En grammaire, le terme « apposition » (du latin appŏsĭtĭo « action d’ajouter ») a des interprétations diverses.
Il y a plusieurs constructions syntaxiques comprenant une partie considérée comme telle par divers grammairiens, et aucune de leurs définitions ne couvre la notion dans toutes ces constructions, des facteurs sémantiques et syntaxiques divers y étant impliqués.
Au sens le plus large, l’apposition est un mot ou un groupe de mots associé à un terme de la phrase, qui désigne la même réalité que ce terme mais d’une autre manière (identité de référence). Le plus souvent, on considère comme apposition une entité disjointe, c’est-à-dire séparée du terme auquel elle est apposée par une pause dans la parole et une virgule à l’écrit, mais il y a aussi des entités conjointes considérées comme des appositions. Les entités appelées appositions sont diverses quant à leur nature. Exemples en français :
Dans des grammaires d’autres langues :
Outre la nature de l’apposition, divers auteurs prennent en compte des termes de natures diverses auxquels on peut ajouter une entité appelée apposition. C’est le plus souvent un nom (voir la plupart des exemples ci-dessus), mais cela peut aussi être une autre entité. Exemples en français :
Divers grammairiens réduisent la gamme des constructions ci-dessus lorsqu’ils traitent de l’apposition. Pour le français, Mauger 1971, par exemple, en exclut l’adjectif qui, selon lui, peut bien être disjoint, mais en tant qu’épithète. Pour Grevisse et Goosse 2007, « l’apposition est un élément nominal placé dans la dépendance d’un autre élément nominal et qui a avec celui-ci la relation qu’a un attribut avec son sujet, mais sans copule ». Cette grammaire aussi en exclut donc l’adjectif, mais aussi le verbe à l’infinitif et la proposition. Il en est de même en ce qui concerne les grammaires traditionnelles de l’anglais, du roumain ou des langues du BCMS. Exemples d’appositions dans ces grammaires :
Toutes les entités que les grammaires du hongrois considèrent comme des appositions sont disjointes et postposées, sans prendre en compte les infinitifs et les propositions. Ce qui dans d’autres grammaires est une apposition conjointe est, selon elles, un complément du nom ou du pronom : Pista bátyám « mon frère aîné Pista ». Par contre, elles incluent parmi les appositions les adjectifs disjoints qui sont, il est vrai, substantivés dans cette situation : A lejtőket, a havasakat még nem süti elég melegen a nap « Les pentes, les neigeuses, ne sont pas encore assez chaudement ensoleillées ».
Les grammairiens sont en général d’accord pour affirmer que l’apposition a pour trait principal l’identité de référence avec le terme auquel elle est associée,,,,. Certains y ajoutent ou mentionnent seulement l’équivalence syntaxique avec ce terme,. Selon certains auteurs, l’un des critères de définition de la construction appositive est sa transformabilité en construction sujet + copule + attribut,.
Comme il n’y a pas d’unité de points de vue sur la définition de l’apposition, il n’y en a pas non plus sur la question si l’apposition est ou non une fonction syntaxique et, dans ce dernier cas, si elle est un type d’épithète ou de complément du nom/pronom, ou bien si elle est une fonction syntaxique à part.
Selon certains auteurs, l’apposition n’est pas une fonction grammaticale, l’entité mise en apposition n’ayant pas par elle-même de fonction syntaxique. La preuve en serait qu’un syntagme nominal peut être apposé :
Cet argument est présent chez d’autres auteurs aussi, même de ceux qui ne nient pas à l’apposition une fonction syntaxique.
Exemples en anglais :
En roumain :
En hongrois :
Dans Nagy 1980, une grammaire du hongrois, l’apposition ne figure pas dans le chapitre de la syntaxe. On y considère qu’elle est en dehors de la proposition, étant une construction elliptique, consistant en le terme subordonné à un terme répété. D’une phrase complexe comme Tél volt, kemény tél volt « C’était l’hiver, c’était un hiver rigoureux », la partie redondante est éliminée et il en reste l’adjectif kemény « rigoureux » en tant qu’apposition : Tél volt, kemény « C’était l’hiver, un rigoureux ».
