Paul Déroulède est un poète, auteur dramatique, romancier et militant politique français né le 2 septembre 1846 à Paris et mort le 31 janvier 1914 à Nice, sur le mont Boron.
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Sépulture | Cimetière de La Celle-Saint-Cloud (d) |
Nationalité | |
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Activités | Député ( - |
Père | Joseph Déroulède (d) |
Fratrie | |
Enfant | Paul Langély (d) |
Parentèle | Émile Augier (oncle) |
Propriétaire de | Domaine de Langely (d) |
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Son rôle de fondateur de la Ligue des patriotes et son revanchisme en font un acteur important de la droite nationaliste en France. Il est considéré par de nombreux historiens comme l'un des précurseurs d'un fascisme à la française,,,.
Alors qu'il s'affirme comme républicain, il tente toutefois d'effectuer un coup d'État en 1899 après la défaite cuisante des nationalistes aux élections législatives de 1898. Aidé de Barrès, de Pujo et, espère-t-il, du général Roget, cette tentative se solde par un échec après le refus de ce dernier d'y participer avec ses troupes.
S'il est un partisan moins extrême que certains de ses compagnons de l'antisémitisme en France,, il s'oppose tout de même à la gauche, qu'il accuse de vouloir « judaïser la France » lorsque des députés de gauche proposent une loi pour instaurer la laïcité. Il appuie aussi son coup d'État sur ses partisans, dont la plupart sont des antisémites notoires.
Déroulède tient des déclarations antisémites à d'autres reprises, et utilise le ressort de l'antisémitisme pour mobiliser les masses. Il est l'un des députés qui lancent le thème du « Juif capitaliste véreux » à l'Assemblée. Avec Barrès, il critique le général Boulanger pour son refus de l'antisémitisme.
Fils d'un avoué à la Cour d'appel de Paris et neveu par sa mère d'Émile Augier, il est l'arrière petit-fils de Pigault-Lebrun. Il suit ses études aux lycées Louis-le-Grand, Bonaparte et de Versailles, puis à la faculté de droit de Paris où il obtient une licence.
Il entretient une relation avec Madeleine Brohan, avec qui il a un fils, Paul Langély Déroulède, né en 1866 à Paris[réf. nécessaire].
Jusqu'à la guerre de 1870, c'est un versificateur (admirant beaucoup Le Cid) qui fréquente les milieux littéraires républicains. Assez insouciant et peu intéressé par la guerre, il rencontre Victor Duruy qui devient son patron, le lance dans le nationalisme et le fait aussitôt nommer sous-lieutenant en faisant jouer ses relations au gouvernement, alors qu'il n'a aucune expérience militaire.
Il s'engage fin août 1870, avec son jeune frère André, au 3e régiment de zouaves, unité d'élite, au sein du bataillon du commandant Félix Hervé, futur général, qui restera son « vieil ami jusqu'à sa mort » ; le général Hervé témoignera en sa faveur à son procès en 1899. Il est fait prisonnier après la bataille de Bazeilles en septembre puis interné à la forteresse de Breslau, d'où il s'évade en novembre. En décembre, il s'engage au régiment de marche de tirailleurs algériens, stationné à l'ouest de Meung-sur-Loire. Au sein de l'armée de l'Est du général Bourbaki, sous-lieutenant à la tête de sa section de tirailleurs, il se distingue le 15 janvier 1871 à Montbéliard ce qui lui vaut d'être fait chevalier de la Légion d'honneur le . Il participe ensuite à la répression de la Commune de Paris. Il est blessé à la fin de la semaine sanglante de mai et c'est durant sa convalescence qu'il écrit Les Chants du soldat, parus en 1872. À la suite d'une chute de cheval et une fracture du tibia, il doit renoncer à la carrière militaire et retourne à la vie civile en 1875.
