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ONGLÉ  ►

ONGLE, s. m. (Botan.) on appelle ongle ou onglet, en Botanique, une espece de tache, différenteen couleur du reste des pétales de certaines fleurs.On observe cette sorte de tache à la naissance desfeuilles de rose, de la fleur des pavots, & de plusieurs autres. (D. J.)

Ongle, (Anat.) les ongles sont ces corps,pour la plûpart, transparens, qui se trouvent auxextrémités des doigts tant des mains que des piés ; ilssont convexes en-dehors, concaves en-dedans, d’une figure ovale, & d’une consistence assez ferme.Ils semblent être en géneral de la même substanceque les cornes.

Malpighi, Boerhaave, Heister & plusieurs autrescélebres auteurs, prétendent avec beaucoup devraissemblance, que les ongles sont formé par lesmamelons de la peau ; ces mamelons couchéslongitudinalement à l’extrémité des doigts, s’alongent parallelement, s’unissent ensemble, & s’endurcissent avec des vaisseaux cutanés qui se soudent ; & l’épiderme se joignant à ces mamelonsvers la racine de l’ongle, leur sert comme de gaine.De tout cela résulte un amas de fibres déliées, &fortement collées ensemble, qui viennent de toutela partie de la peau qu’elles touchent, & qui forment plusieurs couches appliquées étroitement lesunes sur les autres. Ces couches n’ont pas la mêmelongueur, & sont arrangées par degré de telle façon,que les extérieures sont les plus longues, & lesintérieures les plus courtes. Enfin elles se séparentaisément par la macération : mais pour mieux développer encore la formation & la structure des ongles, nous allons emprunter les lumieres de M. Winslow.

La substance des ongles, dit-il, est comme cornée& composée de plusieurs plans ou couches longitudinales soudées ensemble. Ces couches aboutissentà l’extrémité de chaque doigt. Elles sont presque d’une égale épaisseur ; mais elles sont différentes en longueur.Le plus externe de ces plans est le plus long,& les plans intérieurs diminuent par degré jusqu’auplan le plus interne, qui est le plus court de tous ;de sorte que l’ongle augmente par degré en épaisseurdepuis son union avec l’épiderme, où il est le plusmince, jusqu’au bout du doigt, où il est le plusépais. Les extrémités graduées, ou racines de toutesles fibres, dont ces plans sont composés, sontcreuses, pour recevoir autant de mamelons très menus & fort obliques qui y sont enchâssés. Cesmamelons sont une continuation de la vraie peau,qui étant parvenue jusqu’à la racine de l’ongle, forme une repli semi-lunaire, dans lequel la racine del’ongle se niche.

Après ce repli semi-lunaire, la peau se continuesous toute la surface interne de l’ongle, & les mamelons s’y insinuent comme on vient de le dire. Lerepli de la peau est accompagné de l’épiderme jusqu’à la racine de l’ongle extérieurement, & il est très-adhérent à cette racine.

On distingue communément dans l’ongle trois parties ; savoir, la racine, le corps, & l’extrémité. Laracine est blanche & en forme de croissant. Elle estcachée entierement, ou pour la plus grande partie,sous le repli semi-lunaire dont nous venons de parler.Le croissant de l’ongle & le repli de la peau sontà contre-sens l’un de l’autre. Le corps de l’ongle estlatéralement vouté : il est transparent, & de la couleur de la peau mamelonnée. L’extrémité ou lebout de l’ongle n’est attaché à rien, & croît toujoursà mesure que l’on le coupe.

Les Anatomistes qui attribuent l’origine des ongles aux mamelons de la peau, expliquent par cemoyen plusieurs phénomenes au sujet des ongles.Ainsi, comme les mamelons sont encore tendresà la racine de l’ongle, de-là vient qu’il est si sensibleà cet endroit ; & comme plus l’extrémité des mamelons s’éloigne de la racine, plus cette extrémitése durcit, cela fait qu’on peut couper le bout desongles sans causer un sentiment de douleur.

Comme ces mamelons & ces vaisseaux soudésqui forment l’ongle viennent de la peau par étages,tant à la racine qu’à la partie inférieure, c’est pourcela que les ongles sont plus épais, plus durs, &plus forts en s’avançant vers l’extrémité ; à causeque naissans de toute la partie de la peau qu’ils touchent,les mamelons augmentent en nombre deplus en plus, & vont se réunir au bout des ongles.C’est aussi par le moyen de ces mamelons que lesongles sont fortement attachés à la peau qui est au-dessous.Cependant, on peut aisément les en séparer dans les cadavres par le moyen de l’eau chaude.

