Pour les articles homonymes, voir Debray et Régis.
Président Institut d’étude des religions et de la laïcité | |
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Maître des requêtes au Conseil d'État | |
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Nom de naissance | Jules Régis Debray |
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Père | Georges Debray (d) |
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Distinctions | Liste détaillée Concours général () Prix Femina () Prix Joseph-Kessel () Prix Aujourd'hui () Prix Décembre () Prix spiritualités d'aujourd'hui () Prix Combourg () Prix François-Mauriac de la région Aquitaine () Docteur honoris causa de l'université Bordeaux-Montaigne () Prix Manès-Sperber (d) () Prix Montaigne de Bordeaux () Prix Roger-Caillois () Prix Henri Texier I () Grand prix de littérature de l'Académie française () |
Régis Debray, né le à Paris, est un écrivain, philosophe et haut fonctionnaire français.
Engagé aux côtés de Che Guevara dans les années 1960, il est emprisonné et torturé à plusieurs reprises en Amérique du Sud. Il devient par la suite un écrivain prolifique. Dans le domaine des sciences de l'information, il crée et développe le domaine de la médiologie et fonde la revue Médium. Il est fondateur en 2002 de l'Institut européen en sciences des religions, une chaire universitaire française publique sur « l'enseignement du fait religieux dans l'école laïque ». Il a été membre de l'académie Goncourt entre 2011 et 2015.
Régis Jules Debray est le fils de Georges Debray, avocat au barreau de Paris, ancien membre du conseil de l'Ordre des avocats et secrétaire de la Conférence des avocats du barreau de Paris, et de Janine Alexandre-Debray, avocate et femme politique.
Élève au lycée Janson-de-Sailly dans le 16e arrondissement de Paris, il a pour premier « passeur » vers la philosophie Jacques Muglioni qu'il décrit comme un « hussard noir de la grande époque » ne commentant jamais l'actualité. Il est reçu premier au concours d'entrée à l'École normale supérieure (Lettres) en 1960 puis passe l'agrégation de philosophie en 1965, tout en militant à l'Union des étudiants communistes. Il étudie à la faculté des lettres de Paris. En 1965, il est nommé professeur de français au lycée Henri-Poincaré de Nancy, qu'il quitte après quelques mois d'enseignement.
La même année, il part à Cuba puis suit Che Guevara en Bolivie. Il théorise sa participation à la guérilla de Ñancahuazú dans Révolution dans la révolution (1967) où il développe la théorie du foquisme de « foco » (foyer en espagnol) : la multiplication de foyers de guérilla. Ion Pacepa, ancien général des services secrets roumains, dit qu'alors le « terroriste français Régis Debray était un agent hautement prisé du KGB ». Il use alors du pseudonyme de « Danton ».
La guérilla de Ñancahuazú est durement frappée le , lorsque Régis Debray et Ciro Bustos sont capturés. Tous deux sont torturés par les forces gouvernementales et par des agents de la Central Intelligence Agency (CIA). Irénée Guimarães sera aussi, à cette occasion, arrêté avec eux par la police militaire bolivienne. Les preuves d'un accord de Debray avec la CIA (informations contre arrêt des tortures et promesse d'une peine clémente) ont été découvertes ; d'autres évoquent également des informations et des dessins donnés par Bustos en échange d'un traitement de faveur pour l'identification du groupe. Aucune version n'a pu être confirmée à ce jour, mais il semble vraisemblable qu'un ensemble de renseignements, à la suite de leurs interrogatoires respectifs, ait permis de rassembler assez d'éléments pour permettre aux forces boliviennes d'identifier, tracer et intercepter le groupe.
Selon Jorge Castañeda Gutman, Debray est passé à tabac les premiers jours de sa détention, mais jamais torturé au sens propre. Personne à aucun moment n’a touché un cheveu de Bustos,,. C’est au bout de trois semaines, après avoir sciemment parlé dans le vide de façon à ne livrer aucune information concrète, que Debray admet les évidences, à savoir la présence du Che, déjà reconnue par Bustos, les déserteurs et le guérillero Vasquez Viana, arrêté le et victime d’un subterfuge. Même après la rupture politique de Debray avec le régime cubain, Manuel Piñeiro, le chef des services secrets cubains, reconnaît que ce dernier n’a fait que « confirmer la présence du Che en Bolivie », et qu’« il ne serait pas correct de ma part de rendre Debray responsable de la localisation de la guérilla, et encore moins de la mort du Che ». Quant à Fidel Castro, qui avait déjà évoqué « l’attitude ferme et courageuse » de Debray dans sa préface au Journal du Che (1968), il répète dans sa Biographie à deux voix l’avoir envoyé lui-même en mission en Bolivie, et ne lui fait reproche de rien. Debray a lui-même, dans sa Déclaration devant le Conseil de Guerre, révélé et stigmatisé la présence de la CIA dans ses interrogatoires et les propositions qui lui furent faites de se renier en échange d’une libération « rapide et discrète ».