Désormais, par son œuvre littéraire et son action politique, il incarne la France de la « revanche » en réclamant le retour de l'Alsace et de la Lorraine. Il écrit les Chants du soldat (1872), vendus à plus de 100 000 exemplaires, dont le fameux Clairon, qui lui vaut la gloire et reste longtemps au programme scolaire. Son texte de Profundis relève de l'antiméridionalisme,.
À l'instigation de Gambetta, Déroulède, dont la devise est « Qui vive ? France ! », crée la Ligue des patriotes en 1882. Cette passion pour la « revanche » sur l'Allemagne lui vaut de devenir également l'un des chefs du parti anticolonial. Pour lui, la conquête coloniale épuiserait l'énergie dont la France a besoin pour la future guerre contre l'Allemagne. De même, il estime que jamais les colonies ne pourraient offrir une compensation à la perte de l'Alsace-Lorraine et c'est dans ce sens qu'il répond au colonialiste Jules Ferry : « J'avais deux filles, et vous m'offrez vingt domestiques ». Adepte du général Boulanger (« celui qui nous délivrera des chinoiseries parlementaires et des bavards impuissants »), il est porté par sa notoriété à la Chambre des députés en 1889[réf. nécessaire]. Le , il tente en vain de persuader le général Boulanger de marcher sur l'Élysée. Le Gouvernement dissout alors la Ligue des patriotes, et après la fuite de Boulanger, Déroulède reste député de la Charente de 1889 à 1893 et de 1898 à 1901.
Anticolonialiste au nom de la revanche (cela « disperse les énergies françaises »), défendant le catholicisme avec parfois des accents antisémites (repos dominical, refus de la séparation), il attaque vivement Clemenceau lors du scandale de Panama.
Profitant des obsèques de Félix Faure en 1899, il entreprend le coup d'État que le général Boulanger avait refusé dix ans plus tôt. Il tente en effet de faire tourner bride au général Roget et à ses troupes pour prendre l’Élysée. Arrêté, acquitté en cour d'assises, jugé en Haute Cour et, finalement, banni (expulsé en Espagne), il bénéficie d'une amnistie en 1905. Il renonce à sa carrière politique après l'échec des élections de 1906 dans son département de la Charente.[réf. nécessaire]. Il faut noter que[évasif] parmi les transformations qu'il a demandées dans le domaine constitutionnel, beaucoup se sont retrouvées dans la constitution de la Ve République. Le personnage est complexe dans la limite où il a porté un jugement sévère sur ses poèmes et chansons, dont il savait bien la nature d’œuvres de propagande, donc vouées à l’éphémère. Il estimait cependant ce sacrifice nécessaire.[réf. nécessaire]
En 1900, en exil, il a une correspondance avec Yvonne Lorrain, future mère du président François Mitterrand.
En 1908, malgré l'insistance de Maurice Barrès, Paul Déroulède refuse de poser sa candidature à l'Académie française à la mort de François Coppée : « Ma place n'est pas parmi votre élite, elle est dans la foule. Je puis m'en tenir à l'écart, mais je dois toujours être prêt à reprendre contact avec elle… L'habit à palmes vertes et l'épée à poignée de nacre me transformeraient trop. »[réf. nécessaire]
Dès lors, Paul Déroulède se retire à Langely (commune de Gurat, Charente) où il entreprend la rédaction de ses Feuilles de route. Cependant, peu à peu, il se retrouve laissé de côté par les nouveaux nationalistes qui (comme l'écrivent les frères Tharaud) « pensent comme lui mais refusent d'admirer les moyens dont il s'est servi ».
Il meurt d'une crise d'urémie dans sa propriété du mont Boron. Sa dépouille est ramenée à Paris, où le cortège funèbre est honoré par une foule énorme, estimée à plus de cent mille Parisiens.
Il est enterré dans la chapelle funéraire familiale au cimetière de la Celle-Saint-Cloud en banlieue parisienne, où reposent aussi les écrivains Charles Pigault-Lebrun, son arrière-grand-père, et Émile Augier, son oncle maternel.
