans son sixième programme d'action pour l'environnement, est de « protéger et restaurer la structure et le fonctionnement des systèmes naturels, en mettant un terme à l'appauvrissement de la biodiversité dans l'Union européenne et dans le monde ».
Pour ce faire, elle veut, avec les États-membres :
Il existe une grande variété d'outils pour protéger la nature : ils peuvent viser la protections d'espèces particulières, d'espaces naturels ou de services écosystémiques. On peut distinguer les outils réglementaires, issus de la loi, définissant ce qui est autorisé et ce qui ne l'est pas et les incitations financières, positives (subventions, paiements pour services de restauration), ou négatives (taxes, amendes).
À l'échelle internationale, plusieurs conventions dont l'objectif est la conservation de la nature, ont été ratifiées par un grand nombre d'États :
Celles-ci n'ont pas toujours de portée contraignante et n'engagent que les états signataires.
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