Selon Jean Lartéguy, Debray manqua de peu d’être victime d'une exécution extrajudiciaire : des camarades des trois officiers morts devaient venir, avec l'accord des gardiens, pour l'abattre ; la garde fut changée, et le projet éventé. Le lendemain, un tueur déguisé en policier chargé de l’enquête fut arrêté aux portes de la prison. Enfin, au cours du transfert entre Muyupampa (es) et Camiri, il devait être « abattu en tentant de s'échapper » ; il fut finalement transporté par hélicoptère.
Selon Aleida Guevara, il aurait livré des informations-clés permettant d'éliminer le Che. Cette imputation, intervenue après la rupture politique de Debray avec le régime cubain en 1989 (alors qu'a lieu le procès du général Ochoa et que s'ensuit l'exécution de son ami Tony de la Guardia (en), qu'il condamne), n'a jamais été reprise par Fidel Castro, et même démentie par le chef des services secrets cubains, Manuel Piñeiro,, ainsi que par François Maspero, Pierre Clostermann, compagnon de la Libération, après une entrevue avec le général Parrientos, l'investigateur cubain Froilán González et par Régis Debray lui-même.
Régis Debray sera condamné le à la peine maximale de trente ans d'emprisonnement militaire, échappant à la peine capitale. S'ensuivra une campagne internationale en sa faveur lancée par Jean-Paul Sartre ; il sera libéré au bout de trois ans et huit mois d'incarcération, le , grâce à un général modéré de la junte militaire au pouvoir en Bolivie. Laurence Debray (2017 : p. 148) écrit qu'un attaché militaire bolivien fut nommé à Paris afin de négocier secrètement un accord de fourniture d'équipement militaire en échange de la liberté de Debray.
À sa libération, il séjourne au Chili et rencontre Salvador Allende et Pablo Neruda. De la rencontre avec Salvador Allende émergeront le livre Entretiens avec Allende sur la situation au Chili, ainsi qu'un entretien vidéo : Ce que disait Allende. Il travaille fin 1972 avec Serge et Beate Klarsfeld afin de les aider à organiser l'enlèvement du responsable nazi Klaus Barbie, devenu fonctionnaire en Bolivie, afin d'obtenir son jugement en France. L'opération échoue en raison d'un incident technique, et parce que Barbie est emprisonné temporairement à la Paz. Dix ans plus tard en 1982 Debray convaincra Mitterrand de procéder à l'extradition de Barbie, alors que la dictature bolivienne était tombée. Il rentre en France en 1973. Ciro Bustos vit quant à lui en exil en Suède.
En 1975, il intervient pour défendre son ami Pierre Goldman dans son procès. Il publie un livre, « Nos rendez-vous manqués (Pour Pierre Goldman) », qui est un hommage à une génération de militants.
En 1979, son tiers-mondisme revenant à la charge, il participe — essentiellement en tant qu'observateur — à la révolution sandiniste aux côtés des muchachos du Nicaragua aux côtés de Daniel Ortega et Humberto Ortega, qui considèrent le proche de Castro comme un ami. Un crochet par Paris lui fait manquer le renversement du dictateur Somoza en place.
De 1981 à 1985, il est chargé de mission pour les relations internationales auprès du président de la République François Mitterrand. Le , une explosion détruit son appartement, vide à ce moment-là ; cet attentat aurait été commis par de mystérieuses « Brigades révolutionnaires françaises » qui avaient revendiqué l'enlèvement de Jean-Edern Hallier, quelques mois plus tôt, le . Régis Debray est ensuite nommé secrétaire général du Conseil du Pacifique Sud, et enfin maître des requêtes au Conseil d’État puis mis en disponibilité sans traitement en 1988. Il démissionne en 1992.