Lors de l'affaire Dreyfus (1894 - 1906), Paul Déroulède, quoique défendant l'armée, croit Dreyfus innocent ; malgré ses préjugés contre les Juifs, il ne rallie pas le slogan « À bas les juifs ». Cependant, il accuse la gauche de vouloir « judaïser la France » lorsque des députés de gauche proposent une loi pour instaurer la laïcité dans les années 1890.
Déroulède tient des déclarations antisémites à d'autres reprises, et utilise le ressort de l'antisémitisme pour mobiliser les masses. Il est l'un des députés qui lancent le thème du « Juif capitaliste véreux » à l'Assemblée. Avec Barrès, il critique le général Boulanger pour son refus de l'antisémitisme.
Il préface aussi le pamphlet antisémite d'Augustin-Joseph Jacquet, La République plébiscitaire : mémoires sur les moyens pratiques d'arriver à l'anéantissement de la puissance juive en France. Dans cette préface, il se défend de tout antisémitisme, mais tient pourtant les propos suivants à l'égard des juifs :
« Je suis loin de nier qu'il y a dans l'antisémitisme un sentiment de rancune nationale et de patriotiques inquiétudes parfaitement justifiées. [...] Ils ont envahi tous les temples maçonniques du globe qui sont autant de temples de Jérusalem. Ils ne se refusent pas seulement à se laisser assimiler, ils mettent leur orgueil à tâcher de rendre les autres semblables à eux-mêmes. La corruption qu'ils sèment à pleines mains n'a pas pour unique visée le triomphe de leurs intérêts. Ils y cherchent aussi le triomphe de leur orgueil. C'est tout un système politique. D'abord, ce qui abaisse autrui les relève, et puis, ils préparent par là le milieu décomposé nécessaire à l'expansion de leur parasitisme débordant. Démilitariser, décatholiciser, dénationaliser la France, voilà leur triple but.
[...] Déjà le pouvoir occulte ne leur suffit plus, ils rêvent du pouvoir visible respecté, officiel. A des présidents de la République judaïsés, ils ne désespèrent pas de faire succéder quelque jour un président juif. »
Dans ce texte, il soutient aussi qu'Édouard Drumont, le père de l'antisémitisme en France, est un « prophète ».
Jean Jaurès profite de sa mort pour tenter d'alerter l'opinion publique, le , en faisant un réquisitoire dans L'Humanité contre le revanchisme antiallemand que Déroulède a promu toute sa vie, cinq mois avant son assassinat et le début de la Première Guerre mondiale. Il l'accuse d'utopisme dans son idée que la guerre qu'il souhaitait serait rapidement terminée, sans effusion de sang et sans gêne :
« Son idée d'une revanche bien ordonnée, bien circonscrite, avec « un clairon qui sonne la charge » et qui sonne aussi le retour, est à la réalité immense et terrible ce qu'un tableau de Detaille ou un groupe de Mercié est à une bataille de Mandchourie.
Pas une minute cet homme n'a songé à ce que serait demain, dans une Europe saturée de conflits politiques et sociaux, la levée en masse de grandes nations, la rencontre inouïe de plusieurs millions de soldats-citoyens brûlant de toutes les fièvres. Il a entrevu un combat bien propre, bien vernissé, avec quelques traits de courage exalté et quelques fleurs sur la tombe des héros, et puis, la douceur d'une éternelle idylle.
Il n'est pas de plus fragile chimère : et c'est la forme du pacifisme la plus rudimentaire et la plus utopique qui se puisse concevoir. »
Deux avenues de Paris portaient son nom, mais il n'en subsiste qu'une, l'avenue Paul Déroulède, dans le 15e arrondissement, après qu'une des deux a été rebaptisée avenue du Général-Lemonnier, mort pour la France lors de la Seconde Guerre mondiale,,. Une rue de Bois-Colombes porte encore son nom.
Déroulède s’est battu deux fois dans des duels au pistolet :
Les papiers personnels de Paul Déroulède sont conservés aux Archives nationales, site de Pierrefitte-sur-Seine, sous la cote 401AP : Inventaire du fonds.
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