Au début du Moyen Âge, Arles, profitant de l'affaiblissement du pouvoir comtal et de ses chevaliers urbains, essaye de s'émanciper d'abord par le consulat en 1130 puis par la République d'Arles à partir de la fin du XIIe siècle.
La ville avec la Provence, passe toutefois en 1251 sous la domination complète de la première dynastie Angevine et la cité, bien qu'ayant réalisé son unité, perd de son importance politique. En revanche Arles et son territoire se développent par l'agriculture, l'élevage et le commerce et accueillent dès le milieu du XIIe siècle les ordres religieux militaires, notamment les Templiers, puis les cisterciens. Au siècle suivant, ils seront suivis par les ordres mendiants. À la fin du XIIIe siècle, Arles englobe de nouveaux quartiers dans une enceinte agrandie et atteint son optimum démographique du Moyen Âge avec une population d'environ 15 000 habitants avant les crises du Moyen Âge tardif.
Dès les premières années du XIe siècle, les comtes Guillaume II dit le Pieux (993-1019) et Roubaud de Provence, son oncle, qui se partagent indivis le comté de Provence, ne sont plus en mesure de tenir les grands lignages en respect. En 1008, à la mort de Roubaud, s'ouvre donc une période de troubles, aggravée par la puissance croissante des grandes familles, le rattachement au Saint-Empire romain germanique et l'activisme politique de l'Église.
Les différentes factions de la noblesse tentent d'imposer leur loi en recourant au recrutement de guerriers professionnels. Ainsi à Arles, les couches aisées de la population se militarisent (miles) à l'instar des Porcellet et adoptent un genre de vie guerrier. Une des conséquences en est la transformation du bâti de la ville avec la construction de nombreux bastions privés urbains.
Le pouvoir comtal vacille ensuite, entre 1018 et 1032, devant les révoltes des seigneurs de Fos. Une première révolte (1018-1022) éclate contre le comte de Provence, Guillaume II, qui périra d'ailleurs lors du siège de ce château en 1018; elle est suivie d'une seconde sédition dans les années 1030-1032 quand le comte Bertrand combat de nouveau les seigneurs des Baux et de Fos. À la tête de l'ost comtal, composé par les vicomtes de Marseille et quelques seigneurs des Alpes, les combats s'engagent encore une fois sur les rives de l'étang de Berre où le prince réussit à battre ses vassaux révoltés. La paix seigneuriale revient en 1032.
Enfin, au niveau de la richesse foncière, le patrimoine des grandes familles, notamment celle des Baux, des Porcellet et des vicomtes de Marseille, s'agrandit jusqu'aux années 1030-1040, moins par des spoliations de biens ecclésiastiques que par des concessions archiépiscopales en bénéfice ou précaire rapidement intégrées au patrimoine héréditaire. Ces concessions sont souvent les contreparties de l'appui à l'Église arlésienne des familles aristocratiques dont les prélats sont issus.
La paix est à peine rétablie que le suzerain de la Provence Rodolphe de Bourgogne meurt en septembre 1032. Durant deux ans, suit une période trouble de lutte entre les prétendants, l'empereur Conrad le Salique et Eudes de Blois. À l'issue de cette guerre, le comté de Provence devient terre d'Empire.
Les empereurs germaniques non possessionnés en Provence ne disposent, malgré leur titre et leur suzeraineté, d'aucun pouvoir supplémentaire et la Provence est dans les faits pratiquement indépendante. Néanmoins, en dépit d'un rejet initial, des liens étroits sont établis entre l'Empire et la ville d'Arles. Par exemple, en 1046 l'archevêque d'Arles Raimbaud (1030-1069) agit en prélat du Saint-Empire : il participe au synode de Sutri et assiste à Rome, au couronnement de l'empereur Henri III qu'il rencontre personnellement. L'archevêque devient en quelque sorte le vicaire de l'Empereur à Arles. Les Arlésiens vont par la suite profiter de cette situation jusqu'au milieu du XIIIe siècle pour jouer l'empereur distant contre le comte relativement trop présent.
Dans les années 1020-1040, l'insécurité, comme le rappelle l'historien Jean-Pierre Poly, règne en Provence : les seigneurs tuent, volent ou taxent sans contrôle.
Initialement, en réaction à cette violence, l'Église tente de promouvoir la Trêve puis la Paix de Dieu. Déjà entre 1031 et 1040, divers conciles et assemblées présidés par Raimbaud de Reillanne, archevêque d'Arles (cf. conciles d'Arles), essayent de contenir cette violence. Mais c'est surtout l'assemblée de Saint-Gilles d'un ou 1044, qui introduit en Provence la Trêve de Dieu. Cette assemblée de 17 évêques, dont cinq de la Narbonnaise, interdit le port des armes pendant une période de deux mois et décrète l'inviolabilité des églises. D'autres assemblées précisent les règles de la Paix de Dieu : les chevaliers ont interdiction de faire la guerre, d'abord le samedi, puis du mercredi soir jusqu'au lundi matin. Mais le recours à un bras séculier coûte cher à l'Église comme à l'archevêque Raimbaud qui à la suite de l'aide d'Uc des Baux doit lui céder de nombreux biens (dime du Vernègue, taxe sur les fourrures de vair versée par les Juifs d'Arles...).
Après avoir tenté d'imposer la Trêve puis la Paix de Dieu, Église lassée de soutenir un comte de moins en moins reconnu par ses sires, s'aperçoit qu'elle est devenue plus puissante que lui. Les réformateurs de la génération suivante, enhardis par ces succès et instruits par ces expériences, vont essayer que ""ceux qui prient" gouvernent le monde. Ainsi en Provence, la réforme grégorienne, va devenir le vecteur d'une politique visant directement l'archevêque d'Arles, représentant d'une grande famille aristocratique, les vicomtes de Marseille, et de manière plus subtile, le comte de Provence.
L'Église tente de récupérer ses biens temporels. Par exemple à Arles une collégiale établie aux Alyscamps était tombée vers l’an 1035 entre des mains laïques. Raimbaud intervient et donne aux moines de Saint-Victor de Marseille l’antique église Saint-Genès ainsi que toutes ses dépendances, moyennant le cens d’une livre d’encens à fournir le jour de saint Trophime.
Dans le cadre de cette réforme, le Saint-Siège essaye aussi d'éliminer les prélats issus des grandes familles provençales qui ont tendance à mener une politique personnelle plus dans l'intérêt du patrimoine familial que de celui de l'Église. En Provence, cette politique se radicalise après l'archiépiscopat de Raimbaud (mai 1030-† le ) qui bien que promoteur actif de la réforme grégorienne, ménage toutefois jusqu'à la fin de sa vie les plus grandes familles aristocratiques de Provence.
Le cas d'Aicard, archevêque de la ville, de la famille des vicomtes de Marseille, qui a pris parti pour l'empereur Henri IV contre le pape Grégoire VII dans la Querelle des Investitures à la fin des années 1070, en est un bon exemple.
En l'espèce à Arles, ces tensions d'ordre politico-religieux avec le pape se doublent d'un problème politique entre le comte et l'archevêque qui à cette époque est aussi un seigneur féodal. Le comte de Provence Bertrand (1063-1093) est triplement opposé à Aicard : d'abord à propos de la nomination controversée de Bermond comme abbé de Montmajour, ensuite probablement comme le souligne l'historien arlésien Anibert, parce qu'Aicard s'est rapproché dès 1076 du comte de Saint-Gilles, excommunié par le pape et rival du comte de Provence, enfin et surtout parce qu'il redoute la puissance de la famille de l'archevêque, celle des vicomtes de Marseille.
Le comte de Provence est déjà affaibli : il a transféré la résidence comtale d'Arles à Tarascon en 1063 et, incapable d'assurer la paix, il demande en 1065 aux puissantes familles arlésiennes d'assurer la protection des biens de l'Abbaye de Saint-Victor de Marseille. De même, la justice comtale ne semble plus qu'un souvenir. Un scribe de Montmajour écrit en 1067 :
En 1078, le comte de Provence recherche l'appui du pape en accusant l'archevêque de simonie, puis en 1081, en se plaçant sous la suzeraineté papale, renie ses liens de vassalité avec l'Empereur Germanique. Le prélat arlésien est toutefois soutenu par le peuple, le clergé, les familles des Baux et des Porcelet et le comte de Saint-Gilles, Raimon IV. Ainsi, la ville refuse la destitution en 1080 de son archevêque Aicard et interdit l'entrée à Gibelin de Sabran, le nouveau prélat désigné par le pape au concile d'Avignon.