Ce statut est attribué à l’apposition par Grevisse et Goosse 2007, par exemple, ainsi que par les grammaires du BCMS mentionnées dans cet article.
Dans le cas de l’apposition conjointe, il y a des divergences quant à considérer lequel des termes de la construction est en fait l’apposition. Pour certains, c’est toujours le second, par exemple pour Mauger 1971. Ainsi, dans le syntagme le mois de juin, l’apposition serait de juin, et dans le roi René – René. De même pour les grammaires du roumain : dans fluviul Dunărea « le fleuve du Danube », l’apposition serait Dunărea. Par contre, selon Grevisse et Goosse 2007, l’apposition est parfois le second terme (ex. une girafe mâle), mais d’autres fois le premier : le mois dans le syntagme le mois de mai, le poète dans la phrase J’ai rencontré le poète Hugo. Son interprétation découle de la définition que cette grammaire donne à l’apposition, considérant que celle-ci provient d’une phrase où poète est le noyau de l’attribut, résultat d’une transformation de la suite de phrases J’ai rencontré Hugo. Hugo est un poète.
Les grammaires BCMS ont le même point de vue que Grevisse et Goosse 2007 de l’apposition antéposée à un nom propre, pour exprimer ce qu’est quelqu’un ou quelque chose : gospodin Galović « monsieur Galović », Komšija ima kuću u gradu Zagrebu « Le voisin a une maison dans la ville de Zagreb », restoran „Proleće“ « le restaurant Le Printemps ».
Dans des grammaires du hongrois, seul un certain type d’apposition est considéré comme un élément subordonné à part, celui qu’on y appelle apposition d’identification, ex. Pistát, a fiamat ellenfélnek tekintették « Ils considéraient Pista, mon fils, comme un adversaire ».
Dans certaines grammaires traditionnelles, tous les types d’appositions exprimées par un nom ou un substitut de nom (pronom, numéral, adjectif qualificatif ou relationnel substantivés) sont considérées comme un type d’une fonction syntaxique qui réunit l’épithète et le complément du nom ou du pronom.
Dans les grammaires du roumain, par exemple, où c’est cette fonction syntaxique qui est prise en compte, l’apposition est considérée comme un type de cette fonction exprimée par :
Dans des grammaires du hongrois, où l’épithète et le complément du nom/pronom sont également réunis en une seule fonction syntaxique, on trouve le même traitement de l’apposition. On y établit les différences entre l’épithète et le complément du nom/pronom, d’un côté, et l’apposition, de l’autre : cette dernière est postposée au terme déterminé, en reçoit la désinence (éventuellement la postposition), en est disjointe et peut constituer avec ce terme une construction sujet + copule + attribut. On y distingue deux types d’apposition :
Dans des grammaires du hongrois plus récentes, seul le premier type ci-dessus est rangé parmi les épithètes et les compléments du nom/pronom,.
Selon certains grammairiens, la construction appositive d’identification est une construction à coordination. En effet, les deux ont des traits communs :
Cependant, la construction appositive présente aussi des traits différents de ceux de la construction à coordination :
En analysant les caractéristiques de la construction appositive, Balogh 1999 arrive à la conclusion qu’elle peut être considérée comme une construction intermédiaire entre les constructions à coordination et celles à subordination.
Dans certaines langues à déclinaison, les termes de la construction appositive exprimés par des noms ou des substituts de noms sont d’ordinaire aux mêmes cas et nombre. Dans les langues qui connaissent la catégorie grammaticale du genre, ils peuvent ou non être au même genre aussi.
Exemples en BCMS :
En hongrois, l’apposition exprimée par un adjectif substantivé est toujours au même cas que le terme auquel il est associé. L’apposition exprimée par un nom ou un pronom est au même cas pour les fonctions de sujet, de COD, de COI d’attribution et de CC d’accompagnement/d’instrument, mais peut être à un cas différent pour les fonctions qui s’expriment par plusieurs désinences, tel le CC de lieu. Exemples :
En roumain actuel, une langue à déclinaison relativement réduite, l’apposition est toujours au nominatif, le terme auquel elle est associée pouvant être à un autre cas : I-am scris Floricăi, sora mea « J’ai écrit à Florica, ma sœur » (datif + nominatif).
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