En 1991, il participe à la fondation du Comité Laïcité République. La même année, il est responsable culturel du Pavillon français à l’exposition universelle de Séville. En 1993, il présente une thèse de doctorat à Paris-I, intitulée « Vie et mort de l’image. Une histoire du regard en Occident », sous la direction de François Dagognet ; il obtient, en 1994, son habilitation à diriger des recherches.
Il analyse alors l'impact des médias et de la communication, et fonde, en 1996, les Cahiers de médiologie qui deviennent, en 2005, la revue Médium. Transmettre pour innover.
En 1998, il est directeur de programme au Collège international de philosophie (avec François Dagognet) et anime un séminaire sur « Technique et Philosophie »). Il devient président du Conseil scientifique de l’École nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques (ENSSIB).
En 2002, il est à l'initiative de la création de l’Institut européen en sciences des religions (détachement auprès de l’École pratique des hautes études, à Paris) dont il est président jusqu'en 2004.
Selon l'ancien président haïtien Jean-Bertrand Aristide, Régis Debray est allé à Port-au-Prince en 2004 lui demander de démissionner avant la fin de son mandat constitutionnel,.
Le , Régis Debray est élu membre de l'académie Goncourt. Dans une lettre datée du , il annonce qu'il démissionne du jury de l'académie,.
En 2013, il écrit une tribune proposant l'entrée de Joséphine Baker au Panthéon, ce qui est chose faite le .
Il rencontre en 1963 à Caracas Elizabeth Burgos ; ils prennent ensemble le maquis. Ils vont ensuite à Cuba. Ils se marient le , dans la prison de Bolivie où Régis Debray est incarcéré. De retour en France en 1973, ils logent chez Simone Signoret, place Dauphine à Paris. Ils ont une fille, Laurence Debray, née en 1976. Ils divorceront plus tard.
Régis Debray rencontre à Paris en 1995 Isabelle Ambrosini, sa 2e épouse. Ils ont un fils, Antoine, né en 2001,.
Il vit à Paris, dans le quartier de l'Odéon, puis en Normandie.
En 1981, 1988 et 2002, il fait partie des intellectuels qui soutiennent respectivement François Mitterrand puis Jean-Pierre Chevènement
Son engagement est marqué par l'antiaméricanisme.
En 1989, il cosigne un appel dans Le Nouvel Observateur avec notamment Alain Finkielkraut, Élisabeth Badinter et Catherine Kintzler appelant à faire interdire le foulard islamique à l'école.
En 1991, il fait partie des premiers membres du Comité Laïcité République.
Après avoir soutenu le NPA à sa création[réf. nécessaire], il s’engage aux côtés du Front de gauche aux élections européennes de 2009. Lors de l’émission Bibliothèque Médicis du sur LCP, il déclare : « Si, au bout de la discussion, on m’oblige à me classer entre droite et gauche, je me dirais gaulliste de gauche, voire, au grand dam de certains, gaulliste d’extrême gauche ! Honnêtement, j’ai beaucoup de mal à trouver quelque enjeu que ce soit à la politique intérieure de la France d’aujourd’hui ». Dans Rêverie de gauche, Régis Debray associe République et peuple et prend position sur les enjeux électoraux, en soutenant Jean-Luc Mélenchon à quelques semaines de la présidentielle de 2012.
En 2013, Régis Debray se déclare pour la sortie de la France de l'Otan, organisation qu'il juge « anachronique […] déresponsabilitante et anesthésiante ».
Il est très critique envers l’Union européenne, qu’il considère comme une organisation « néolibérale non démocratique ».
Il déclare à Eugénie Bastié dans Le Figaro : « [J'ai] le ventre qui est au centre, le cœur qui est à gauche et l’esprit à droite. Le centre fait ventre, c’est le lieu du big money et des Légions d’honneur. Un esprit honnête doit se résigner à l’incapacité à changer la vie. Il reste le cœur. Le vieux cœur reste de gauche. Mais sans prétention ni ambition de convertir ».
Certains considèrent que la pensée de Régis Debray, à l’instar d’autres intellectuels venus de la gauche voire de l’extrême-gauche, a pris, au fil des années, des tournants conservateurs. Cependant, lui-même se considère toujours comme « gaulliste d'extrême-gauche ».
Régis Debray écrit Révolution dans la révolution ? Lutte armée et lutte politique en Amérique latine en 1966 et l'ouvrage est publié en aux éditions Maspero. Cet ouvrage est issu de discussions entre l'auteur, Fidel Castroet Che Guevara. Il y expose la théorie du « foco » ou « foquisme » développée séparément par ces deux hommes depuis la révolution cubaine qui débute en 1953.