Finalement, ce n'est qu'après 1096 que l'Église profitant de l'absence des dynasties locales, parties en croisade, pourra mettre de l'ordre dans sa hiérarchie, plaçant des réformateurs non liés aux familles vicomtales à la tête de son évêché.
Si la rébellion épiscopale d'Aicard va entraîner un déclin du diocèse arlésien jusqu'au milieu du XIIe siècle, Anibert y voit, au niveau politique, le ferment des idées d'émancipation de la cité qui se concrétiseront cinquante ans plus tard par le consulat.
Bertrand meurt en 1093, après un règne de trente-deux ans. Sa mère Etiennette s'empare de la régence qu'elle exerce jusqu'à sa mort. On voit ensuite régner ensemble la sœur de Bertrand, Gerberge et le mari de celle-ci, Gilbert, vicomte du Gévaudan et seigneur de Milhaud et de Carlad. Il semble que Gilbert participe à la première croisade, et cette absence contribue à expliquer le manque presque absolu d'évènements sur ce règne.
Sur le plan économique, le mouvement de reprise amorcé dès la fin du Xe siècle continue après l'an 1000. Des terres sont remises en culture et dans la région de nombreuses chapelles sont bâties pour le service paroissial des laboureurs nouvellement installés. La cité elle-même se développe : une charte de l'année 1015 signale la présence de maisons à l'extérieur des murs de la ville, non loin de la porte Saint-Étienne.
Après les années de tension et de conflits 1015-1040, la ville s'ouvre aux commerçants italiens au milieu du XIe siècle à l'époque où Gênes et Pise deviennent des puissances en Méditerranée. Une source primaire précise : les Pisans, les Génois et les autres Lombards qui viennent à Arles. Ils remplacent les marchands juifs, les Radhanites des siècles précédents, qui à partir des ports du pays franc se dirigeaient vers le Moyen-Orient.
Dans la seconde moitié du siècle, l'extension des terres agricoles reprend essentiellement sous la forme d'assèchements de marais, comme ceux entourant l'abbaye de Montmajour sur lesquels les moines et la ville d'Arles s'opposent avant de conclure un compromis en 1067. De même en 1073, un document indique que les moines de Saint-Victor peuvent assécher les marais de Vaquières en Crau.
Le XIIe siècle arlésien est occupé par des péripéties complexes où s'affrontent les deux grands ports italiens Gênes et Pise et où s'opposent les familles de Barcelone et de Toulouse soutenues par leurs alliés arlésiens respectifs, principalement l'archevêque ainsi que les Baux et les Porcelet. Dans ce contexte de grande instabilité politique lié en partie à l'installation contestée en 1112 de la 2e dynastie des comtes de Provence qui sera une des causes des guerres Baussenques, Arles va être l'objet dès 1131, d'un mouvement d'émancipation urbaine, appelé consulat, l'un des plus anciens de Provence et d'un développement tant économique et commercial que religieux, avec notamment l'installation des Templiers.
// rappel du début du siècle : faiblesse des comtes, pb successoraux de la première dynastie des comtes de Provence, visées de la maison de Toulouse sur le comté de Provence, rôle important de l'abbaye Saint-Victor de Marseille, des légats du pape... //
Vers 1110, Gerbert de Gévaudan dit aussi Gilbert de Gévaudan, comte de Provence par son mariage avec Gerberge est assassiné par un noble provençal. En absence d'héritier, Gerberge recherche l'appui d'une dynastie forte capable de restaurer l'autorité comtale contestée depuis plusieurs décennies par des guerres privées.
Le à Saint-Victor de Marseille et non à la cathédrale Saint-Trophime d'Arles alors capitale du comté de Provence, le comte de Barcelone Raimond Bérenger épouse Douce la fille aînée de Gerberge de Provence, comtesse de Provence. L'Église qui profite de l'absence de la maison de Toulouse aurait pu avoir arrangé ce mariage. Édouard Baratier écrit : « Cette union a peut-être été favorisée par la cardinal Richard de Millau, ancien abbé de Saint-Victor, devenu archevêque de Narbonne. En un minimum de temps plusieurs donations successives légitiment l’autorité du comte barcelonais sur la Provence ». On peut également rappeler que l'abbaye de Saint-Victor avait à cette époque de nombreux domaines en Catalogne, ce qui explique probablement les contacts de l'Église avec les princes Catalans par l'intermède d'anciens abbés de ce monastère. Quoi qu'il en soit, par ce mariage, le comté de Provence passe grâce à une série de donations, de la comtesse Gerberge de Provence à Raimond Berenger. C'est le début officiel de la deuxième dynastie des comtes de Provence.
Toutefois cette transaction est immédiatement contestée. Par exemple en 1112, l'arlésien Jaufre Porcelet (1101-1149) est le seul Provençal à avoir souscrit l'acte par lequel la comtesse donne la main de sa fille Douce à Raimon Bérenger III.
Et lors de l'hommage auquel se soumettent de nombreux seigneurs en 1113, tous, en particulier les comtes de Fos et la majorité des familles possessionnées en Provence orientale, ne sont pas représentés. De même Raimond des Baux, le nouveau beau-frère du comte, hésite avant de se ranger derrière la nouvelle dynastie. Mais son soutien intéressé dans un faide contre les meurtriers du comte Gerbert lui permet de récupérer de nombreux domaines notamment en Camargue. Dès lors cette étroite collaboration entre les Porcelet, les Baux et les Catalans se manifeste dans la participation de la noblesse arlésienne à une expédition conjointe avec les Pisans à la croisade de Majorque en 1114-1115 où ils tentent en vain de déloger les Musulmans.
La noblesse provençale dans son ensemble est déchirée par la rivalité entre les différents comtes qui peuvent prétendre au comté par la branche féminine (comtes d'Urgell, de Barcelone et de Saint-Gilles). Raimond-Bérenger doit donc mener une campagne pour soumettre les récalcitrants, en particulier les Fos. En 1115/1116, par une action militaire, il s'empare du château de Fos où il reçoit l'hommage de Pons V de Fos pour les territoires de Fos et d'Hyères. Une autre famille de la région d'Arles où se situe la principale zone d'influence des comtes, les vicomtes de Marseille est également mentionnée comme ralliée au comte en 1116.
Une seconde phase dans cette contestation, entre 1119 et la fin des années 1120, voit des changements d'alliances, notamment celles des grandes familles arlésiennes. Le conflit reprend en effet à la majorité d'Alphonse Jourdain qui marque le retour de la maison de Toulouse après vingt-cinq ans d'absence en Provence, à la suite des croisades et de la jeunesse du prince. À cette occasion Alphonse Jourdain reçoit l'appui de grandes familles en mémoire des liens tissés par son père Raimon IV avec la noblesse provençale et en raison des oppositions suscitées par les progrès de la réforme de l'Église. Dans ce conflit opposant les maisons de Toulouse et de Barcelone, l'archevêque d'Arles suit le parti du pape, c’est-à-dire les comtes de Barcelone. Ce conflit va entraîner de vives tensions à Arles entre la maison des Baux et celle des Porcelet qui soutiennent Alphonse Jourdain, et l’archevêque Atton (1115-† 1129).
« L’engagement de l’archevêque Aton aux côtés de Raimond Berenger I…, alors que les Baux choisissent le camp d’Alphonse Jourdain, provoque sans doute une première rupture, que vient consommer le statut des légats du pape Innocent II (1130-1143) de ses deux successeurs ».
De même, le , le pape Calixte II, probablement lors de son passage dans la cité où il consacre l'église Saint-Julien, mande l'archevêque d’Arles de réprimer les déprédations de Guilhem Porcelet, seigneur arlésien allié des Baux. Ce même pape, le , informe Atton de l’excommunication d’Alphonse Jourdain de Toulouse.