Quant à la nourriture & à l’accroissement desongles, on l’explique en disant que, comme les autres mamelons de la peau ou des vaisseaux qui leurportent la nourriture, les mamelons des ongles enont aussi de semblables à leur commencement. Deces mamelons, qui sont les racines, il sort des fibres qui s’alongent, se collent ensemble & se durcissent ; & de cette maniere les ongles se nourrissent& croissent couche sur couche en naissant de toutela partie de la peau qu’ils touchent, comme il a étéexpliqué ci-dessus.

Les ongles, pendant la vie, croissent toujours ;c’est pourquoi on les rogne à mesure qu’ils surpassent les extrémités des doigts. Les Romains se lesfaisoient couper par des mains artistes ; les nègresde Guinée les laissent croître comme un ornement,& comme ayant été faits par la nature pour prendrela poudre d’or.

C’est une erreur populaire en Europe, d’imaginer que les ongles croissent après la mort. Il est facile de se convaincre de la fausseté de cette opinion,pour peu qu’on entende l’économie animale : maisce qui a donné lieu à cette erreur, c’est qu’après lamort les extrémités des doigts se dessechent & seretirent, ce qui fait paroître les ongles plus longsque durant la vie ; sans compter que les maladeslaissent ordinairement croître leurs ongles sans lescouper, & qu’ainsi ils les ont souvent fort longsquand ils viennent à mourir après une maladie quia duré quelque tems.

Quelquefois on apperçoit une tache à la racine del’ongle, & l’on remarque qu’elle s’en éloigne à mesure que l’ongle croît, & qu’on la coupe : cela arriveainsi, parce que la couche qui contient la tacheétant poussée vers l’extrémité par le suc nourricierqu’elle reçoit, la tache doit l’être pareillement. Lamême chose arriveroit si la tache se rencontroit ailleurs qu’à la racine.

Quand un ongle est tombé, à l’occasion de quelqu’accident, on observe que le nouvel ongle se forme de toute la superficie de la peau, à cause queles petites fibres qui viennent des mammelons,& qui se collent ensemble, s’accroissent toutes enmême tems.

La grande douleur que l’on ressent quand il y aquelque corps solide enfoncé entre l’ongle & la peau,ou quand on arrache les ongles avec violence ; cettedouleur, dis-je, arrive à cause que leur racine esttendre & adhérente aux mamelons de la peau, quisont proprement les organes du toucher & du sentiment ; de sorte que la séparation des ongles ne peutpas se faire sans blesser ces mamelons, & parconséquent, sans occasionner de très-vives douleurs.

Au reste, comme on l’observe, quand les mamelons sont anéantis quelque part, la peau perdson propre sentiment en cet endroit ; on peut aussiconjecturer que lorsqu’ils sont anéantis à l’endroitdes ongles, de nouveaux ongles ont de la peine à seproduire.

Les usages des ongles sont principalement les suivans : 1°. ils servent de défense aux bouts des doigts& des orteils, qui, sans leur secours, se blesseroientaisément contre les corps durs. 2°. Ils les affermissent,& empêchent qu’en pressant ou en maniant des choses dures, les bouts des doigts & des orteils ne serenversent contre la convexité de la main ou du pié ;car dans les doigts, c’est du côté de la paume de lamain, & dans les orteils, c’est du côté de la plantedu pié que se font les plus fréquentes & les plus fortes impressions quand on manie quelque chose, ouquand on marche : c’est pourquoi l’on peut dire, quenon-seulement les ongles tiennent lieu de boucliers,mais qu’ils servent sur-tout comme d’arc-boutans.3°. Ils donnent aux doigts de la main la facilité deprendre & de pincer les corps qui échaperoient aisément par leur petitesse. Les autres usages sont assez connus. Nous parlerons dans la suite des onglesdes animaux. Mais nous invitons le lecteur à lire lesremarques particulieres de M. du Verney sur ceuxde l’homme dans le journal des savans du 23 Mai1689.

Il arrive quelquefois que l’ongle du gros orteilcroît dans la chair par sa partie latérale, ce qui causede fort grandes douleurs, & la chair croît sur l’ongle. C’est en vain que l’on tâche de consumer cettechair par des cathérétiques, si préalablement on necoupe l’ongle avec beaucoup de dextérité ; aprèsquoi l’on tire avec une pincette le morceau d’ongle,& on l’enleve le plus doucement qu’il est possible ;ce qui pourtant ne peut se faire sans causer une vivedouleur.

