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Charles Tillon, né le à Rennes et mort le à Marseille, est un homme politique français, député, ministre, membre du comité central et du bureau politique du Parti communiste français.
Il prit part à la Résistance pendant la guerre, en tant que fondateur et commandant en chef des FTPF (Francs tireurs et partisans français).
Il naît à Rennes où son père est syndiqué des tramways à vapeur d'Ille-et-Vilaine puis courtier à domicile après son licenciement pour activités syndicales. Il est élevé par sa grand-mère paternelle jusqu'à l’âge de l'école primaire, à Saint-Grégoire. Il est ensuite repris par ses parents. Sa mère tient un café au bas de la place des Lices à Rennes, où il est élève à l'école primaire de la rue d'Échange puis de l'École d'Industrie du boulevard Laënnec. Il se plaisait à dire qu'il devait tout à la formation reçue dans ces deux écoles.
Ajusteur à l'arsenal de Brest avant la Première Guerre mondiale, il s'engage dans la marine en 1916 et embarque comme matelot mécanicien sur le croiseur Guichen. En février 1919, le croiseur était mouillé en rade d'Itéa (Grèce), loin des « mutineries de la mer Noire », où est impliqué un autre futur cadre du PCF, André Marty. La guerre étant finie, l'équipage pense être démobilisé rapidement, mais le navire est utilisé pour des transports de troupes. Le 25 mai, pour des raisons liées à la dureté du commandant du Guichen, le capitaine de frégate René Ernest Sémichon, alors que le croiseur est de retour à Itéa après avoir transporté des tirailleurs sénégalais depuis Tarente, il fait partie des meneurs qui se rebellent et entraînent avec eux l'équipage qui refuse d'obéir à ses officiers. La mutinerie est rapidement matée et il est condamné à cinq ans de bagne militaire. Envoyé au Maroc, il est assez rapidement rapatrié pour raisons sanitaires (asthme) et, peu après, amnistié à la suite de la campagne menée par le Parti communiste en faveur des mutins de la mer Noire. Il faut noter qu'il ne faisait partie, à ce moment, d'aucun mouvement révolutionnaire, ni de sympathie pour le bolchevisme, et que c'est de sa propre initiative qu'il avait provoqué une mutinerie à bord du Guichen.
Il travaille comme ajusteur dans un atelier à Nantes, adhère au Parti communiste-SFIC en 1921. Il est ensuite chargé d'entretien des machines d'une usine de soie artificielle.
Adhérent de la Confédération générale du travail (CGT), il soutient en 1923 la scission de la CGTU, dont il devient un permanent dès 1924 (il sera élu au bureau confédéral en 1931). En 1925, il est très actif lors de la grève des sardinières « Penn-Sardins » à Douarnenez, puis en 1926 dans le Pays bigouden. Peintre à ses heures, il immortalise d'ailleurs un défilé des ouvrières en grève sur les dunes, drapeau rouge en tête. En 1928, à la tête du syndicat CGTU, il passe deux ans à organiser des grèves à Nantes et à Saint-Nazaire dans la métallurgie. Il doit également combattre la CGT « réformiste ». Entre 1924 et 1935, il est condamné à plusieurs peines de prison (grèves, outrages à commissaires).
En 1931, il fait un bref séjour en URSS à l'occasion du congrès de l'Internationale syndicale rouge, dont il rentre « ravi », puis passe rapidement aux instances dirigeantes du Parti communiste : il est élu en mars au comité central, puis en 1932 comme suppléant au bureau politique du parti.
Il devient député d'Aubervilliers lors de la victoire du Front populaire en 1936.
En 1939, il est en mission politico-humanitaire à Alicante et Valence en avril, pour tenter de rapatrier les derniers combattants républicains. À l’exception d'un vieux cargo, Le Lézardrieux, les navires promis par France-Navigation, propriété du PCF, n'ont pas pu arriver à temps. Il reste auprès de ses compagnons et se trouve placé aux arrêts au consulat de France avec le consul. Il obtiendra un sauf-conduit en qualité de député.
En 1940, député membre du groupe ouvrier et paysan français, il est déchu de son mandat, le et condamné par contumace le par le 3e tribunal militaire de Paris à cinq ans de prison, 5 000 francs d'amende et cinq ans de privation de ses droits civiques et politiques pour appartenance à un groupe parlementaire succédant au groupe communiste et propagation des « mots d'ordre de la IIIe Internationale ».