Finalement un accord est signé le : ce traité établit un marquisat de Provence, au Nord de la Durance, attribué à Alphonse Jourdain (comte de Toulouse) et un comté de Provence, au Sud, dont Arles est la capitale, et qui revient à Raimond Bérenger (comte de Barcelone). Cet accord est à la fois un traité de partage de la Provence et une convention destinée à étouffer les revendications provençales d'un prétendant plus modeste : le comte de Forcalquier.
En 1125, alors que la paix est assurée, Raimond Bérenger III et sa femme Dolça en défenseurs de l'Église, à l'instar du comte Guillaume 150 ans auparavant, tiennent un plaid à Arles où accourent l'abbé de Saint-André, les moines de Lérins, l'évêque d'Antibes, l'archevêque et les chanoines d'Aix, tous pour récupérer leurs droits d'antan. Ils siègent au palais de la Trouille, probablement les Thermes de Constantin transformées en palais comtal.
Ce traité n'inaugure toutefois pas une période de calme.
La mort de Douce en 1130 fait resurgir les problèmes de succession latents du comté de Provence, et celle de Raimond-Berenger, le , affaiblit la maison de Barcelone. Désormais les comtes de Toulouse, soutenus par les Baux qui ont à nouveau changé d'alliance, et de Barcelone-Provence saisissent toutes les occasions pour améliorer leurs positions respectives. Ce jeu d'intrigues et de compétition va être la raison de chocs ininterrompus d'autant plus que la capitale de la Provence, Arles, se trouve elle-même dans une situation politique instable. La ville en effet est découpée en quartiers appartenant à des seigneurs féodaux (archevêque, familles aristocratiques, comte de Toulouse) différents, souvent en conflit, mais unis objectivement dans le refus de laisser le comte de Provence devenir possessionné dans la cité.
La mort de Raimond-Berenger et ses conséquences donnent également l’impulsion supplémentaire dans la cité d'Arles à la création dès 1131 d’un consulat. Les Arlésiens s'inspirent des villes italiennes Pise et Gênes dont les marchands fréquentent leur port, et de leur voisine Avignon qui a instauré un consulat deux ans plus tôt. D’après Anibert, historien arlésien du XVIIIe siècle, le consulat aurait été créé en réponse à la montée des menaces de conflit entre la Maison des Baux et celle des comtes de Provence : « Les préparatifs de guerre que faisaient sourdement les seigneurs des Baux, contre la Maison de Barcelone à la mort de Raymond-Berenger premier (il s’agit de Raimond Berenger III comte de Barcelone, 1082-1131, parfois appelé Raimond Berenger Ier comte de Provence) et peut-être quelque temps auparavant, durent décider les Arlésiens à ce grand changement, et engager l’archevêque à s’y prêter. Les circonstances exigeaient qu’on donnât à la ville des chefs capables de porter les armes au besoin… Quoi qu'il en soit, l’archevêque lui-même concourut à l’institution du Consulat, non comme un seigneur qui autorise les démarches de ses vassaux, mais comme chef de la confédération ». Un historien moderne, Jean-Pierre Poly précise : « c’est la force et la puissance des chevaliers citadins qui donnent naissance aux premières communes provençales, avant le milieu du XIIe siècle ».
Le rôle grandissant des Arlésiens est ainsi consacré par l’apparition d’un consulat de caractère aristocratique avec le soutien (opportuniste ?) de l'archevêque d'Arles, Bernard Guerin (1129-1138). Quelques années plus tard en 1150, ce consulat est renforcé par une charte de l'archevêque Raimon de Montredon (1142-1160), prélat d'origine languedocienne qui manifeste une neutralité bienveillante vis-à-vis d’Alphonse Jourdain dans le conflit opposant les maisons d’Aragon et de Toulouse. Toutefois en 1156 (ou en 1150 ?), on signale une révolte de la ville d'Arles contre son archevêque, sans très bien en connaître les détails et les raisons. Quoi qu'il en soit, les premiers statuts de ce consulat sont rédigés dès les années 1160.
Dans les années 1130-1140, malgré le traité de 1125, l'autorité du comte autour de la région d'Arles est presque nulle, en dehors d'une suzeraineté nominale. Et les seigneurs des Baux qui ont fait valoir dès 1131, au titre de leur union avec la fille cadette de Gerberge, Étiennette, leurs droits au comté de Provence auprès de l'empereur Conrad, se prépare à un conflit ouvert avec le comte de Provence. D'autant plus, que leur richesse s'est fortement accrue.
En 1144, la mort sans doute non fortuite du comte Berenger Raimond à Melgueil tué par les Génois alliés du comte de Toulouse déclenche les Guerres Baussenques qui vont durer jusqu'en 1162 et se terminer par la défaite des Baux.
Ces guerres, auxquelles participent dans un premier temps les Arlésiens comme alliés des Baux, ont pour cadre la région d'Arles et plus particulièrement le château de Trinquetaille, place forte de cette famille. C'est probablement en relation avec ces luttes qu'il faut appréhender la révolte évoquée précédemment des Arlésiens contre leur archevêque en 1156 ou en 1150. Au terme de conflits successifs (1144-1150, 1156 et 1162), le comte de Provence fait raser le château de Trinquetaille et bloque le développement économique de ce quartier -il contrôle ainsi la richesse de la maison des Baux- en interdisant ports et foires commerciales.
Les guerres baussenques permettent à la dynastie comtale de mettre au rang les Baux qui payent pour leur reddition un très lourd tribut, en particulier à Arles.... L'empereur Frédéric Barberousse soutient désormais la famille de Barcelone qui s'est imposée par les armes et lui donne sa nièce Richilde en mariage. Les Baux de leurs côtés, après avoir tenté une dernière fois un recours auprès de l'empereur se décident à cesser toutes hostilités et choisissent de se ranger derrière le comte de Provence.
Dans les années 1185-1189, la Provence souffre d'un certain vide du pouvoir après la trahison de Sanche, le second frère d'Alphonse. La mort du procureur Roger Bernat en novembre 1188 remet en cause l'équilibre politique avec notamment la rébellion de Boniface de Castellane qui nécessite l'intervention du comte pour mater cette insurrection (octobre 1189).
À Arles, cette période correspond à la guerre privée conduite par les Porcelet contre la famille des Fos, adversaires jamais résignés des comtes. Dans ce conflit dont ils sortent vainqueurs, les Porcelet sont soutenus par l'archevêque, l'aristocratie urbaine et la famille comtale. Le traité de mars 1188 (ou 1189) leur permet d'accroître de manière substantielle leurs domaines, notamment dans la région d'Aix et de l'étang de Berre.
Après trois ans de paix, le conflit reprend à la suite d'une défection de vassaux du comte de Toulouse, qui craignant pour leurs biens à la suite de la condamnation du catharisme par le IIIe siècle concile du Latran, se sont mis sous la protection d'Alphone Ier.
En 1191, à l'époque de l'élection d'Imbert d’Eyguières comme archevêque, la ville d’Arles est la proie d’une violence urbaine entre différents partis. Ainsi lorsqu’en novembre 1191, le pape Célestin III lui remet une bulle, Célestin y décrit les troubles qui agitent la cité archiépiscopale et qui se traduisent par les pillages des marchands, l’arrivée de mercenaires et l’accueil des hérétiques. Il lui accorde les pleins pouvoirs pour extirper le mal et lui permet d’user à sa convenance de l’excommunication.
Dans le cadre des tensions croissantes opposant les grands propriétaires fonciers, grandes familles aristocratiques et ordres militaires religieux, il est signalé en 1192 la fin d'un conflit entre Hugues III des Baux et les Hospitaliers de Saint-Thomas au sujet des dîmes et des tasques relatives à des terres situées au nord de la Camargue.
En 1194, le pape Célestin III replace l'abbaye Saint-Césaire richement possessionnée et jusqu'alors sous l'autorité des comtes de Provence depuis Guillaume Ier, sous son autorité directe.