Pour prévenir la récidive, quelques-uns conseillent,le mal étant gueri, de ratisser l’ongle par lemilieu avec un morceau de verre, une fois tous lesmois, jusqu’à ce que l’ongle soit tellement émincé,qu’il céde sous le doigt. Quoiqu’on ne fasse pas ordinairement grand cas de cette blessure, il y a cependant des auteurs qui rapportent qu’elle n’a paslaissé, arrivant sur-tout à des sujets d’une mauvaiseconstitution, d’occasionner des fâcheux accidens, &même la mort à quelques personnes.

La nature exerce ses jeux sur les ongles, commesur les autres parties du corps humain. Rouhaut aenvoyé en 1719 à l’ac. des Sciences une relation &un dessein des ongles monstrueux d’une pauvre femme de Piémont. On jugera de leur grandeur parcelle du plus grand de tous, qui étoit l’ongle du grosdoigt du pié gauche. Il avoit depuis sa racine jusqu’àson extrémité quatre pouces & demi. On y voyoit queles lames qui composent l’ongle sont placées les unessur les autres, comme les tuiles d’un toit, avec cettedifférence, qu’au lieu que les tuiles de dessous avancent plus que celles de dessus, les lames supérieures avançoient plus que les inférieures. Ce grandongle, & quelques-autres, avoient des inégalitésdans leur épaisseur, & quelquefois des recourbemens,qui devoient venir ou de la pression du soulier, oude celle de quelques doigts du pié sur d’autres. Cequi donna occasion à ces ongles de faire du bruit, &d’attirer la curiosité de M. de Rouhaut ; c’est quecette femme s’étant cru possédée, & s’étant faitexorciser, elle s’imagina, & publia que le diables’étoit retiré dans les ongles de ses piés, & les avoitfait croître si excessivement en moins de rien.

On lit dans la même histoire de l’acad. des Scienc.année 1727, l’observation d’un enfant qui avoit lescinq doigts de chaque main parfaitement joints enun seul corps, faisant le même volume & la mêmefigure que des doigts séparés à l’ordinaire qui se tiendroient joints, & ces doigts unis étoient couvertsd’un seul ongle, dont la grandeur étoit, à-peu-près,celle des cinq.

Il est tems de dire un mot des ongles des bêtes,qui sont quelquefois coniques, quelquefois caves,& qui servent aux uns de souliers, d’armes aux autres ; mais rien n’est plus curieux que l’artifice quise trouve dans les pattes des lions, des ours, destigres, & des chats, où les ongles longs & pointusse cachent si proprement dans leurs pattes, qu’ilsn’en touchent point la terre, & qu’ils marchent sansles user & les émousser, ne les faisant sortir quequand ils s’en veulent servir pour frapper & pour déchirer.

La structure & la méchanique de ces ongles est,en quelque façon, pareille à celle qui fait le mouvement des écailles des moules : car de même qu’elles ont un ligament, qui, ayant naturellement ressort,les fait ouvrir, quand le muscle qui est en-dedans ne tire point ; les pattes des lions ont aussiun ligament à chaque doigt, qui, étant tendu comme un ressort, tire le dernier auquel l’ongle est attaché,& le fait plier en dessus, ensorte que l’ongle estcaché dans les entre-deux du bout des doigts, & nesort de dehors pour agriffer, que lorsqu’un muscle,qui sert d’antagoniste au ligament, tire cet os, &le fait retourner en-dessous avec l’ongle ; il fautnéanmoins supposer que les muscles extenseurs desdoigts, servent aussi à tenir cet ongle redressé, & quece ligament est pour fortifier son action.

Les anciens, qui n’ont point remarqué cette structure,ont dit que les lions avoient des étuis, danslesquels ils serroient leurs ongles pour les conserver ;il est bien vrai qu’à chaque bout des orteils des lions,il y a une peau dans laquelle les ongles sont en quelque façon cachés, lorsque le ligament à ressort lesretire ; mais ce n’est point cet étui qui les conserve ;car les chats, qui n’ont point ces étuis, & qui ont toutle reste de la structure des pattes du lion, conservent fort bien leurs ongles, sur lesquels il ne marchent point, si ce n’est quand ils en ont besoin pours’empêcher de glisser. De plus, ces étuis couvrenttout l’ongle excepté la pointe, qui est la seule partie qui a besoin d’être conservée. (D. J.)