Alors que l'URSS est liée à l'Allemagne par le pacte germano-soviétique, Tillon, après avoir entendu à la radio le discours de Pétain demandant de cesser le combat, rédige à Bordeaux un tract qu'il signe au nom du Parti communiste et qui, après la guerre, a pu être présenté, sous le nom d'appel du 17 juin 1940, comme un véritable « appel » à la résistance au fascisme hitlérien, mais qui, selon Yves Santamaria, n'est que « modérément décalé par rapport aux analyses kominterniennes », dénonce la guerre comme impérialiste et rejette l'alliance avec l'Angleterre. Pour leur part, Jean-Pierre Besse et Claude Pennetier sont sensibles à la différence de ton entre ce tract, offensif envers l'hitlérisme, et les comportements plus ambigus à la même période d'autres membres de la direction du parti (dont Jacques Duclos). Le tract de Charles Tillon leur semble symptomatique de la pensée d'un dirigeant proche des milieux syndicalistes, davantage en prise avec la classe ouvrière, et qui ne s'est rendu qu'une fois (en 1931) en Union soviétique. Il y affirme avec conviction que « le peuple français ne veut pas de l'esclavage, de la misère, du fascisme, pas plus qu'il n'a voulu de la guerre des capitalistes. Il est le nombre. Uni, il sera la force ». « Peuple des usines, des champs, des magasins et des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins, aviateurs encore sous les armes, unissez-vous dans l'action ». Il publiera un second texte le 18 juillet, invitant « à l'union pour chasser à la fois les capitalistes, leur tourbe de valets et de traîtres, et les envahisseurs. »
En octobre, il reprend contact avec Benoît Frachon et il est question qu'il entre à la direction du Parti. En décembre, il participe aux règles de sécurité de la clandestinité.
De 1944 à 1947 : il est réélu député d'Aubervilliers - maire d'Aubervilliers. Après la libération de Paris, il est successivement ministre de l'Air, de l'Armement et de la Reconstruction. Au ministère de l'Air, il a dans son cabinet Marcel Valtat qu'il envoie en Allemagne pour essayer de faire venir Wernher von Braun, en France. Il crée le premier corps de pilotes militaires féminins. En mai 1945, les premières manifestations nationalistes à Sétif, en Algérie, et les morts d'Européens qui en résultent, sont durement réprimés notamment par des bombardements de l’aviation française qui rasent plus ou moins complètement plusieurs agglomérations, alors qu'il est ministre. Charles Tillon expliquera par la suite qu’il ne fut jamais informé par ses collègues du gouvernement ou par ses services, puis qu'après avoir été informé de l'étendue du drame, il avait voulu démissionner du gouvernement, mais que « la direction du Parti » avait refusé.
En 1970, le 3 juillet, il signe avec Roger Garaudy, Jean Pronteau et Maurice Kriegel-Valrimont un manifeste : « Il n'est plus possible de se taire » et se voit exclu du Parti communiste, ainsi que son épouse Raymonde Tillon.
En 1975, il se retire à La Bouëxière en Bretagne. En 1986, il remet la Légion d'honneur à Armand Simonnot (deux mois avant son décès) en présence d'anciens FTP du Cher et de la Nièvre.
Sous sa présidence, l'association des anciens FTP publie avec le comité français pour la défense des immigrés (CFDI) en février 1951 aux éditions sociales Pages de gloire des 23, livre illustré sur les FTP MOI, avec une préface de Justin Godart, président du CFDI, dont il écrit la postface.
Charles Tillon a été victime de la période de mise à l'écart de grands résistants du PCF, comme celles, la même année, du député communiste André Marty, secrétaire de l'Internationale communiste de 1935 à 1943, et de Georges Guingouin, chef des maquis du Limousin, puis celles en 1954 des deux leaders de la résistance dans le Nord-Pas-de-Calais, Auguste Lecœur et René Camphin, un troisième, Roger Pannequin ayant été blâmé dès 1951 lors de l'affaire Pronnier sur la base d'un témoignage très controversé, auquel la justice n'a pas donné crédit, ni par la voie du parquet ni par la cour d'assises,. René Camphin subira aussi un blâme de son parti lors de l'affaire Pronnier. L'historienne française Annie Kriegel y verra un désaccord d'origine politique entre dirigeants communistes à l'époque de la fin de vie puis de la mort de Staline en mars 1953, tandis qu'Auguste Lecœur et Philippe Robrieux un réflexe de défense de l'entourage de Maurice Thorez, qui n'avait de son côté pas la même légitimité historique, n'ayant pas participé à la Résistance française.
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