Les chevaliers urbains d'Arles
Les chevaliers urbains arlésiens possèdent de vastes alleux autour de la ville et tiennent de l’Église des terres très étendues que souvent ils inféodent à leur tour à des citadins aisés, mais de moindre envergure. On distingue les primats (les Baux, les Marseille…) et les vassi urbis Arelatensis. Ces hommes enrichis par le commerce renaissant et le contrôle progressif de tonlieux sont dans une position d’autant plus forte qu’ils ont reçu la garde de noyaux fortifiés. Ces forteresses en pleine ville sont édifiés sur les restes de monuments romains. La porte décumane est devenue le castellum rotundum. Au nord, la porta lutosa (porte boueuse à cause du sol marécageux de son emplacement) a été fortifiée et s’est transformée en castrum Portaldosa. La famille des Astiers tient la porte décumane ouest. Sur le Forum, les restes d’un ancien temple d’Auguste sont aussi fortifiés : c’est le Capitole. À l’intérieur du Théâtre, un château est tenu par la famille de Carbonières. Les noms de certaines familles de chevaliers évoquent ce rôle militaire : de Arma, de Porta, de Turre, de Arenis.
Les Porcelet
Parmi toutes ces familles de chevaliers vassi urbis Arelatensis, la plus puissante est celle des Porcelet. Les Guerres Baussenques ont servi ses intérêts. En 1162, le dénouement de cette crise confirme son choix politique en faveur des comtes de Provence et consacre sa nouvelle puissance, à l'inverse de celle des Baux qui rentre dans le rang avec la confiscation des châteaux de Trinquetaille et des Baux. Cette famille va alors jouer en Provence jusque dans les années 1210 un rôle politique de premier plan et ses membres occuper une position de choix dans l'entourage du comte ; ils participent activement à l'affermissement du pouvoir de la maison de Barcelone. Sous Alphonse Ier, Porcel se voit confier d'importantes missions diplomatiques dans le Languedoc qui aboutissent le à la paix de Jarnègues. Il prend part la même année à l'expédition militaire du comte en Provence occidentale et en décembre 1178, il est nommé au conseil restreint du comte Raimon Bérenger à qui Alphonse Ier a délégué son autorité sur la Provence. Le fils de Porcel, Guilhem poursuit la politique familiale et devient un des conseillers les plus écoutés d'Alphonse II. Les Porcelet mènent également une politique de prestige personnelle au détriment des vieux opposants à la maison de Barcelone. En 1188, ils battent ainsi dans une guerre privée la maison de Fos, victoire qui leur permet d'agrandir leur domaine dans le pays de l'étang de Berre et dans la ville d'Aix.
Le rôle important joué par les Porcelet s'explique par un patrimoine important maintenu par une cohésion lignagère autour de l'aîné (Deidonat, Volverade, Jaufre, Porcel, Guilhem et Bertrand) qui apporte les moyens matériels indispensables à cette politique de prestige. Ils sont possessionnés contrairement aux autres grandes familles d'origine aristocratique plus ancienne, uniquement en Provence occidentale où ils possèdent d'importants biens à Arles (Vieux-Bourg), en Camargue et en Crau avec des redevances sur le commerce, la vente du sel et la commercialisation des produits d'élevage et de la pêche. Les prêts énormes consentis par les Porcelet aux différents comtes et archevêques dans la seconde moitié du XIIe siècle témoignent de cette nouvelle puissance. La cession pure et simple ou remise en gage de revenus en compensation de ces prêts expliquent le rôle sans cesse croissant joué par ces chevaliers arlésiens.
Ces évènements transforment le rôle de la cité arlésienne dans la Provence du XIIe siècle.
Déplacement du lieu de résidence des archevêques
Peu après la création du consulat, les archevêques d'Arles qui établissent de nouveaux liens plus politiques que spirituels avec la famille des Baux, font de Salon-de-Provence leur résidence principale lorsque l'archevêque d'Arles, Raimon de Montredon devient seigneur de Salon (1142). La richesse du terroir, la protection offerte par le château de l'Empéri d'une part et l'agitation urbaine d'Arles d'autre part, expliquent ce choix dans une période troublée par les guerres et les révoltes. La ville et son château sont ainsi liés pendant presque huit siècles à la temporalité de l'Église d'Arles.
Une présence plus marquée des empereurs germaniques
Dans cette période où le pouvoir des comtes est contesté, Frédéric Ier Barberousse (1122-1190), empereur germanique depuis 1155 et suzerain de la Provence souhaite reprendre le vieux titre de Roi d'Arles et rappeler ainsi son autorité. Il confirme alors de nombreux privilèges de l'Église d'Arles en 1153-1154, intervient diplomatiquement dans les guerres Baussenques et se fait couronner le dans la basilique Saint-Trophime par l'archevêque Raimond de Bollène (1163-1182) en présence de tous les grands du royaume à l'exception notable du comte de Provence. Conseillé par son frère le comte de Barcelone, le comte de Provence pour mieux marquer son autorité sur ce comté, n'assiste pas au couronnement de l'Empereur.
Arles perd son statut de capitale du comté
Cause ou conséquence, c'est à cette époque, vers 1180, que les comtes de Provence, vassaux des empereurs germaniques, délaissent Arles et s'installent à Aix et que la cité se dote d'un gouvernement connu dans l'histoire sous le nom de République d'Arles (1180-1251) à l'instar des villes italiennes avec qui la cité entretient de nombreuses relations. Après la création de la République d'Arles, et la disparition de conflits internes entre quartiers de la cité, les habitants décident d'enfermer le vieux Bourg, le Bourg-neuf et le Marché dans une nouvelle enceinte probablement terminée peu après 1095.
…(1180-1200) / à faire : avant et après 1190, mort de F Barberousse; la mort de F Barberousse redistribue les cartes en Provence...
... En 1189 (?) l’archevêque d’Arles participe à l’expédition des comtes de Provence contre le seigneur de Castellane.
Après la paix du entre les maisons de Toulouse et de Barcelone, le comte de Toulouse se désintéresse de la Provence. À Arles, les conflits vont prendre une nouvelle direction.
L'économie arlésienne au XIIe siècle
Sur le plan économique, les chevaliers et les probi homines arlésiens bénéficient du développement des échanges, notamment par les revenus de la lesde, des tonlieux et du sel. Accumulant d'énormes richesses qui en feront les bailleurs de fonds des comtes, ils deviennent comme on l'a vu extrêmement puissants.
Arles bénéficie aussi des croisades; on rapporte ainsi que la première attestation en France de moulins à vent (d'origine moyen-orientale), figure dans une charte de la ville d'Arles datée de 1170.
Au XIIe siècle, le port d'Arles est actif comme en témoignent les épisodes de la guerre maritime et les statuts de la ville. Il existe une flotte militaire arlésienne : en 1114 par exemple, des bateaux de la cité participent à la croisade de Majorque; de même, en 1120, la flotte d'Arles (14 navires conduits par les Baux et les Porcelet) aide les Galiciens contre les musulmans de Espagne; enfin, en 1165, des navires arlésiens participent avec les Pisans à la tentative d'interception du pape Alexandre III. De nombreux articles des statuts de la ville font également référence aux activités portuaires, ainsi l'article 140 (rédigé entre 1160 et 1200) précise les conditions d'embarquement des pèlerins à Arles.
Toutefois, au XIIe siècle Arles ne réussit pas à capter à son profit le trafic international renaissant (draps des Flandres, épices et produits du Levant) qui fait la fortune de Saint-Gilles, ville neuve établie à environ vingt kilomètres en aval du Petit Rhône à côté d'un ancien marché aux portes d'une abbaye, favorisée par un pèlerinage et par l'installation de marchands italiens qui en quelques années en font le port commercial le plus actif de la région rhodanienne.