Ongle, (Chimie.) espece de matiere osseuse fortanalogue à la corne. Voyez Substances animales.

Ongle, terme de Chirurgie, employé pour exprimer deux maladies des yeux fort différentes ;l’une connue sous le nom latin unguis, dont nousallons parler dans cet article ; & l’autre que nousdécrirons au mot Onyx.

L’ongle est une maladie de l’œil, qui consiste enune excroissance plate qui s’étend sur la conjonctive ; elle commence ordinairement au grand angle,& va par degrés jusqu’à la cornée transparentequ’elle couvre enfin tout-à-fait. Les Grecs l’ont nommée pterygium, qui signifie petite aîle ; & les Latinspannus ou panniculus, & unguis, parce que cetteexcroissance est à-peu-près de la grandeur & de lafigure d’un ongle de la main.

Les anciens ont reconnu trois especes d’ongles :un membraneux, parce qu’il ressemble à une membrane charnue ; le second adipeux, parce qu’il estplus blanchâtre que le precédent, & qu’il sembleêtre de la graisse congelée. Ils ont nommé le troisieme variqueux, parce qu’il paroît tissu de beaucoup d’arteres, & de veines assez grosses ; c’est celuiqu’on appelle proprement pannus. Il est le plus fâcheux de tous, parce qu’il est susceptible d’inflammation,de douleur, & d’ulcération.

Le prognostic de l’ongle n’est point équivoque : sil’on ne le guérit pas, il prive celui qui en est attaqué de l’usage de la vue. Il faut donc nécessairement employer les secours qui conviennent pour ledétruire.

La cure de l’ongle est différente, suivant son état :s’il est médiocre & récent, on peut, selon Maître-Jan, l’atténuer & le dessécher par les collyres secs,avec le vitriol blanc, le sucre candi, l’os de seche,l’iris de Florence, la poudre de tuthie, &c. On yajoute du verre ou du crystal subtilement pulvérisé :chaque particule de cette substance conserve desongles tranchans qu’on apperçoit au microscope, &qui servent à excorier la superficie de l’ongle. Cesscarifications imperceptibles procurent l’écoulementde l’humidité qui abreuve cette membrane contrenature, & elles y attirent une legere suppuration.L’auteur assure s’en être servi plusieurs fois sans aucun inconvénient, & avec beaucoup de succès.

Si par ces remedes ou autres semblables, on n’apu parvenir à dessécher & détruire l’ongle, il fautfaire l’opération.

On prépare d’abord une aiguille un peu longue & ronde ; on la détrempe en la faisant rougir à laflamme d’une chandelle, & on la courbe suivantqu’on le juge à propos ; on en émousse ensuite lapointe sur une pierre à aiguiser, afin qu’elle ne pique point, & qu’elle se glisse plus aisément entrel’ongle & la conjonctive, sans blesser cette membrane.

Pour faire l’opération, on enfile cette aiguille d’unfil de soie retors : l’opérateur assis fait asseoir le malade par terre, & lui fait renverser & appuyer satête sur ses genoux ; ou le chirurgien peut rester debout & faire asseoir le malade dans un fauteuil dontle dosier puisse se renverser. Un aide tient une paupiere ouverte, & le chirurgien l’autre ; celui-cipasse son aiguille par-dessous l’ongle, vers son milieu,ensorte qu’il le comprenne entierement. Voyez Planche XXII. figure 4 (a). Lorsque le fil est passé,& que l’aiguille est ôtée, le chirurgien prend avecle pouce & le doigt index de chaque main, & leplus près de l’œil qu’il peut, une extrémité du fil,qui doit être simple, & le fait glisser comme ensciant par-dessous l’ongle, vers sa racine du côté dugrand ongle ; il le ramene ensuite de la même maniere vers la cornée transparente. Si l’ongle est tropadhérent, & que le fil ne puisse pas passer, on tientles deux extrémités du fil d’une main, & en soulevant un peu l’ongle par son milieu, on le détache enle disséquant avec une lancette armée, c’est-à-direaffermie sur sa chasse par le moyen d’une bandelettede linge qui ne laisse que la pointe découverte : ondétache toutes les adhérences, ayant soin de ne pointintéresser le globe de l’œil.

Lorsque l’ongle est bien séparé, on le lie avec lefil vers son milieu, Planche XXII. fig. 4 (b) &avec la lancette ou de petits ciseaux bien tranchans,on coupe l’ongle par ses extrémités. Il faut bien prendre garde d’entamer la caroncule lacrymale en détruisant l’attache de l’ongle, parce qu’il pourroit enrésulter un larmoyement involontaire.

