L'affaire Suzanne Viguier est celle de la disparition, le 27 février 2000, de Suzanne Blanch, épouse de Jacques Viguier.
Affaire Viguier | |
Fait reproché | Disparition |
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Chefs d'accusation | Enlèvement Meurtre |
Pays | France |
Ville | Toulouse |
Date | |
Jugement | |
Statut | Affaire non élucidée : acquitté en première instance et en appel |
Tribunal | Cour d'assises de Haute-Garonne Cour d'assises d'appel du Tarn |
Date du jugement | |
Recours | Jacques Viguier bénéficie d'une remise en liberté le Appel interjeté par le ministère public |
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À la suite des déclarations d'Olivier Durandet qui s'est présenté comme l'amant de Suzanne, des soupçons ont conduit la police à mettre en cause son mari, Jacques. Un premier procès, en , a abouti à l'acquittement de Jacques Viguier, confirmé en appel en .
Suzanne Blanch, née le à Aurillac, et Jacques Viguier, né le à Toulouse, se sont mariés le . Jacques est professeur de droit à l'université Toulouse-I-Capitole. Suzanne, après avoir été son élève, devient professeur de danse. Elle règle des chorégraphies et monte des spectacles dans un cabaret transformiste de Toulouse. Vivant dans un pavillon toulousain, dans le quartier de l’Ormeau, ils ont trois enfants, Clémence, 11 ans à l'époque des faits, et ses frères jumeaux, Guillaume et Nicolas, 8 ans. Le couple fait chambre à part depuis 1995 lorsque Suzanne découvre que son mari commet de nombreuses infidélités avec ses étudiantes. Bien qu'elle soit supposée avoir été victime de violences conjugales, Suzanne ne divorce pas afin de conserver une cellule familiale pour ses enfants[réf. nécessaire].
En , elle fait la connaissance d'Olivier Durandet, 31 ans, vendeur de matériaux de construction. Selon les déclarations de ce commercial, ils deviennent amants. Fin , Suzanne décide de divorcer. Jacques Viguier affirme n'avoir découvert que « le , en garde à vue » la nature de la relation entre Suzanne et Olivier, ce que confirme Olivier : « Il sait que je suis le confident de Suzy, pas que je suis son amant. » Jacques Viguier précise : « Olivier était avenant, il faisait des plaisanteries, essayait d'être ami avec toute la famille » ; il lui aurait même confié à quelques occasions la garde de ses enfants. Le père de Jacques Viguier dresse de celui qui se revendique amant de Suzanne un portrait de profiteur, parasite et de pique-assiette. Il a pour lui le qualificatif d'« écornifleur » et observe que « sous ses airs patelins de bon gros Raminagrobis, il a influencé les témoins et les policiers ».
Face à la défense, les parties civiles sont divisées :
La date du premier procès fait l'objet d'une polémique. Une ordonnance de renvoi des audiences est rendue le par Jean-Louis Cousté, président de la cour d'assises de la Haute-Garonne. La demande a été présentée par la défense, en raison de l'état émotionnel de l'accusé, mais le président a estimé que les aspects d'organisation suffisaient à justifier le report.
Jacques Viguier est représenté par les avocats Henri Leclerc et Georges Catala. Francis Szpiner est l'avocat d'une des parties civiles,.
Le , après dix jours de débats, Jacques Viguier est acquitté.
Le , le procureur général de la cour d'appel de Toulouse interjette appel du verdict de la cour d'assises de la Haute-Garonne.
Le , le procès en appel de Jacques Viguier s'ouvre aux assises du Tarn, à Albi, sous la présidence de Jacques Richiardi, « remarquablement organisé sur le plan matériel par le procureur de la République d'Albi, Jean-Christophe Muller ».
