L’affaire des marchés publics d’Île-de-France ou affaire des marchés truqués des lycées d’Île-de-France est un dossier emblématique des dérives du financement des partis politiques dans les années 1990.
Affaire des marchés publics d'Île-de-France | |
Lieu | Île-de-France |
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Cette affaire politico-financière française porte sur le financement, par les marchés de construction et d'entretien des lycées, des grands partis politiques français : RPR, PR, PS, PCF, organisés en cartel. Les montants détournés aux frais du contribuable francilien se chiffrent à plusieurs dizaines de millions d'euros (300 à 600 millions de francs), soit 2 % du montant des contrats.
Chargé des lycées depuis les premières lois de décentralisation, le conseil régional dirigé par le RPR, et dont le président est Michel Giraud, engage, entre 1988 et 1997, 24 milliards de francs de travaux de rénovation, extension et construction dans 471 établissements. Sur ces montants, il est prélevé 2 % de « commissions occultes », que se partagent les grands partis politiques, au prorata de leur représentation à l'assemblée régionale (0,8 % pour la gauche et 1,2 % pour la droite).
Selon l'accusation, les entreprises qui se voient attribuer des marchés de construction des lycées d'Île-de-France doivent reverser 2 % de leurs montants aux partis suivants : RPR, PS, Parti républicain. La plus grosse part (1,2 %) du « racket » revint au RPR, alors dirigé par Jacques Chirac, secondé par Michel Roussin.
En cinq ans, pour la seule période comprise entre 1990 et 1995, le RPR recevra 53 millions de francs. Le PS arrive en deuxième position, avec 46,7 millions, suivi du Parti républicain (32,6 millions) et du PCF (21 millions). Soit, au total, près de 200 millions de francs versés par les grands groupes : Bouygues, Eiffage, Spie Batignolles, Suez et Générale des eaux.
Seuls les Verts à l'origine de la plainte et le FN n'ont pas participé à ce détournement.
L'un des volets de ce dossier concerne les voyages payés en espèces par Jacques Chirac (Affaire des billets d'avion de Jacques Chirac). La justice soupçonne que l'argent liquide ayant servi à régler les billets d'avion (pour un montant de 3,1 millions de francs) puisse provenir de versements en espèces des commissions occultes versées par les entreprises de BTP attributaires des marchés publics, ce qui serait un abus de biens sociaux.
Jacques Chirac affirme que cette somme, qui n'apparaît pas dans sa déclaration de patrimoine, provient des fonds spéciaux conservés lorsqu'il était Premier ministre. Aucun lien n'a pu être établi entre ces espèces et l'argent de la corruption des marchés d'Île-de-France.
Selon le procureur Jean-Pierre Dintilhac, rien ne s'opposait à une audition de Jacques Chirac comme témoin assisté dans cette affaire. Cependant, selon un arrêt de la Cour de cassation, les tribunaux ne peuvent examiner les investigations menées sur les voyages payés en espèces par Jacques Chirac pour plusieurs millions de francs, qui avaient motivé en 2001 l'interrogatoire par les juges d'instruction de plusieurs proches du chef de l'État, dont sa fille Claude Chirac,.
Le chef de l'État, qui bénéficie d'une immunité pénale pendant la durée de son mandat, n'a jamais commenté en détail le dossier, expliquant simplement en 2000 qu'il ne « pouvait pas croire » à une corruption impliquant droite et gauche.
L'affaire est instruite par les juges Armand Riberolles et Marc Brisset-Foucault à partir de 1997.
Le , Michel Roussin, ancien ministre RPR et ancien directeur du cabinet de Jacques Chirac à la Mairie de Paris, est incarcéré, tandis que Louise-Yvonne Casetta, ancienne trésorière officieuse du RPR, est mise en examen,. Michel Roussin est libéré sous caution et placé en liberté sous contrôle judiciaire le .
Le , le juge Armand Riberolles signe l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel à l'encontre de Michel Roussin et 46 autres personnes. Dans son ordonnance, Jacques Chirac est évoqué a plusieurs reprises, mais le juge ne peut pas poursuivre le président de la République qui est protégé par son immunité.
Onze personnes comparaîtront dans un procès en appel à partir du .
Une cinquantaine de personnes sont renvoyées devant le tribunal correctionnel de Paris. Le procès en première instance se termine le mercredi . Sur les 47 prévenus, dont beaucoup de chefs d'entreprise, 4 sont relaxés et 42 sont condamnés à des peines de sursis allant de six mois à quatre ans. 14 feront appel.
Onze personnes comparaissent dans un procès en appel à partir du . Dans la grande majorité, les condamnés ont renoncé à faire appel, comme l'ancien président du conseil régional Michel Giraud, l'ancien trésorier du Parti républicain Jean-Pierre Thomas et Gérard Peybernès, ancien président de l'association nationale de financement du PS.
Le procès doit s'étaler sur cinq semaines, jusqu'au , à raison de deux jours d'audience par semaine en moyenne.
L'audience d'appel survient après la nomination par Jacques Chirac le d'un de ses anciens conseillers, Laurent Le Mesle, au poste de procureur général de Paris. Ce magistrat ne sera pas physiquement présent à l'audience mais sera en position de dicter les réquisitions au magistrat chargé du procès.
Le , la cour d’appel de Paris confirme les condamnations prononcées en par le tribunal de grande instance de Paris à l’encontre de dirigeants des sociétés Bouygues Bâtiment, CBC Île-de-France, Dumez Île-de-France, Fougerolle, GTM (Grand Travaux de Marseille), Nord France, SAEP, SCGPM et SPIE. Michel Roussin a été condamné en appel à quatre ans de prison avec sursis, 80 000 euros d’amende et quatre ans d’inéligibilité pour « complicité de corruption ». Les pourvois formés par Louise-Yvonne Casetta et François Donzel sont également rejetés.
En , le Conseil de la concurrence a infligé une amende de 47,3 millions d'euros à 12 entreprises dans le cadre du dossier concernant cette entente illicite.
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