Cet ouvrage apparaît comme un manuel montrant comment faire une guérilla efficace en prenant les armes, en gagnant les paysans à la cause et en renversant le pouvoir en place pour que le peuple puisse disposer de richesses égales et ainsi sortir de la grande pauvreté dans laquelle il est plongé. La guérilla prend la forme de trois grandes étapes : l'implantation, le développement et l'offensive révolutionnaire.
Cet ouvrage participe au moment révolutionnaire en Amérique latine, de 1959 à la chute du mur de Berlin en 1989, qu’on surnomme parfois « trente glorieuses révolutionnaires ». Debray dit lui-même : « Vaincre c’est accepter, par principe, que la vie n’est pas le bien suprême du révolutionnaire ». Il intervient pendant une grande agitation politique dans le monde et notamment du côté des gauches[pas clair]. L'auteur attaque notamment les anti-révolutionnaires : « trotskisme et réformisme se donnent la main pour condamner la guerre de guérilla la freiner ou la saboter ». À sa sortie, il est tiré à 300 000 exemplaires en espagnol ; des extraits étaient lus tous les jours sur Radio Habana Cuba.
Régis Debray prend les armes aux côtés du Che Guevara dans la guérilla de l'ELN, qui se veut une application de la théorie du foquisme.
Régis Debray s’intéresse au problème du religieux et de la croyance au sein du groupe social. Son postulat de départ est : il n’y a pas de société sans transcendance. De même qu’un État laïc a ses obligations morales, les athées ont des figures sacrées. Pour lui, cette transcendance est nécessaire à la cohésion sociale. L’Union soviétique avait Lénine, les États-Unis d'Amérique ont George Washington et les pères fondateurs, la Constitution. Il y en avait aussi autrefois en France avec les héros mythiques de la République, comme Danton ou Leclerc…
Selon Régis Debray, un groupe ne peut se définir que vis-à-vis d'une référence transcendante (qu'elle soit territoriale, doctrinaire ou légendaire) vers laquelle se tourne la croyance des gens. Il appelle cette nécessité de définir le groupe par une entité qui lui est extérieure l'incomplétude, et nomme cette entité le « sacré du collectif », qui est la représentation de ce que le groupe estime être le « meilleur ». C'est cette croyance qui assure la confiance réciproque entre les membres du groupe, et garantit selon R. Debray l'ordre social.
Debray affirme que l'on a cru pouvoir éliminer la religion par le siècle des Lumières, mais que l'on n'a pas pu éliminer la croyance. Selon lui, la crise actuelle en France est une crise de la symbolique républicaine, due à un manque de sacré. Pour Régis Debray, le dernier grand homme à la symbolique républicaine était François Mitterrand. Les États-Unis auraient ainsi su échapper à cette crise du sacré, par leur civisme et leur patriotisme, même s'ils se sont mis au service de mauvaises causes. L’effigie du dollar des États-Unis en est un exemple : « In God We Trust ». C’est cette symbolique patriotique qui ferait la force des États-Unis. Debray prétend appliquer le théorème d'incomplétude de Gödel à l'ordre social pour « démontrer » sa théorie.
Régis Debray a été vivement critiqué pour son utilisation du théorème d'incomplétude de Gödel, jugée au mieux infondée sinon fallacieuse par Alan Sokal et Jean Bricmont dans leur livre Impostures intellectuelles, et par Jacques Bouveresse dans Prodiges et vertiges de l'analogie.
Régis Debray affirme que quand s’épuise le sens du symbolique reviennent les autorités religieuses. Plus la puissance symbolique est dématérialisée (la religion), plus l’ordre symbolique est fort et plus la puissance symbolique est historicisée (personnages), plus l’ordre symbolique est fragile. Une humanité sans croyance est donc, selon lui, réduite à l’animalité.
