Mykhaïlo Hrouchevsky et Kateryna Hrouchevska, Maroussia dans Anthologie de la littérature ukrainienne jusqu'au milieu du XIXe siècle 1921
Maroussia.
Ce roman, l’un des plus remarquables du créateur de la nouvelle prose artistique ukrainienne, fut écrit vers 1832 (date de la permission de la censure 4 octobre 1833) et publié en 1834. Il produisit à l’époque une profonde sensation ; il est resté jusqu’à ce jour très populaire. Nous reproduisons le récit des funérailles de Maroussia, dans lequel l’auteur décrit en détails l’ancien cérémonial des obsèques d’une jeune fille, où se mêlent quelques-uns des rites du mariage rendu impossible par la mort prématuré de la fiancée.
Le jour commençait à peine à paraître que, tous à la fois,les gens qui avaient été commandés se rassemblèrent devantla maison de Naoum. On alluma un feu au milieu de la cour, lesfemmes se mirent à l’ouvrage, elles apprêtèrent les marmites etles pots, firent cuire le borcht, les nouilles, le kvassok et coupèrentle rôti en tranches. Les unes mettent dans des plats le fromentcuit, et le mêlent au sirop de miel, d’autres versent l’eau-de-viedans des bouteilles pour la distribuer, elles lavent lescuillères, préparent les plats, disposent les planches, mettenttout en état, comme faire se doit, afin que les gens puissentdîner et que les pauvres du bon Dieu ne manquent de rien.
Dès qu’il fit jour, la plus grande cloche sonna à toute volée,comme c’était l’habitude pour une assemblée. Dieu, que lesgens s’empressent en files interminables ! Les paysans du villageet les personnes de la ville arrivaient à pied ou en voiture.Il y avait là aussi des messieurs qui étaient venus pour voircomment on enterre une jeune fille suivant les coutumes anciennes,parce que maintenant elles passent de mode.
Après qu’il eut accueilli tout le monde, Naoum se mit à faireles révérences et dit : « Braves gens, aimables voisins ! Messieursles anciens, femmes honorables, honnêtes jeunes gens et vous,jeunes filles ! Veuillez être assez bons de m’écouter, moi malheureuxpère. » (Les sanglots lui coupent la voix.)