La communauté juive d'Arles, relativement importante, profite également de l'essor du commerce. En 1165, Benjamin de Tudèle dénombre deux cents chefs de famille dans la cité; ils contrôlent une partie du commerce des produits de luxe et celui du vermillon et certains d'entre eux s'occupent des affaires de l'archevêque, du comte et des Baux. Sur cette base de deux cents chefs de famille juifs, on peut tenter une estimation de la population globale de la cité : environ 8 000 à 10 000 habitants. C'est une estimation proche de celle de l'historien Louis Stouff qui juge le chiffre de 5 000 à 6 000 avancé par Erika Engelmann à la date de 1200, comme probablement en deçà de la vérité.
Sur le plan financier, les années 1180-1185 voient apparaître un intérêt manifeste pour la monnaie, notamment si on en croit les actes du cartulaire de Trinquetaille où les restitutions de l’Ordre de l’Hôpital, initialement en nature, apparaissent désormais réglées exclusivement en argent. Ceci est non seulement la manifestation évidente de la puissance financière de l’ordre mais surtout un intérêt évident des plaignants à être dédommagés en « liquide ». Il faut donc peut-être voir dans ces nouvelles pratiques, une des conséquences de l’émergence dans les années 1180 du raimondin face à la monnaie de Melgueil.
Le renouveau du droit romain et du droit canon
En relation avec le développement des échanges, de l'institution notariale et des libertés communales, le droit romain réapparaît peu à peu dans les actes provençaux en provenance des villes italiennes et de Septimanie. Dans la ville d'Arles, ville provençale la plus ouverte à l'émergence de ces nouvelles techniques, les actes de ventes remplacent dès le XIIe siècle les donations rémunérées et vers 1184, l'institution d'héritier, élément caractéristique de la romanisation des contrats, s'établit dans les testaments arlésiens.
Dans cette seconde moitié du XIIe siècle, les archevêques d'Arles sont choisis au sein du chapitre par la cooptation des chanoines. Cette élite cléricale vit dans des bâtiments nouvellement construits autour de la cathédrale Saint-Trophime ; elle consacre son temps à la vie religieuse selon la règle de saint Augustin et aux études du droit aussi bien romain que canonique dont Arles, sous l’influence de la Septimanie proche où enseignent les maîtres venus de Bologne, devient avec Saint-Ruf d’Avignon un centre important de diffusion en Provence. Le chapitre de Saint-Trophime forme ainsi de nombreux légistes qui se mettent au service des comtes de Provence, tels que par exemple Bernat d’Auriac pilier du gouvernement comtal entre 1167 et 1177, Gilhem Barreira professeur au chapitre qui prête serment au nom d’Alphonse Ier lors du traité d’Aix en 1193, Rainaud de Sainte-Croix ou les chevaliers arlésiens Guilhem Bernat d’Aix juge du comte et son frère Beranger. Les juristes d’Arles apportent une aide technique indispensable aux Catalans. Bénéficiant de cette renommée, Arles attire alors des juristes internationaux, tels que l'anglais Gervais de Tilbury qui s'installe dans la cité en 1189 où il épouse une nièce de l'archevêque, Imbert d'Eyguières, et deviendra au début du XIIIe siècle juge mage du comte de Provence, Alphonse II.
Cette tendance se manifeste également, à l'instar des villes italiennes, dans la codification des droits des Arlésiens ou statuts. Rédigés dès le milieu du XIIe siècle et enrichis jusqu'au milieu du suivant, les 193 articles de ces statuts touchent à tous les aspects de la vie de la cité, en particulier le gouvernement, la justice, la police, l'administration du territoire, la vie religieuse et les juifs d'Arles. Toutefois, ces articles privilégient, et de loin, les aspects économiques. Quotidiennement évoqués par la communauté, ils survivront à la période qui les a conçus et constitueront selon l'historien Louis Stouff, un legs de la République d'Arles à la période suivante.
La vie religieuse arlésienne au XIIe siècle
Le XIIe siècle est sur le plan religieux une époque de transformations.
Le (ou le ) 1152, l'archevêque d'Arles Raimon de Montredon, assisté des évêques d'Avignon, Vaison et Marseille, ses suffragants, organise la translation des reliques de saint Trophime, des Alyscamps à la basilique Saint-Étienne qui perd probablement alors ce patronyme au profit de l'actuel Saint-Trophime. À cette cérémonie participe une foule nombreuse, dont le comte de Toulouse Raymond V ; l'historien arlésien Anibert souligne que l'espoir d'attirer les pèlerins n'« étoit pas le motif le moins puissant de ces sortes de Fêtes ».
Cette mise en valeur du "patrimoine religieux" arlésien se produit en effet, de manière fort opportune, au moment où se développe le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle dont Arles en raison de sa proximité avec Saint-Gilles est un point de départ. Ce pèlerinage, popularisé par un texte rédigé vers 1139, le Liber Sancti Jacobi compilation à la gloire de saint Jacques le Majeur, comporte cinq livres dont le « guide de Saint-Jacques de Compostelle » conçu comme un guide pratique et "quasi-touristique" indiquant tout le long du trajet, les lieux à visiter et les reliques à vénérer.
Probablement en relation avec cette ferveur religieuse, débute en 1170, la réalisation des façades sculptées de la basilique Saint-Trophime d'Arles et de Saint-Gilles-du-Gard (art roman) (fin en 1220). Selon d'autres sources, ces travaux commencés plutôt dès les années 1152, seraient terminés en 1178, à la date du couronnement dans cette basilique de l'Empereur romain germanique, Frédéric Ier Barberousse. Des travaux de transformation ou de reconstruction dans le style roman sont également signalés à cette époque dans Arles même et sa région (église des Saintes-Maries-de-la-Mer, abbaye de Montmajour, abbatiale de Saint-Gilles...).
À côté des modifications du bâti cultuel, les nouveaux ordres religieux fondés à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle s'implantent dans la cité et contribuent à l'évolution religieuse de la ville. Les premiers à s'implanter sont les ordres militaires. Les Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem créent la commanderie de Trinquetaille un peu avant 1115. L'ordre des Templiers, fondé en 1119, s'installe à Arles vers 1142 au nord de la porte du Bourg-Neuf à laquelle ils ont donné leur nom (Porte de la Milice ou Porte de la Cavalerie) et se déploie ensuite rapidement en Camargue dès les années 1160. Les deux ordres, protégés par la maison de Barcelone qui fait de Saint-Thomas de Trinquetaille sa première nécropole provençale, y acquièrent de très grands domaines ce qui entraîne peu à peu l'hostilité du patriciat arlésien et des conflits de propriété et d'usage avec des monastères. Viennent ensuite les Cisterciens qui fondent une abbaye en Camargue initialement à Ulmet vers 1180, puis à Sylvéréal.
Le mouvement d'émancipation qui a miné le pouvoir politique de l'archevêque et menacé celui du comte de Provence à la fin du XIIe siècle va se poursuivre jusqu'au milieu du siècle suivant dans un contexte différent avec de nouveaux belligérants. Il s'agit principalement des nouvelles familles aristocratiques arlésiennes, des seigneurs du nord attirés par les terres méridionales, des rois de France avec leurs ambitions sur l'Aquitaine et la Provence, de la maison de Toulouse et de l'empereur germanique, sans oublier l'Église et l'épiscopat local confrontés à l'hérésie cathare et séduits, après le succès de la Réforme grégorienne, par l'instauration d'une théocratie méridionale. Sur le plan local, s'y rajoute le problème récurrent du pouvoir urbain entre les grandes familles, le comte et l'archevêque, problème qui se complique avec les aspirations politiques et économiques des classes arlésiennes. La cité connaît donc dès le début du XIIIe siècle une série de troubles urbains qui vont opposer progressivement l'ensemble de ces protagonistes, anciens et nouveaux, au gré d'alliances fluctuantes et du sort des armes.
Il s'agit d'abord un conflit entre les familles des Baux et celle des Porcelet, entre l'ancienne aristocratie provençale et la nouvelle. Ce conflit qui a des racines locales dès 1200, résulte aussi d'un processus politique concernant l'application du traité de 1193 relatif au comté de Forcalquier. À partir de 1202, il oppose d'un côté Guilhem IV de Forcalquier, Raimon VI de Toulouse et la famille des Baux, et de l'autre côté, le comte de Provence et les Porcelet. À Arles même, il dégénère en une lutte entre quartiers : le Vieux-Bourg des Porcelet, le Bourg-Neuf des Baux et la Cité de l'archevêque. L'enjeu en est le contrôle du Méjan, quartier frontalier aux lisières du Rhône, du Vieux-Bourg et de la Cité.