Régis Debray a développé la médiologie, discipline qui traverse nombre de ses écrits et de ses réflexions, et à laquelle il a également consacré la revue Médium. À la question « Qu'est-ce que la médiologie ? », Régis Debray répondait en 2019 :
– La médiologie est l'étude des médiations. Ça n'a rien à voir avec les médias de masse dont je ne connais rien. Ce sont les médiations, les techniques qui rendent possible une influence qui fait que les idées ont un effet sur le cours des choses. Cela ne va pas de soi. C'est très compliqué. Pourquoi Jésus est-il devenu Jésus-Christ, par exemple, ce qu'il n'était pas, à son origine. Donc pourquoi le christianisme est-il né ? Pourquoi le marxisme est-il né ? Pourquoi meurt-il ? La médiologie a à voir avec technique et culture. Qu'est-ce qu'une technique influant sur la culture ? Autrement dit, par quoi sommes-nous déterminés ? Par des petites choses, qu'on ne connaît pas. Le livre par exemple. C'est quelque chose de très étonnant le livre. Il y a deux mille ans ça n'existait pas. Peut-être que demain ça n'existera plus.
– Donc la médiologie s'intéresse à tous les moyens, à tous les véhicules par lesquels nous avons accès, à l'histoire, au sens ?
– Pour parler pédant, ce sont les interfaces entre la technique et la culture.
– Est-ce vous qui avez créé la médiologie ?
– C'est un bien grand mot. C'est Victor Hugo qui l'a créée. « Ceci tuera cela ». Dans Notre-Dame de Paris, je vous recommande ce passage : c'est l'archidiacre Frollo, qui a un petit livre de Gutenberg, et qui est devant la cathédrale, et qui dit de façon prophétique « Ceci tuera cela ». C'est-à-dire le petit livre, qui donne accès directement à la Bible, fait qu'on n'a plus besoin d'intermédiaire, donc on n'a plus besoin d'Église, donc le papier tuera le Pape. Ce n'est pas bête, car c'est le protestantisme si vous voulez, dès le XVe siècle. Autrement dit, Hugo est un médiologue génial. Moi je ne suis qu'un petit continuateur, conclut modestement Régis Debray.
Régis Debray s'est intéressé notamment à trois changements médiologiques :
La médiologie sera le deuxième temps du travail de Régis Debray. Comment une idée abstraite devient une force matérielle ? Qu’est ce que la force des idées ? Comment l’idée d’un Dieu unique, total, universel a-t-elle acquis autant de force et comment s’est-elle traduite par des rites ? Comment l’idée d’un Dieu totalement abstrait incarné dans un être a-t-elle fait, selon lui, exploser la société romaine ? Comment peu à peu y a-t-il eu une conversion dans cette croyance qu'il présente comme incongrue ? Debray va se pencher sur toutes ces questions en étudiant les moyens de transmission. Pour lui le messager conditionne le message. Sa thèse est : « l’invention de l’écriture alphabétique jointe à une nouvelle technique de partage (le codex) dans un milieu nomade mais sédentarisé a été la condition de naissance de Dieu comme universel ». Sans cela, l’idée d’un Dieu universel n’aurait pas été possible et le Dieu juif aurait été un dieu mort. Le transport s’est réalisé par l’écriture et le partage d’un Dieu transcendant. Debray va alors constituer une histoire des « médiasphères », c’est-à-dire les techniques de transport qui ont impliqué des changements de croyance et donc des changements d’ordre social.
En rapport avec la médiologie, Régis Debray a également beaucoup travaillé sur l'image, notamment dans son livre Vie et mort de l'image paru en 1992. L'auteur distingue trois âges du regard :
« Les trois césures médiologiques de l'humanité – écriture, imprimerie, audiovisuel – découpent dans le temps des images trois continents distincts : l'idole, l'art, le visuel. Chacun a ses lois. Leur confusion est source de tristesses inutiles. »
La thèse principale de l'ouvrage est que l'humanité retrouve, en partie, dans la période « visuel » (l'époque contemporaine), les réflexes de la période « idole » (période antérieure à l'ère commune et début de l'ère commune). Régis Debray réutilise souvent l'expression « passage de la graphosphère à la vidéosphère » dans ses diverses interventions médiatiques pour qualifier la transition vers la dernière ère de l'image.
Dans Vie et mort de l'image, Régis Debray retrace l'évolution du rapport de l'homme à l'image dans le monde européen et américain, depuis ses origines jusqu'à nos jours :
Régis Debray est également ami et admirateur de Ernest Pignon-Ernest, artiste plasticien de sa génération qui colle dans des endroits spécifiques des dessins grandeur nature très soigneusement pensés et réalisés pour réactiver l'histoire du lieu.
En 2016, Régis Debray écrit le livret de l'opéra Benjamin, dernière nuit, drame lyrique en quatorze scènes de Michel Tabachnik, consacré au philosophe allemand Walter Benjamin, créé à l'opéra de Lyon le .
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