Après l’opération, on lave l’œil, on y souffle dela poudre de tuthie & de sucre candi ; on met dessus une compresse trempée dans un collyre rafraîchissant.On panse ensuite l’œil avec les remedesproposés pour les ulceres superficiels de l’œil, &on les continue jusqu’à la fin de la cure. Voyez l’article Argema.

Maître-Jan ayant extirpé un ongle de la manieresusdite, fut obligé pour arrêter le sang, de se servird’une poudre faite avec parties égales de gommearabique & de bol, & une sixieme partie de colcothar.Le même auteur ayant eu occasion de fairel’opération d’un ongle dont les vaisseaux étoient gros,le lia près du grand angle, & se contenta de couperl’autre extrémité. La ligature tomba cinq ou six joursaprès, & par ce moyen il ne fut point incommodéde l’écoulement du sang. J’ai fait plusieurs fois cetteopération avec succès. (Y)

Ongle entré dans la chair, c’est une maladie quioccasionne des douleurs très-vives, & qui fait venir une excroissance fongueuse dans le coin de l’ongle. C’est ordinairement celui du gros orteil à quicela arrive, parce que les chaussures trop étroitesenfoncent la chair sur la partie tranchante de l’ongle.Quand le mal commence, on peut en prévenir lessuites en se faisant chausser plus au large, & en raclant avec un verre la surface de l’ongle. Quand lemal a fait des progrès, il faut détruire la chair fongueuse avec la poudre d’alun calciné, & couperavec de petites tenailles incisives la portion de l’ongle qui entre dans la chair, pour en faire ensuite l’extraction.Voici comment Fabrice d’Aquapendentetraitoit cette maladie : il écartoit avec une petitespatule la chair de l’ongle, & il dilatoit cet endroitavec de la charpie seche, fourrée entre la chair &l’ongle. Cela fait, il coupoit l’ongle en long près del’endroit où il est adhérent à la chair, & il l’arrachoitsans violence ; il procédoit ainsi plusieurs jours desuite, dilatant, coupant, & arrachant, jusqu’à ceque toute la partie de l’ongle qui entroit dans la chairfût enlevée. On a vu quelquefois les plus violensaccidens être les symptomes de ce mal ; tels que fievre considérable, mouvemens convulsifs, & le délire : les saignées, les calmans, & même les narcotiques,deviennent nécessaires ; mais on calme bienplus promptement & plus efficacement, en ôtantla cause de la douleur par une opération très-douloureuse à la vérité, mais qui n’est que momentanée,& qui assure une guérison prochaine, & la cessation subite des vives douleurs. Le pansement exigeà peine l’application d’une compresse trempée dansl’eau vulnéraire, à-moins qu’il n’y ait des chairs àdétruire ; mais elles s’affaissent bien-tôt d’elles mêmes,& cedent à l’application des remedes spiritueux & dessicatifs. (Y)

Ongle, (Littérature.) les Romains tenoientleurs ongles fort propres, & avoient grand soin deles couper. Horace, dans la lettre septieme du premier livre de ses épîtres, fait mention d’un Vulteius,crieur public de son métier, lequel après avoir étérasé chez un barbier, coupoit tranquilement sesongles :

Conspexit, ut aiunt,
Adrasum quemdam, vacuâ tonsoris in umbrâ
Cutello proprios purgantem leniter ungues.

Et dans la premiere épître du même livre : « vousme grondez, parce que je n’ai pas les ongles bienfaits » :

Et prave sectum stomacharis ob unguem.

Le même dit dans son ode sixieme du premier livre,qu’il chante les combats des vierges qui coupent leurs ongles, pour ne pas blesser leurs amans,en les repoussant :

Nos prælia virginum
Sectis in juvenes unguibus acrium
Cantamus.

Ongle du pié du cheval, (Maréchallerie.) est lamême chose que la corne du pié.

Ongles du poing de la bride, c’est la différente situation des ongles de la main gauche du cavalier,qui donne au cheval la facilité de faire les changemens de main, & de former son partir & son arrêt ;parce que le mouvement de la bride suit la positiondes ongles. Pour laisser échapper un cheval de lamain, il faut tourner les ongles en-bas. Pour le changer à droite, il faut les tourner en-haut, portant lamain à droite. Pour les changer à gauche, il faut lestourner en bas & à gauche ; & pour l’arrêter, il fautles tourner en-haut & lever la main.