1203-1208 - Union de la noblesse occitane contre les menaces de l'Église
Ensuite le comte de Provence adopte une nouvelle stratégie anti-épiscopale et d'alliance avec le comte de Toulouse dans la mesure où il craint les visées politiques de l'Église, avec la tournée du légat Peire de Castelnau (1203). Dès avril 1204, Guilhem Porcelet, suivant la nouvelle politique du comte de Provence, est ainsi le témoin dans la ville de Millau de la signature d'un pacte d'alliance entre Pierre II d'Aragon, Alphonse II de Provence et Raimon VI de Toulouse. À Arles, pour les grandes familles, la menace se fait plus pressante lorsqu'en 1206, l'archevêque accroit son pouvoir dans la ville en s'arrogeant le droit de nommer les consuls. Dans ces conditions, les Baux et les Porcelet passent en juillet 1207 à Arles un pacte avec Alphonse II de Provence avec lequel ils décident d'unir leurs efforts contre l'archevêque de la ville. En janvier 1208, cette attitude anti-épiscopale se traduit par le meurtre de Peire de Castelnau assassiné par un proche du comte de Toulouse et des Porcelet aux portes d'Arles (probablement à Fourques ou à Trinquetaille). À la suite de cet incident et de l'opportunité offerte par le décès du comte de Provence, Alphonse II, le à Palerme, le conflit va désormais s'étendre.
1209-1213 - Croisade des Albigeois, vacance du pouvoir comtal et contrôle de la ville par l'Archevêque
Dans ce contexte plus favorable à l'Église, les conséquences de ce meurtre, c'est la croisade des albigeois entreprise dès la fin du mois de juin 1209 par les troupes conduites par le baron Simon de Montfort et les légats du pape Arnaud Amaury et Milon qui déferlent en Provence et Languedoc. Arrivée dans la cité vers le , cette armée impose sa loi et le parti anticlérical arlésien est alors sévèrement châtié : le château des Porcelet érigé sur l'île de la Cappe est par exemple démantelé.
La mort à Palerme du comte de Provence Adolphe II qui, avec le mariage de sa fille Constance, s'était rapproché du roi de Sicile Frédéric II et l'éloignement de son fils Raimond Bérenger à Forcalquier, puis en Aragon sous la tutelle de Sanche, avait laissé le pouvoir comtal orphelin. Ainsi profitant de la situation, le suzerain du comté provençal, le nouvel empereur germanique Otton de Brunswick sacré par le pape Innocent III en octobre 1209, nomme dès le mois de novembre l'anglais Gervais de Tilbury, un proche de l'ancien archevêque Imbert d’Eyguières, maréchal du royaume d'Arles résidant à Arles. De son côté, à la veille de la bataille de Muret (), l'archevêque d'Arles, Michel de Morèse qui a su profiter du retrait du comte de Provence et de la présence des légats et croisés, parvient à rétablir sa domination complète sur la cité et encouragé par ses succès, tente d'imposer une théocratie.
1213 - la bataille de Muret : fin de la coalition occitane
La bataille de Muret a lieu le dans la plaine à 25 km au sud de Toulouse dans le cadre de la croisade des Albigeois entre les troupes de Raymond VI, comte de Toulouse et ses alliés occitans comme Raymond-Roger, comte de Foix et Pierre II, roi d'Aragon, opposés à l'armée croisée sous les ordres de Simon IV de Montfort pour le compte du pape Innocent III. La défaite des troupes occitanes marque la fin de la coalition occitane ; elle détache ainsi les rois d'Aragon de la Provence et les forces aristocratiques arlésiennes perdent leur principal soutien. Par ailleurs, la mort du roi Pierre à la bataille de Muret par des forces soutenues par l'Église rompt définitivement l'alliance centenaire entre la maison d'Aragon et Rome. Les cartes sont redistribuées : les rois d'Aragon se sont rapprochés de Frédéric II depuis qu'en 1210 ce dernier leur a concédé des fiefs en Sicile et la papauté, de son côté, va désormais rechercher ses soutiens auprès des capétiens.
1214 - l'impact de la bataille de Bouvines : Frédéric II s'intéresse à Arles
Un second évènement redistribue les cartes politiques et les alliances : le , la bataille de Bouvines porte un coup mortel à la puissance d’Otton de Brunswick. Une autre puissance apparaît, celle des Hohenstaufen, dans un premier temps soutenue à la fois par le roi de France et le pape Innocent III.
Les grands du royaume d’Arles n’éprouve aucune répugnance à se soumettre au nouveau roi des Romains. De nombreux seigneurs ecclésiastiques ont de bonnes raisons pour se ranger au parti vainqueur, champion de l’Église, et qui peut les défendre contre les usurpations incessantes de la féodalité laïque. Aussi, quand en novembre 1214 Frédéric II vient tenir une diète à Bâle, les prélats du royaume d’Arles ne demeurent pas à l’écart.
Les sièges métropolitains de Vienne et d’Arles attirent naturellement la bienveillance du roi des Romains. Arles est, suivant l’expression de l’époque, la capitale de la Provence et le siège principal de l’Empire dans ces contrées : c’est dans sa cathédrale que sont couronnés les rois du pays. Aussi Frédéric adresse-t-il à l’archevêque Michel de Morèse un diplôme où sont explicitement reconnus ses droits et prérogatives et où sont énumérées ses possessions. La comparaison des deux diplômes montre toutefois que les droits de l’archevêque d’Arles sont moins étendus que ceux du métropolitain de Vienne en raison notamment du développement à Arles d’un pouvoir rival de celui de l’Église, celui de la commune à la tête de laquelle se trouvent les consuls. Frédéric ménageant à la fois la Commune et l’archevêque reconnaît le droit à la ville d’être régie par des consuls élus chaque année sous la suzeraineté de l’archevêque qui les nomme ou participe à leur désignation.
1214-1217 - Après l'échec de Muret, l'aristocratie se ligue en vain contre l'archevêque d'Arles soutenu par les habitants
Devant l'échec de la coalition occitane, Hugues III des Baux s’allie en 1214, à Nuno Sanche, régent de Provence, et à Bertrand Porcelet contre la ville d’Arles et son archevêque. Le patriciat est en effet opposé à toute forme d’intervention de l’Église dans le gouvernement urbain. Il est encouragé par l’émancipation de Marseille contre son évêque et sensible à l’exemple fourni par le consulat de Saint-Gilles en pleine décadence sous l’influence de l’abbé.
Par une action militaire commune, cette coalition redonne temporairement le consulat aux adversaires de l'archevêque. Guillaume des Baux se rapproche de son côté du nouvel empereur Frédéric II qui lui confie en 1215, le Royaume d'Arles. Après le concile de Latran de 1215 où Guilhem Porcelet conseille le comte Raimon VII de Toulouse, les Porcelet participent au siège de Beaucaire et à la reconquête de la Basse Provence par la maison de Toulouse en 1216.
Ils ne parviennent cependant pas à rallier les arlésiens à la cause du comte de Toulouse et à les détacher de leur fidélité à leur archevêque, Michel de Mouriès. En effet à la suite de rapports conflictuels entre le patriciat et les autres classes arlésiennes l’archevêque, soutenu par les troupes de Simon de Montfort, rallie la grande majorité des arlésiens en profitant de ces dissensions. Ainsi en 1217, les nouveaux consuls élus doivent faire allégeance à l’Église.