Le procès est très médiatisé. Largement couvert par la presse, il a attiré de plus en plus de curieux et de professionnels du droit et du théâtre : « Serge Regourd, professeur de droit à l'université des sciences sociales de Toulouse, ami de Jacques Viguier, attend, anxieux. Pour le dernier jour d'un procès exceptionnel, des avocats parisiens et toulousains sont venus soutenir leurs confrères : Me Simon Cohen, Me Thierry Herzog, Me Sylvie Topaloff. L'écrivaine Yasmina Reza a fait le déplacement. »
L'avocat général, Marc Gaubert, qui avait déjà requis lors du premier procès, déclare : « Je maintiens mes réquisitions de quinze à vingt années, je n'ai pas d'éléments pour les coups et blessures involontaires ayant provoqué la mort sans intention de la donner. » Ces réquisitions interviennent dans une affaire où « il n'y a ni corps, ni preuves, ni aveux dans [le] dossier, où l'existence d'un crime n'est pas même avérée. ». Selon Stéphane Durand-Souffland (par ailleurs biographe d'Éric Dupond-Moretti) dans Le Figaro, « le réquisitoire, vendredi, est apparu comme décousu et trivial, ce qui n'est pas le pire des péchés. Mais, en refusant de trancher nettement entre le meurtre et les coups mortels, en réclamant la même peine qu'en première instance sur le fondement d'une démonstration inexistante, l'avocat général a donné l'impression de se décharger de toute responsabilité sur les jurés ».
Jacques Viguier a pris comme avocats Jacques Lévy et Éric Dupond-Moretti. Selon ce dernier, « ce procès est devenu un concours Lépine de l’hypothèse ». Comme au premier procès, l'accusé peut compter sur le témoignage de ses enfants, convaincus de son innocence.
Le , avant que le jury se retire pour délibérer, vers 10 h 45, Jacques Viguier déclare : « Je viens de vivre dix ans d'horreur et de chemin de croix. J'espère que ces débats qui ont été longs et douloureux vous auront apporté la preuve de mon innocence. Faites que mon univers ne s'effondre pas, s'il vous plaît. Je vous supplie de rendre ma dignité d'homme pour les enfants et pour Suzy » (citation de Jacques Viguier avant les délibérés).
À l'issue de six heures et demie de délibérations, le verdict est : acquittement (dans un jury de 15 membres, 10 voix sont nécessaires pour condamner : au moins six jurés se sont prononcés pour l'acquittement).
Les deux avocats de Jacques Viguier déclarent :
Les avocats des parties civiles réagissent :
Immédiatement, Jacques Viguier craint que le parquet ne se pourvoie en cassation. « Dès qu'il y a une possibilité de recours, on redoute que ce recours soit fait. ». Toutefois, le procureur général près la cour d'appel de Toulouse, Patrice Davost, déclare renoncer à former un pourvoi en cassation : « Je n'envisage pas de pourvoi, la vérité judiciaire a été dite, tout a été exprimé, exposé. Les jurés ont déclaré l'intéressé non coupable après un deuxième procès, il n'y a pas de matière pour former un pourvoi en cassation. [...] L'affaire Viguier est définitivement classée. ».
: Olivier Durandet est interpellé à son domicile en fin de journée et entendu dans les locaux du commissariat d'Albi. Le premier accusateur de Jacques Viguier est placé en garde à vue dans la soirée « dans le cadre d'une enquête pour subornation de témoin », ainsi que la baby-sitter, Séverine Lacoste, pour « faux témoignage ». Au cours de l'audience du procès en appel, celle-ci reconnaît être allée deux jours après la disparition de Suzanne au domicile des Viguier en compagnie d'Olivier Durandet alors qu'elle a jusqu'ici toujours dit s'y être rendue « seule ». Elle précise que ce faux témoignage lui a été demandé par Olivier Durandet.
: le procureur de la République d'Albi, Jean-Christophe Muller, a choisi d'infliger un rappel à la loi, déclarant que « ce rappel à la loi n'est ni une condamnation ni un classement sans suite, mais une mesure alternative aux poursuites qui me paraît la plus adaptée » ; quant au faux témoignage attribué à Mme Lacoste, le procureur a considéré que « dans la mesure où le témoin s'est rétracté à l'audience, l'infraction n'est pas constituée et les poursuites n'existent plus lorsque la personne reconnaît sa faute ».
Cette mesure de rappel à la loi provoque des réactions, notamment de la part de Dominique Labarrière, auteur d'un livre sur l'affaire : « Le comble est que finalement les charges contre le faux témoignage sont abandonnées, et que la subornation de témoins ne fait l'objet que d'un simple rappel à la loi. ».
Jacques Viguier a déclaré à RTL, le : « Une petite réparation matérielle me paraît normale. »,
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