1217-1220 - Intervention du nouveau comte de Provence qui entreprend de réduire l'autonomie des grandes familles
Toutefois, le conflit avec le parti aristocratique risque d’être une aubaine pour les puissances extérieures à la cité, en particulier pour le comte de Provence. Le jeune comte Raymond Béranger, exfiltré d'Aragon où il était retenu, revient en effet en Provence en 1216 marquant ainsi la rupture définitive avec le royaume d'Aragon. Il change radicalement de politique par rapport à son père Alphonse II de Provence et à son oncle Sanche et entreprend sous l'autorité initiale de sa mère et de ses conseillers, de réduire l'autonomie des familles aristocratiques en se rapprochant de l'Église et en s'appuyant sur le haut clergé provençal dont son représentant à Arles, l'archevêque Michel de Mouriès décédé le est remplacé par l'ancien prévôt de Marseille, Uc Béroard. À Arles, on peut dater de cette date le déclin progressif des Porcelet.
En réaction à cette tentative et profitant à la fois de l'absence du nouvel archevêque Hugues Béroard qui prolonge jusqu'au début 1219 son séjour à Rome et de la fortune des armes qui favorise à son tour la maison de Toulouse, les Porcelet, les Baux et les autres familles unissent leurs efforts entre 1220 et 1235 à l'oligarchie arlésienne (République d'Arles) qui entame une politique unitaire sous l'égide du podestat. C'est lors de la réunion du qu'est décidé pour mettre fin aux troubles domestiques de rechercher un homme de la religion catholique dont la réputation avantageuse fît espérer une heureuse administration. Le premier d'entre eux, Isnard d'Entrevennes de la maison d'Agoult, entre en exercice le de la même année.
Ce mode de gouvernement correspond à un nouvel équilibre des forces et apporte des limitations aux prérogatives de l’archevêque, sous la direction de ces gouverneurs aux pouvoirs temporaires mais quasi dictatoriaux. En interne, dès 1225, la ville s'inquiète de la puissance des ordres militaires religieux, Templiers et Hospitaliers et prend des mesures contre l'extension de leurs pâturages, alimentant ainsi un mouvement antireligieux qui va aller croissant dans les années qui suivent. La politique extérieure de la cité est également très active, dans une Provence encore instable avec un pouvoir comtal mal assuré. Dans un premier temps la république d'Arles qui mène sa propre politique étrangère avec les villes voisines (Nîmes…) et des cités républiques italiennes, est courtisée par l'Empereur qui conclut un accord le . Toutefois, la croisade des Albigeois de 1226, avec l'intervention des troupes royales et des représentants du pape va modifier ces premières alliances.
Paragraphe à revoir
Face à la coalition de ses opposants (comte de Toulouse, Arles, Marseille, Nice…), le comte de Provence avait appuyé l’intervention du roi de France et de la papauté. Désormais, il œuvre à les diviser. Il soutient d'abord Marseille contre Saint-Victor et les Baux, puis les prétentions de la république d’Arles qui cherche à construire un hinterland face à Marseille dans un conflit territorial lié au partage de la seigneurie de Fos. Un accord, avec le consentement de l’archevêque, est signé le avec le podestat Roland George Pavesan et son viguier, engageant pour trois ans les deux parties.
L’équilibre va se rompre vers les années 1232 - 1234 à la suite de plusieurs événements. Les transformations sociales et de l’afflux des richesses entraînent des luttes pour une meilleure répartition des profits et des charges et en 1234 le podestat et l’archevêque concluent un accord favorable aux couches moyennes de la population. Ensuite la rupture entre Frédéric II et le pape Grégoire IX pousse l'empereur à intervenir dès le mois de septembre 1234 en restituant les droits du Comtat Venaissin à Raymond VII de Toulouse qui reçoit le soutien de Barral des Baux et des villes-états Arles, Avignon et Marseille qui à nouveau unies s'opposent une nouvelle fois au comte de Provence.
De son côté, Raimond Berenger IV ne reste pas inactif. En réaction au soulèvement du Comtat en faveur de Raimond VII, il réorganise et renforce la gestion administrative du comté en découpant la Provence en six régions. Arles avec son vaste territoire est dirigé par le viguier d’Arles, Guillaume de Cotignac ; la baillie d’Autevès, avec Tarascon et la Camargue est commandée par Pons, puis Pierre Amic. Toute la Provence est alors dirigée par des catalans, à l’exception de Pons Amic, de la famille des Sabran richement établie outre-Rhône et d’origine principalement Languedocienne. Parallèlement l'alliance de la maison de France et du comté de Provence, déjà entrevue en 1226, est renforcée en 1234 à la suite du mariage de Marguerite fille aînée du comte avec le roi Louis IX.
Mais pour le patriciat et les familles les plus riches de la cité, l’émancipation communale doit prendre une autre voie : ça sera la confrérie des bailes (septembre 1235 – juillet 1238). D’origine essentiellement aristocratique avec quelques bourgeois enrichis, cette confrérie est dirigée par Bertrand et Raymond Porcelet. Elle est profondément anticléricale et selon certains liée à l’hérésie cathare, le patriciat redoutant la richesse croissante des ordres religieux et réagissant aux tracasseries de l’Église. Ce mouvement est extrêmement violent avec des assassinats, le sac du palais de l’archevêque qui doit s’exiler, l’usurpation de biens ecclésiastiques et la suppression des sacrements ecclésiastiques. La papauté, sans désavouer l'archevêque d'Arles, prend également ses distances. Elle redoute en particulier que dans l'agitation du mouvement communal, les tribunaux inquisitoriaux puissent servir les intérêts politiques de l'épiscopat local. Ainsi, le pape lui enlève la juridiction de l'inquisition et en 1235, le légat Jean de Bernin, archevêque de vienne nomme des juges issus de l'ordre des prêcheurs pour la Provence. Les dominicains contrôlent désormais l'inquisition du comté, jusqu'en 1249 où elle passe aux mains des franciscains.
Cependant, manquant à la fois de soutiens dans la bourgeoisie moyenne, dans les classes populaires et le bas clergé et menacée de l’extérieur, la confrérie des bailles doit capituler. C’est un recul sur la voie de l’émancipation communale. Malgré le compromis mis en place entre le patriciat et l’archevêque, le nouvel accord n’apporte pas l’apaisement et ne répond pas aux aspirations des classes moyennes et inférieures arlésiennes.
Cette nouvelle situation crée un contexte favorable pour les puissances extérieures ; l’empereur Frédéric II la saisit en premier en désignant dès novembre 1237 un vicaire impérial Supramonte Loupo, puis en 1238 en nommant Béroard de Lorette, vice-roi du royaume impérial avec Arles comme résidence. Ces hommes de l'empereur, comme les légats du pape dans le parti opposé, se sont déjà aguerris en Italie, dans le contexte des luttes entre Guelfes et Gibelins, aux affrontements qui divisent la Provence. Les hommes de Frédéric sont envoyés dans la cité avec pour mission d'écarter à tout prix le royaume d'Arles et de Vienne de l'emprise des légats du pape et de l'épiscopat local. Béroard de Lorette qui s'installe à Arles au début de 1238 encourage donc la Confrérie traditionnellement anticléricale et anti-comtale qui renaît en substitution des consuls, et se rend en grande partie responsable des troubles qui aboutissent à un nouveau bannissement de l'archevêque d'Arles, Jean Baussan. Au début de 1239, comme celles des autres grandes métropoles provençales, Avignon et Marseille, également secouées par des révoltes contre les seigneuries épiscopales, la confrérie d'Arles est du côté de Frédéric II et de Raimond VII.
1239-1245 - La prise du pouvoir par le comte de Provence
La nouvelle excommunication de l'empereur Frédéric II, prononcée par le pape Grégoire IX le , refroidit l'ardeur de nombreux confrères. L'archevêque Jean Baussan, profitant de cette situation, fait appel au comte devenu le champion de la cause épiscopale. Le comte accourt et avec ses troupes chasse le vice-roi Béroard de Lorette qu'il oblige à se réfugier à Avignon. L'archevêque est rétabli, mais en retour il doit céder au comte à titre viager,
En réalité, le comte obtient bien plus; il s'empare également des droits de la famille des Porcelet sur le Bourg en représailles de leur conduite lors de cette rébellion. La Cite et le Bourg sont à nouveau séparés, rompant l'unité conquise en 1202.
/ à compléter…/
1240 : réaction de Frédéric II, intervention du comte de Toulouse (siège d'Arles avec l'aide des marseillais, pillage de la Camargue), intervention des troupes françaises et menace d'intervention du roi d'Angleterre,
1245 : la mort de Raymond Bérenger remet en question les avancées du pouvoir comtal en Provence et particulièrement à Arles.
1245-1250 - Les derniers soubresauts
1247-1248 : conflit entre Arles et les troupes françaises ; opposition aux ordres militaires ; situation avec la présence des troupes françaises lors du départ de la croisade....
1249 : décès de Frédéric II et de Raymond VII de Toulouse, principaux soutiens de l'oligarchie arlésienne
1251 : siège de la ville par Charles d'Anjou ; la ville capitule le L'émancipation de la cité est stoppée à la suite de la capitulation de la ville en 1251 devant les troupes de Charles d'Anjou. En effet, la ville ayant perdu son principal protecteur, l'empereur Frédéric II, ne peut prolonger longtemps la résistance, surtout lorsque Charles d'Anjou vient mettre le siège devant ses murs.
C'est la fin de la République d'Arles qui n'a pas réussi à se libérer du joug de l'évêque et du prince. Arles perd alors une grande partie de ses droits et son autonomie. Elle est spoliée de tous ses biens par le comte de Provence qui lui en laisse cependant la jouissance et l'autorité est désormais assurée par un représentant de comte, le viguier.
Sur le plan politique, la capitulation de 1251 marque une rupture dans l'histoire arlésienne.
La mise en place de l'administration comtale
Par la convention passée entre le comte et la ville en avril 1251, Arles perd ses consuls remplacés par le viguier et les fonctionnaires comtaux. Le nouveau comte met également rapidement en place une administration tatillonne et fait procéder à l'examen des droits de propriété des grandes familles et des communautés.
Un nouveau centre politique : l'Italie
Mais la Provence n'est qu'une étape pour l'ambitieux comte Charles. Une fois son pouvoir affermi, Charles d'Anjou se lance en 1265 à la conquête du royaume de Naples grâce au soutien de la noblesse provençale au sein de laquelle la famille des Porcellets se distingue. Le , il s'embarque à Marseille. Une grande partie de la noblesse arlésienne l'accompagne : Raymond, Bertrand et Barral des Baux, Guillaume de Porcelet, Bertrand et Richard d'Allamanon, Jacques et Rostang de Gantelmy et Feraud de Barras. De même, quelques années plus tard, en 1283, lorsque Charles doit choisir 100 chevaliers, treize sont arlésiens.
/voir impact de l'aventure italienne pour Arles/
Ainsi, la noblesse arlésienne autrefois fière et jalouse de ses prérogatives, se transforme et va désormais rechercher les honneurs, rentes et carrières auprès du comte. Arles et la Provence vont alors perdre progressivement le rôle central qu'ils avaient jusqu'alors dans les affaires comtales désormais accaparées par l'Italie.
La convention passée entre le comte et la ville en avril 1251, marque l'entrée de la ville dans une nouvelle phase de son histoire placée sous le double signe de la soumission à la nouvelle dynastie comtale (3e dynastie comtale de Provence ou Ire dynastie d'Anjou des comtes de Provence) et de la défense de ses privilèges.
La mise en place de l'administration comtale
Le nouveau comte met rapidement en place une administration tatillonne et fait procéder à l'examen des droits de propriété des grandes familles et des communautés.
La ville perd ses consuls remplacé par le viguier et les fonctionnaires comtaux. L'administration comtale siège au Palais du Podestat, au cœur de la Cité. Comme dans tous les chefs lieux de Viguerie, on trouve à la tête de cette administration le viguier, c'est-à-dire le représentant du comte qui veille à la conservation des droits et possessions du comte, convoque et préside les assemblées générales des habitants et les réunions du conseil municipal, assure le rôle de capitaine de la ville chargé de sa défense (jusqu'en 1368). Il est assisté par un sous-viguier. La justice est assurée par un ou plusieurs juges et les finances du comte sont gérées par un clavaire. Quatre notaires et plusieurs sergents complètent cette administration.
Le contrôle des grandes familles
La mainmise du comte se fait essentiellement au détriment des grandes familles arlésiennes dont les droits sont vérifiés et la plupart des revenus fiscaux confisqués. Ainsi les Porcelet perdent une grande partie des leusdes et péages du Vieux-Bourg. De manière plus générale la justice seigneuriale, et ses revenus associés -amendes et biens saisis-, s'efface devant celle du comte. Les énormes profits du sel disparaissent avec la mise en place de la gabelle et la concurrence de nouvelles pêcheries construites par les officiers royaux nuit aux bourdigues des grandes familles. Bref, toutes ces réquisitions assèchent les finances de la noblesse, même si le comte sait distribuer les produits de sa nouvelle fiscalité, et réduisent à la fois la puissance et l'autonomie de l'aristocratie provençale.
Mais des mesures modérées vis-à-vis de la communauté
Jouissance des biens
Si cette convention souligne la puissance du prince désormais propriétaire de tous les biens communaux, elle en laisse en grande partie, en fonction des statuts particuliers de la ville, la jouissance à la communauté. Il y a donc dans cette convention des germes d'une possible transformation des rapports entre la ville et le comte et les arlésiens argueront constamment de ce statut de terre adjacente au comté pour travailler pendant plus de deux siècles à l'élargissement de leurs privilèges.
Défense des privilèges
En 1251, le comte a tout et la ville n'a rien si ce n'est quelques privilèges qu'elle s'emploie à défendre âprement. Les arlésiens entendent que ces privilèges soient respectés, notamment dans les domaines suivants : les qualifications des officiers royaux, le bon fonctionnement de la justice, la protection du territoire communal, la conservation des avantages fiscaux acquis, le statut des juifs locaux… Ces privilèges sont soigneusement consignés dans les statuts de la ville et systématiquement défendus chaque fois que les officiers comtaux ne les respectent pas.
L'épiscopat de Jean Baussan marque un tournant dans l'histoire de la ville d'Arles : à la suite des troubles de 1234-1237 puis surtout de ceux de 1245-1250, l'archevêque qui a demandé l'aide du comte de Provence dans son conflit avec le pouvoir urbain, perd la plupart de ses prérogatives temporelles sur la ville.
L'arrivée des ordres mendiants
Dans ce contexte politico-religieux, les classes populaires arlésiennes sensibilisés à une vie religieuse plus respectueuse de l'évangile deviennent plus exigeantes sur la moralité du clergé et accueillent avec ferveur les nouveaux ordres mendiants qui s'installent en nombre dans la ville. Les Trinitaires sont présents dès 1200 au Méjan où ils établissent leur monastère ; viennent ensuite les Franciscains en 1218 et les Dominicains en 1231 qui s'installent sur une vigne située hors des murs au nord-est de la ville. Les Augustins et les Frères du sac y sont mentionnés un peu plus tard, au début de la seconde moitié du siècle.
Jacques de Molay, le grand maître des Templiers tient une réunion de l'ordre à Arles en 1296
Quelques avantages
Selon l'historien arlésien Anibert, cette soumission, :
La ville reçoit d'abord des compensations économiques et des privilèges administratifs, judiciaires et fiscaux. Charles d'Anjou réalise aussi la cohésion pacifique de ses différents quartiers en lutte depuis des années pour la possession du Méjan, sous une seule juridiction appliquée désormais à l'ensemble de la cité à l'intérieur d'une enceinte commune.
La prospérité économique
Enfin, sur le plan économique la prospérité continue, probablement favorisée à la fin du siècle par la paix et la sécurité apportées par la première dynastie d'Anjou. Ainsi à la fin du siècle, Arles qui s'étend et englobe de nouveaux quartiers dans une enceinte agrandie, arrive à son optimum démographique du Moyen Âge avec une population d'environ 15 000 habitants. Signe de son importance, la ville possède en 1300 15 églises dont 14 intra-muros, soit plus que n'importe quelle ville de Provence.
Liens renforcés avec la couronne de France ; implications plus grandes avec les évènements touchant la couronne de France : croisades, guerre de cent ans, ..; changement d'alliances : les aragonais autrefois alliés, deviennent des ennemis; aventures italiennes ;....
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